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Archive pour la catégorie 'WEIR Peter'

Le Cercle des Poètes disparus (Dead Poets Society) – de Peter Weir – 1989

Posté : 6 novembre, 2024 @ 8:00 dans 1980-1989, WEIR Peter | Pas de commentaires »

Le Cercle des Poètes disparus

« Émouvant, drôle, triste… Un de mes cinq films préférés », écrivais-je à la sortie du film, alors que je tenais déjà un blog cinéma. Oui, début 1990, il y avait déjà des blogs, mais ils étaient en papier, on appelait ça des cahiers, et ça ne sortait pas de ma chambre de jeune ado de 13 ans. Je me souviens aussi que c’est dans un magnifique cinéma de province à l’ancienne que j’ai vu ce film, comme beaucoup d’autres à l’époque : une immense salle avec balcon et rideau, et un vaste hall plein de photos et affiches de cinéma…

Toute nostalgie mise à part, cette intro pour dire que la cinéphilie a énormément changé depuis la sortie triomphale du film de Peter Weir. Le Cercle des Poètes disparus marquerait-il autant la jeunesse s’il sortait aujourd’hui, à l’heure des multiplexes et du streaming ? Pas sûr. Et pourtant, le montrer à mes enfants ados est une expérience particulièrement réconfortante : parce qu’ils en sont tous les trois (12 à 19 ans) sortis, chacun à leur manière, marqués par la puissance émotionnelle du film.

Qui reste intacte, trente-cinq ans après, confirmant que Peter Weir est bien un cinéaste majeur de cette époque, dont le classicisme discret empêche souvent de prendre toute l’ampleur de son talent : une mise en scène élégante et sans la moindre esbroufe, totalement au service de l’histoire, du rythme et de l’émotion. Ici, la réussite du film repose sur un parti pris fort : montrer l’âpreté d’une société rigide et liberticide par le seul regard des élèves d’une « prépa » d’élite.

Du Cercle des Poètes disparus, on retient surtout la belle prestation toute en retenue de Robin Williams, dans l’un de ses plus beaux rôles : celui d’un enseignant qui apprend à ses élèves à penser par eux-mêmes, dans un collège dont les vertus principales reposent sur la discipline et l’obéissance. Il est certes formidable, mais reste constamment ou presque dans une position d’observateur. Les personnages principaux, ce sont les élèves, groupe hétérogène de personnalités bien marquées.

L’intello, le timide, le rebelle, le flamboyant… On serait presque dans une étude de cas, qui résumerait en un petit microcosme la richesse de l’humanité et la singularité de l’être humain, et particulièrement des jeunes dans une société patriarcale où le libre arbitre n’existe pas. Le sujet du film reste d’ailleurs totalement d’actualité. Son message aussi. Et bien plus que le « Carpe diem » qu’on retient souvent, il est question de libre-arbitre, comme le résume le prof Keating/Williams dans une scène simple et belle, lorsqu’il invite ses élèves à marcher dans la cour.

Le film a aussi révélé quelques jeunes talents très prometteurs, dont Ethan Hawke, dont la timidité et la flamme étouffée m’avaient alors fait l’effet d’un révélateur. Comme John Keating reste le professeur qui m’a le plus marqué… Bref, peut-être Le Cercle des Poètes disparus est-il plein de défauts, mais il y a des films qu’on est simplement incapable de regarder avec un regard neuf, quel que soit le moment où on le revoit.

The Truman Show (id.) – de Peter Weir – 1998

Posté : 19 février, 2020 @ 8:00 dans 1990-1999, WEIR Peter | Pas de commentaires »

The Truman Show

The Truman Show, c’est d’abord un scénario génial, signée Andrew Niccol, que le film lance comme un espoir bien excitant qui tiendra toutes ses promesses dans la décennie suivante (de Bienvenue à Gattaca à Lord of War), avant de se perdre dans le nanar tendance new age (Les Âmes vagabondes).

C’est aussi le talent de Peter Weir, cinéaste au style aussi modeste que percutant, qui sait comme personne mettre de l’intimité dans des sujets amples. Et celui-ci ne manque pas d’amplitude.

C’est, enfin, Jim Carrey, clown génial devenu acteur génial, en partie grâce à ce rôle, où ses mimiques puériles servent magnifiquement ce personnage aussi attachant que touchant.

Truman, ce « héros » quotidien dont la vie est suivie sans qu’il le sache par des millions de téléspectateurs, c’est le symbole de l’innocence volée, de la spontanéité perdue. Ce type dont la vie fascine et passionne n’a pourtant rien d’exceptionnel… si ce n’est le fait d’être filmé dans son quotidien le plus banal.

The Truman Show est une belle critique de la télévision, et de la fascination pour les images. C’est aussi la preuve, hélas, que la fiction, aussi pertinente soit elle, n’est pas capable d’éviter le pire. Le film annonce la télé poubelle des vingt ans à venir, avec une triste acuité.

