Charlot fait la noce (A Night out) – de Charles Chaplin – 1915
• Titres alternatifs (VO) : Charlie’s Night out, Charlie’s Drunken Daze, His Night out, Champagne Charlie
• Titres alternatifs (VF) : Charlot en bombe, Le Noceur. En France, le film est initialement sortie en deux parties : la première sous le titre A l’hôtel ou Charlot va se coucher ; la seconde sous le titre Charlot en bombe ou Charlot fait la foce
Chaplin ne fait pas preuve d’une ambition démesurée pour son deuxième film à la Essanay : la star recycle pour l’essentiel des gags qui ont déjà fait leur preuve dans ses précédents courts métrages de la Keystone. Le public veut le voir dans un rôle d’ivrogne ? C’est exactement ce qu’il lui donne, tout au long de cette demi-heure menée sans le moindre temps mort, mais parfois un peu lassante. Charlot a beau aller d’un café à un autre, et changer d’hôtel au milieu du métrage, cette multiplication des décors n’enlève rien au fait que la majeure partie des effets comiques repose sur l’ivresse du personnage.
On ne boude pas son plaisir, d’ailleurs : Chaplin joue l’ivresse mieux que quiconque, et ses gestes mal assurés sont souvent très drôles. Très drôle aussi le côté teigneux du personnage, qui prend autant de plaisir à tourmenter le bellâtre très digne, qu’à envoyer valser son compagnon de beuverie (Ben Turpin et sa tronche pas possible), qui vient pourtant de voler à son secours… Charlot a un sens de l’amitié qui lui est très personnel…
Pour l’essentiel, ce court métrage est un enchaînement de scènes sans réel enjeu dramatique, dans lesquelles Charlot sème la zizanie partout où il passe. Rien de particulièrement mémorable ? Oh si ! C’est dans ce film que Chaplin dirige pour la première l’indispensable Edna Purviance, qui deviendra son interprète de prédilection jusqu’à L’Opinion publique. La belle n’est pas une actrice exceptionnelle, non, mais sa fraîcheur apporte un contrepoint parfait à la tendresse cynique de Charlot…
D’ailleurs, comme le signe d’une alchimie presque magique, toutes les scènes dans lesquelles apparaît Edna sont au-dessus du lot, dans ce film. Comme si sa présence inspirait le cinéaste. C’est le début d’un longue filmographie commune, qui accouchera de pas mal de chef d’œuvre (dont Le Kid), et qui durera huit ans.