La Chasse aux visages pâles (Apache Territory) – de Ray Nazarro – 1958
C’est fou le monde qu’il y a, dans ce désert. Rory Calhoun y chevauchait tranquillement, philosophiquement sur la destinée de l’homme seul en voix off, dans une très belle scène pré-générique. Mais le calme qui l’entoure ne va pas durer : en quelques minutes, notre cow-boy croise la route de trois voyageurs, d’une bande d’Indiens assoiffés de sang, d’une jeune femme ligotée, d’une poignée de soldats de la cavalerie, d’un gentil indien, et même de son ex accompagnée de son nouveau fiancé, tous deux en route pour prendre la diligence…
Et oui, tout ça en quelques minutes à peine, le temps pour Nazarro de créer le microcosme au cœur de son film. C’est que le temps lui est compté : moins d’une heure dix pour raconter cette histoire d’un petit groupe d’hommes et de femmes pris d’assaut par les Apaches au milieu du désert. Alors c’est vrai, il ne fait pas beaucoup d’effort pour apporter un sentiment de véracité à son film : seule compte l’efficacité, et tant pis si cette convergence de tous les personnages prête à sourire. Parce que l’efficacité est bien au rendez-vous.
C’est dense, ramassé, réduit à sa forme la plus simple. Apache Territory est un western sans gras, mais avec une vraie originalité de ton, et qui s’autorise quelques moments inattendus : un long suspense autour d’un gros varan bien dégueulasse se glissant dangereusement au plus près de Calhoun ; ou une attaque à coup de bombes improvisées… Des curiosités qui viennent confirmer la singularité de ce chouette petit western.
Face à Rory Calhoun, deux habitués des bad guys : Leo Gordon et John Dehner, toujours très bien, même quand il s’agit comme ici de jouer des sales types sans trop de nuances. Ce n’est d’ailleurs pas dans la nuance que se trouve l’intérêt du film : Rory Calhoun est un vrai héros, les Indiens sont des vrais méchants (et pas futés), et les vrais couples survivront. Sans grande surprise ? Peut-être, mais efficace et très sympathique.