Blue Jean Cop (Shakedown) – de James Glickenhaus – 1988
Plus que le film lui-même, c’est la collection DVD qu’il inaugure qui mérite d’être souligné ici. L’éditeur Carlotta, que l’on connaît plutôt pour sa défense du cinéma classique (Sirk ou Cimino ont été particulièrement bien traités par sa ligne éditoriale), réhabilite la série B nanardesque des années 80. Un pari pour le moins inattendu, mais aussi séduisant.
Avec cette « Midnight Collection » que l’on a le droit de prendre au second degrés, Carlotta fait revivre l’âge d’or de la VHS. Jusque dans l’habillage visuel et dans l’interface du DVD, tout rappelle ce qui, pour les jeunes quadra d’aujourd’hui (ma génération, donc), évoque des souvenirs gentiment coupables d’adolescence. Ceux dont la cinéphilie a suivi les mêmes méandres que la mienne auront peut-être de doux relents des pages « vidéo » d’Impact, ou de Mad Movies…
C’est donc avec un petit plaisir régressif que je me glisse Blue Jean Cop dans mon lecteur. Un film que, contrairement à d’autres titres de cette première vague de la collection (comme Maniac Cop), je n’avais pas vu à l’époque. La première impression est celle d’un franc retour en arrière, au cœur d’une décennie pas vraiment réputée pour son bon goût en matière de film de genre… Générique au néon, musique au synthé… ça envoie du lourd et du pas fin.
Pourtant, malgré surtout cette musique horrible et omniprésente (et dont le volume déborde trop souvent sur les dialogues eux-mêmes), Blue Jean Cop est plutôt une bonne surprise. Pour la finesse, on repassera, mais le film aborde des sujets forts avec un certain courage : la corruption des flics, le racisme, la fascination de la violence, à travers cette histoire d’un avocat qui défend un dealer ayant tué un flic peut-être ripoux.
Surtout, le film offre une vision assez édifiante d’un New York encore rongé par la violence et l’insécurité. Une Big Apple totalement dominée par les extrêmes, entre la masse agglutinée dans des rues sans âmes assommées par les enseignes lumineuses omniprésentes, et l’élite dominante Central Park du haut de ses baies immenses.
De bonnes choses, donc, dans un film qui par ailleurs se moque bien de la vraisemblance pour enchaîner les scènes d’action, transformant sans ciller le prudent avocat (Peter Weller, tout juste sorti de l’armure de RoboCop) en cow-boy sans peur, au côté d’un flic si pur qu’il en devient presque abstrait (Sam Elliott, charismatique et pourtant vide). Jusqu’à l’attaque finale d’un avion, si grotesque qu’elle en devient réjouissante. Un savoureux mélange de premier et de soixante-dix-huitième degré…
* Le film inaugure donc en DVD la « Midnight Collection » de Carlotta, hommage à l’âge d’or de la VHS. Seul bonus : la bande annonce originale.