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Archive pour la catégorie 'BAVA Mario'

Duel au couteau (I coltelli del vendicatore) – de Mario Bava – 1965

Posté : 8 juillet, 2020 @ 8:00 dans 1960-1969, BAVA Mario | Pas de commentaires »

Duel au couteau

Prenez Les Vikings de Richard Fleischer, prenez le Shane de George Stevens, mettez tout ça dans un shaker made in Italy, secouez bien, demandez à Mario Bava de servir, et vous obtiendrez, avec un peu de chance, quelque chose d’aussi enthousiasmant que ce Duel au Couteau, grand moment du film de genre à l’italienne.

« Film de genre à l’italienne », c’est-à-dire revisite de genres souvent typiquement américains. En l’occurrence le film de Vikings. Ou le western. Le film de Vikings à la mode western, disons. Mais c’est Bava qui réalise, un Bava au sommet de son talent, plus inspiré que jamais. Le scénario, qui doit aussi à la tragédie antique, est aussi simple qu’intense ? Sa mise en scène le magnifie, avec une virtuosité et, oui, une intensité remarquables.

Et quitte à devoir réutiliser le mot « intense », le moindre de ses plans, hyper dessiné et hyper percutant, rajoute à cette intensité en jouant sur la profondeur de champs, isolant un visage au premier plan en l’opposant au cadre qui l’entoure. Du De Palma avant l’heure avec une touche de John Carpenter. Un grand réalisateur, qui tire le meilleur de son manque de moyen : jamais ce manque de moyen ne vient amoindrir la force des images.

Cameron Mitchell, minéral et massif, est formidable (oserais-je dire intense ?) dans le rôle de ce voyageur mystérieux qui prend sous son aile la femme et le fils d’un roi disparu en mer. Un homme au passé chargé, forcément, confronté à son destin et qui ose rêver à un avenir dont on sait qu’il n’est pas pour lui.

Les scènes d’action sont superbement filmées, souvent en clair-obscur avec une utilisation très dynamique des décors. Mais si le film est si réussi, c’est que Bava sait ménager de longs moments apaisés, qui donnent de l’épaisseur à des personnages qui ne sont lisses qu’en apparence.

Le cinéma de genre italien n’est pas toujours hyper fin. Mais de ce niveau, ce cinéma si référencé se hisse à la hauteur de ses modèles. Avec un style fou, une certaine élégance… et une belle intensité.

L’Espion qui venait du surgelé (Le Spie vengono dal semifreddo) – de Mario Bava – 1966

Posté : 17 avril, 2015 @ 6:56 dans 1960-1969, BAVA Mario, FANTASTIQUE/SF | Pas de commentaires »

L'Espion qui venait du surgelé

Un titre pareil pour un film signé Mario Bava avec Vincent Price… Difficile de ne pas être intrigué ! Bon, une chose est sûre : ni Bava, ni Price n’ont jamais revendiqué cette parodie de films d’espionnage (on est en pleine Bondmania) comme étant l’un des fleurons de leurs riches filmographies respectives. On les comprend.

Cette chose improbable, foutraque et lourdingue, est sans doute représentative de tout un pan du cinéma bis italien des années 60. Loin de moi l’idée de lui enlever tout intérêt socio-historique… Mais quand même, faut bien reconnaître que c’est du grand n’importe quoi. Une sorte d’OVNI hallucinant où Vincent Price fabrique des bombes sexuelles (dans tous les sens du terme) à la chaîne, où un officier militaire se laisse berner par un barbu déguiser en nonne, où les personnages se lancent dans des apartés face caméra, où une montgolfière prend en chasse et aborde un avion bombardier…

Ce pourrait être drôle finalement, et ça devient plutôt amusant lorsque Bava se met enfin à assumer l’aspect burlesque de son film, qui se transforme en hommage au cinéma muet avec cartons qui remplacent les dialogues, lors d’une course-poursuite délirante dans un parc d’attraction. Mais la plupart du temps, c’est juste lourdingue, l’essentiel des gags étant assurés par Franco et Ciccio, un tandem comique qui a connu son heure de gloire en Italie, mais dont l’humour me reste totalement obscur : des grimaces, un brin de vulgarité, et des improvisations clownesques qui tombent systématiquement à plat.

