Les Faucons de la nuit (Nighthawks) – de Bruce Malmuth – 1981
En 1981, l’année de sa sortie, Les Faucons de la nuit devait déjà sembler anachronique, tant il fleure bon les années 70. Le look qu’arbore Stallone ne ment pas : manteau en cuir, grosses lunettes et barbe d’une semaine… c’est le flic à la sauce Serpico que tente de retrouver l’obscur réalisateur Bruce Malmuth. Avec un bonheur, disons, mitigé.
Ce n’est quand même pas un hasard si, d’une part, le nom de Malmuth est totalement tombé dans l’oubli, et si ce film demeure largement méconnu, alors que Stallone était déjà une star quand il l’a tourné (c’était aussi l’année de Rocky 3). Plein de bonnes intentions, Les Faucons de la nuit est un film souvent très maladroit, et écrit avec des moufles.
Le scénario ne fait pas grand cas de la vraisemblance, avec ces deux flics bad-ass (Stallone et Billy Dee Williams, qui venait de connaître une gloire éphémère avec L’Empire contre-attaque) qui passent leurs journée à monter des traquenards pour délinquants ; la psychologie des personnages se résume à… rien du tout ; et les principaux rebondissements dramatiques du film sont gâchés par des ficelles énormes (lorsque Stallone propose au boss qu’il ne pouvait pas blairer trois minutes plus tôt d’aller manger chinois lorsque leur opération serait terminée, on comprend tout de suite que le boss en question ne s’en sortira pas).
Il y a pourtant du très bon, dans ce polar urbain qui s’inscrit dans une prestigieuse lignée de classique des seventies (Dirty Harry en tête), et qui pose mine de rien des questions complexes et avant-gardistes : s’interroger, vingt ans avant le 11 septembre, sur les méthodes acceptables à utiliser contre le terrorisme, paraît bien en avance sur son temps. Le fait d’avoir limité l’ennemi à un homme (Rutger Hauer) plutôt qu’à une organisation, ou une « cause », en limite l’impact, mais tout de même…
Visuellement aussi, quelques fulgurances viennent sortir le film de l’anonymat : une poignée d’images jouant habilement sur la profondeur de champs, une séquence nocturne joliment stylisée, ou encore une poursuite dans le métro parfaitement haletante… Mais ces passages franchement passionnants alternent constamment avec des procédés nettement plus discutables. Jusqu’au dénouement final qui, en une poignée de plans (et de secondes), parvient à alterner le meilleur (quelques gros plans joliment tendus) et le grand guignol (le corps qui s’effondre en virevoltant).
Imparfait, Les Faucons de la Nuit reste toutefois une curiosité plutôt recommandable pour les admirateurs de Stallone.