La Dame d’onze heures – de Jean Devaivre – 1948
Dès la séquence d’ouverture, on sent qu’il y a chez Jean Devaivre la même ambition formelle que pour La Ferme des sept péchés, cette envie de bousculer un peu les codes du cinéma. Une volonté que l’on retrouve dans les flash-backs : lorsque la temporalité de l’histoire est bousculée, le point de vue différent est assumé, et les personnages se mettent à parler face caméra. Ce qui pourrait n’être qu’un détail, mais cela donne une vraie originalité au film.
Il ne s’agit pas pour autant de deux films jumeaux. Avec ce film rythmé et plein de vie, Devaivre livre un pur plaisir de cinéma. Crime, mystère, suspense, action, humour… Un film généreux et gourmand, sorte de version live de Tintin, dont certains plans semblent directement tirés (la scène où Paul Meurisse se fait tirer dessus devant une façade parisienne, la nuit dans le parc de la propriété…).
Le film est mené à 100 à l’heure (comme un Tintin) et regorge de rebondissements dont on se moque bien qu’ils soient improbables. D’autant plus que la distribution est éclatante : Pierre Renoir, Palau, ou encore Jean Tissier, qui se plaint de la campagne avec cette réplique définitive : « Ici les animaux sont crus ! »