Within our gates (id.) – d’Oscar Micheaux – 1920
J’aimerais tellement dire que Within our gates est un chef d’œuvre méconnu qui mérite de retrouver sa place à côté (ou au-dessus) de Naissance d’une Nation, le film de Griffith dont il est une sorte de réponse. Historiquement, c’est d’ailleurs indéniable : le tout premier film réalisé par un noir américain à avoir traversé le temps, un film anti-raciste tourné en réaction au grand œuvre pro-KKK de Griffith. Forcément, on a envie de l’aimer…
Et il y a bien quelques scènes réussies, qui toutes sont d’ailleurs des échos évidents au classique de 1914. Une séquence, terrible, de lynchage, ou une tentative de viol, cette fois par un blanc sur une noire (et sous le portrait de Lincoln). là, l’espace de quelques minutes, le film prend une dimension ample et tragique qui lui va bien.
Mais pour le reste, il faut bien reconnaître qu’Oscar Micheaux a, ici au moins, plus de belles intentions que de vision de cinéaste ; Son drame, gratiné, passe presque exclusivement par les cartons, qui explicitent lourdement ce que l’image montre mal. La faute à une mise en scène le plus souvent statique, et à des comédiens qui, mal dirigés, ne savent pas quoi faire de leurs mains, de leur visage… On est en 1920, mais le film a encore des allures de cinéma primitif, hélas.
Oui, j’aurais aimé l’aimer ce film, aimer sa vedette Evelyn Preer, pionnière du cinéma afro-américain. Mais cette découverte du cinéma d’Oscar Micheaux s’avère bien décevante. Disons qu’il mérite une seconde chance…