Kaamelott : premier volet – d’Alexandre Astier – 2021
Alexandre Astier a un univers qui lui est propre. Un style, même, qui repose essentiellement sur les dialogues et la manière de les dire. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il y a des acteurs qui font naturellement partie de sa famille, au-delà de sa vraie famille de sang, très présente devant sa caméra. Alain Chabat et le professeur Rollin en sont bien sûr, à qui on doit quelques-uns des meilleurs moments du film. Pour d’autres, comme Sting, Antoine de Caunes ou Guillaume Gallienne, c’est nettement moins évident. Et là apparaît la principale limite.
Aussi méritants soient-ils, l’intention ne suffit pas pour s’approprier les mots d’Astier, grand démiurge dont on imagine qu’il écrit tous les dialogues comme s’ils étaient fait pour lui-même. Quand il trouve de vrais alter-egos, c’est souvent franchement réjouissant, vif et drôle. Dans le cas contraire, l’écriture semble avoir quelque chose d’une mécanique trop bien huilée, qui ne surprend plus vraiment. C’est la limite du film, qui en amène une autre plus large : Alexandre Astier s’est offert un gros casting et de gros moyens pour le premier long métrage dérivé de sa série. Mais c’est quand il renoue avec les fondamentaux que son film est le plus réussi.
La fatigue d’Arthur (Astier lui-même), la tendresse vacharde de ses relations avec Guenièvre, et surtout l’hilarante idiotie de Karadoc et Perceval… Astier retrouve et prolonge les meilleurs aspects de Kaamelott la série, et c’est ce qui donne les moments les plus forts et les plus drôles de Kaamelott le film. Astier affirmait depuis des années que son film serait très différent de la série, et qu’il ne se plierait pas aux attentes des fans. Certes il y a une ambition plus grande, une narration plus maîtrisée, une autre dimension. Mais si on prend, finalement, tant de plaisir à voir Kaamelott, c’est parce qu’il réussit à tenir sur près de deux heures l’esprit décalé que la série offrait en quelques minutes.