Quant à la « patte Bava », son sens unique de l’image, il est ici méconnaissable. Son film est visuellement plat et assez laid, et on sent bien que le réalisateur de Duel au couteau et du Masque du Démon s’est rapidement désintéressé de cette obscure production, née d’une double ambition : donner une suite à Dr. Goldfoot and the Bikini Machine, un petit film américain qui avait connu un beau succès… et donner une suite à Due Mafioso contro Goldginger, qu’avaient commis le Franco et Ciccio peu avant.

D’où l’impression d’assister à deux films différents : l’un autour de Goldfoot, toujours interprété par Price, et l’autre autour des deux idiots. Il existe d’ailleurs deux versions du film. La version « originale » italienne (que je n’ai que survolée) donne la part belle à Franco et Ciccio, et à leurs interminables gags. Pour la sortie américaine, les producteurs ont proposé un montage très différents (celui que j’ai vu), coupant des scènes entières des deux comiques et replaçant Vincent Price au centre du film.

Surtout, cette version américaine redonne de l’importance à la jeune Laura Antonelli, en passe de devenir une star. Fâchée avec sa starlette sur le tournage, Bava avait coupé beaucoup de ses scènes. Le montage US lui redonne un rôle important. Pas bête : sublime, Antonelli passe la plus grande partie du film en bikini, laissant apparaître une anatomie parfaite. De quoi supporter l’inanité du projet…

* Artus Films a réservé une très belle édition à cette curiosité, avec un double DVD qui regroupe les deux montages en VO (mais aussi deux doublages français différents pour la version US) dans un très bel écrin de sa collection Cine Fumetti. Et un bonus passionnant : une présentation du film par Eric Peretti, qui revient avec érudition et clarté sur la genèse improbable du film et de ses deux versions.

La Planète des Vampires / Terreur dans l’espace (Terrore nello spazio) – de Mario Bava – 1965

Posté : 7 août, 2014 @ 2:59 dans 1960-1969, BAVA Mario, FANTASTIQUE/SF | Pas de commentaires »

La Planète des vampires

Premier film de science fiction « officiel » de Mario Bava (qui, apparemment, a déjà réalisé deux films du genre signé par d’autres : Le Danger vient de l’espace de Paolo Heusch et Caltiki de Ricardo Fredda, deux films dont Bava était le chef opérateur), La Planète des Vampires confirme le talent singulier d’un cinéaste qui sait tirer le meilleur parti de moyens souvent très réduits, dans les genres les plus divers.

La preuve : le film est tourné la même année que Duel au couteau, un film de viking sauvage et visuellement splendide, qui est l’une des plus grandes réussites de Bava. Décidément très en forme cette année-là, le cinéaste signe ici un véritable film culte, un peu grotesque à première vue, mais d’une efficacité assez redoutable.

Grotesque, parce que les costumes, les décors et les effets spéciaux évoquent le tout-venant de la SF américaine des années 50, ces minuscules budgets dont des réalisateurs très inégaux se tiraient avec plus ou moins d’imagination (souvent moins). Les premières images du film, d’ailleurs, laissent craindre le pire : le film commence dans une sorte de hangar dépouillé qui figure en fait l’intérieur d’un vaisseau spatial, où des voyageurs aux costumes improbables s’occupent comme ils peuvent devant des objets dont visiblement ils ne savent pas quoi faire…

Mais Bava a une vraie vision de cinéaste. Et il sait tirer le meilleur de ce qu’il a sous la main. Des décors en carton-pâte, il fait un environnement hostile en jouant sur la profondeur de champ et les différences d’échelles. De son budget trop contraignant, il fait un atout en jouant sur le hors-champs et l’imagination du spectateur.

Le résultat est un film parfois amusant, souvent effrayant, qui a très certainement inspiré Ridley Scott pour son Alien, dont la mythologie est une sorte de copier-coller de La Planète des Vampires. Mais ce n’est pas tout : la paranoïa omniprésente (les personnages sont-ils vraiment ce qu’ils prétendent être, ou sont-ils devenus les hôtes des créatures extraterrestres invisibles ?), digne descendante de classiques du genre comme L’Invasion des profanateurs de sépulture, semble aussi avoir largement inspiré Carpenter pour The Thing.

On ne criera pas au chef d’œuvre : cheap et bourré de clichés, La Planète des Vampires reste dans le domaine du cinéma bis. Mais c’est du bis culte et efficace, qui se voit avec un vrai plaisir.

• Le film fait partie de la nouvelle collection SF Vintage éditée chez Artus, grand dénicheur de raretés du cinéma de genre. En bonus notamment : une passionnante et érudite présentation par Alain Petit.

 

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