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Burning (hangeul) – de Lee Chang-dong – 2018

Posté : 25 octobre, 2018 @ 8:00 dans * Polars asiatiques, 2010-2019, LEE Chang-dong | Pas de commentaires »

Burning

Un jeune homme, tout juste diplômé, rêve de devenir écrivain. Désœuvré, sans emploi, il revient dans son village natal. Non, ce n’est pas Le Poirier sauvage (enfin si, c’est Le Poirier sauvage, mais pas là), mais Burning, autre film très remarqué au dernier festival de Cannes et oublié par le jury (mais pas par la critique internationale, qui lui a décerné son prix).

Des oublis injustes ? Oui en ce qui concerne le très beau film de Nuri Bilge Ceylan. Peut-être en ce qui concerne celui de Lee Chang-dong. Certes, la mise en scène, discrète et immersive, est d’une classe folle, et il y a bien quelques moments de grâce (la « danse » de Haemi, en ombre chinoise). Mais il faut du temps pour que le film prenne son sens : passer une longue première partie qui semble franchement pleine de vide.

On comprend bien que le cinéaste n’a pas envie d’enjoliver la Corée du Sud. De là à ne filmer que des campagnes jonchées de gravas et de serres abandonnées et laides, ou des quartiers un peu miteux… On n’est parfois pas très loin de la complaisance, même si le message est, effectivement, bien passé : la Corée est un pays qui ne se porte pas très bien, et qui n’offre pas grand-chose de séduisant à ses jeunes.

Entre les pauvres qui errent sans buts, les riches qui s’ennuient, et ceux qui souhaitent ne jamais avoir exister, le portrait est rude. Mais à l’inverse du héros turc de Ceylan, celui de Lee est un taiseux, qui traverse la vie comme un fantôme. Et comme, au début, il est seul la plupart du temps, c’est un peu lourd.

Quand il ne l’est plus (seul), c’est tout aussi lourd, mais cela devient au moins tendu et dérangeant. La rencontre de deux mondes dans une sorte de triangle amoureux un rien malsain bouscule et fait naître un malaise grandissant et persistant. Surtout que la jeune femme disparaît sans laisser de trace, et que les doutes et les soupçons hantent le pauvre Jongsu, reconfronté à la vacuité de sa vie.

C’est là que le film est le plus réussi, dans sa veine la plus hitchcockienne, référence clairement citée lors d’un plan incroyable où l’on voit Jongsu se mettre enfin devant son ordinateur, la caméra le cadrant dans une fenêtre comme perdue dans la ville. Ce simple plan, esthétiquement impressionnant, est un tournant (tardif), qui fait basculer le film, et son héros, dans une autre dimension.

Lee Chang-dong ne facilite pas la tâche, évitant constamment tout effet facile ou tout ce qui pourrait apparenter Burning à un film de genre. Austère le plus souvent, séduisant par intermittence, le film marque en tout cas les esprits. Comme la disparition de Haemi, il nous hante durablement.

 

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