C’est une sorte de feel good movie que signe Peter Weir, mais empreint d’une ironie cruelle et cynique.

Mosquito Coast (The Mosquito Coast) – de Peter Weir – 1986

Posté : 2 juillet, 2018 @ 3:03 dans 1980-1989, FORD Harrison, WEIR Peter | Pas de commentaires »

Mosquito Coast

Après l’excellent Witness, Peter Weir et Harrison Ford rempilent pour ce beau film d’aventures et d’obsession, qui fut l’un des seuls échecs publics de Ford durant cette décennie incroyable pour lui (deux Star Wars, trois Indiana Jones, un classique absolu de la SF, jetez donc un œil à sa filmo). Échec injuste, ne serait-ce que pour l’acteur, dont la prestation est l’une de ses plus intenses.

Américain moyen un peu lunaire, père de famille et inventeur du dimanche, révulsé par la société capitaliste et ses pièges dont il veut se défaire radicalement, il embarque sa femme, ses enfants et une machine de son invention qui fait de la glace sans électricité, direction la forêt vierge où il a acheté une « ville » perdue au cœur de la jungle. Et où il s’emploie à construire une machine à glace géante, qui domine cette micro-société comme une espèce de dieu omnipotent.

Cette aventure a tout du voyage obsessionnel, une sorte d’Apocalypse Now familial qui ne prend jamais le spectateur dans le sens du poil. La symbolique n’est pas légère : plus la famille s’enfonce profondément dans la jungle, plus le père s’enferme dans la folie et l’obsession. Mais Weir est un excellent réalisateur, qui sait tirer le meilleur parti de ses décors (naturels), et qui sait surtout filmer des personnages dans toute leur complexité.

Ford est extraordinaire, donc, mais le pivot du film, c’est son fils, joué par la comète River Phoenix (qui jouera Indy jeune dans La Dernière Croisade), tantôt acteur, tantôt spectateur impuissant au regard bouleversé et bouleversant. Jusque dans ses imperfections, avec ses quelques lenteurs et ses outrances, Mosquito Coast est un film fascinant et déchirant.

Witness (id.) – de Peter Weir – 1985

Posté : 23 avril, 2017 @ 8:00 dans * Thrillers US (1980-…), 1980-1989, FORD Harrison, WEIR Peter | Pas de commentaires »

Witness

C’est un film d’une grande délicatesse que réussit Peter Weir, avec ce faux polar qui s’intéresse à une communauté rarement évoquée au cinéma : les Amish, et leur mode de vie qui semble ne pas avoir changé depuis le 19e siècle. Weir évite soigneusement tous les clichés qui lui tendaient les bras avec cette communauté à l’imagerie si pittoresque, qui attire d’ailleurs des touristes plus caricaturaux que les Amish eux-mêmes.

Mieux : le cinéaste évite de tomber dans un angélisme béat. Le mode de vie des Amish, l’importance du travail manuel, la force de la communauté… Cette vie si anachronique éveille une douce nostalgie, l’envie d’une existence différente, plus simple, plus pure, plus honnête. Un vrai chant d’amour pour cette culture en dehors du temps. Mais en même temps, Weir n’atténue rien des limites de ces choix : de cette volonté de ne rien savoir des autres, de cette méfiance vis-à-vis de l’étranger…

Mais c’est dans les scènes quotidiennes que Witness est le plus beau. Dans cette magnifique séquence de travail collectif autour de la construction d’une grange notamment, d’une beauté à couper le souffle. Ou lorsque le flic échoué là redécouvre le travail du bois. Oui, parce qu’il y a un flic, que joue avec beaucoup de nuances et de sensibilité Harrison Ford, symbole de ce monde extérieur plein de violence.

On sent bien que Weir ne s’intéresse pas vraiment à son intrigue policière, et à ses flics ripoux (parmi lesquels Danny Glover) très caricaturaux. Toutes les séquences intermédiaires urbaines, rapidement expédiées, sont d’ailleurs, et de loin, les plus faibles du film. Le réalisateur ne leur accorde visiblement aucune importance, et il a bien raison : cette intrigue n’est qu’une manière de justifier l’irruption de ce flic honnête dans le quotidien des Amish.

Et l’histoire d’amour avec l’une d’entre eux, jouée par Kelly McGillis, terriblement émouvante dans un rôle quasiment muet. Entre Harrison Ford et elle, il y a d’évidence une attirance folle, un amour qui ne demande qu’à exploser (et qui le fait lors d’une courte scène sublime dans le crépuscule), mais aussi un fossé infranchissable. Deux univers radicalement différents qui se découvrent mais savent qu’ils sont incompatibles. Et c’est magnifique.

 

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