LIVRE : Pierre-Auguste Renoir, mon père – de Jean Renoir – 1962
C’est la première fois qu’un livre consacré à un peintre a droit à une chronique sur ce blog entièrement dédié au cinéma. Et il y a une bonne raison à cela : cette biographie de Renoir est signée par son fils Jean, l’un de nos plus grands cinéastes, et aussi un écrivain à la plume personnelle et enthousiasmante.
Ses mémoires personnelles (Ma vie et mes films), lues il y a bien des années, m’avaient déjà laissé un fort souvenir. Ce livre qu’il consacré à son père, plus de quarante ans après sa mort, témoigne des mêmes qualités : acuité, précision, sens du détail… et de la digression. Parce que Jean Renoir est un homme chez qui on devine un esprit foisonnant.
Son livre est ainsi fait d’allers et retours constants. Une idée en entraîne une autre, sans la chasser. Ce récit d’une vie de peinture n’est au fond que digressions passionnantes, comme lente promenade qui laisserait constamment la place au hasard des découvertes, à la curiosité, et au temps long.
Jean Renoir fait aussi partie de ces cinéastes qui ont une voix. Au sens propre, comme d’autres passionnés comme Bertrand Tavernier. Comme lui, lire Renoir éveille instantanément le souvenir de sa voix et de son phrasé si particulier, de cet accent populaire dont il ne s’est jamais défait, et qui colle merveilleusement avec le portrait qu’il dresse de son père.
Au-delà du peintre, immense, Pierre-Auguste se révèle comme un homme droit, attaché à la simplicité et à la vérité des êtres et des choses. On le découvre avec le regard chargé d’amour d’un fils qui témoigne de ses propres souvenirs, et de ceux qu’il a récoltés directement auprès de l’intéressé, alors que lui était démobilisé suite à une blessure sur le front de la Grande Guerre, et que son père était diminué par la maladie.
Si ce livre a droit à une chronique sur ce blog dédié au 7e Art, ce n’est pas seulement parce qu’il écrit par un cinéaste, mais aussi parce que, au fond, il dit presque autant de Jean que de Pierre-Auguste. On y apprend beaucoup de détails passionnantes sur la vie de ce dernier, ses rencontres (avec Gounod notamment), ses amitiés (avec Monet surtout)… On y découvre aussi en creux les années fondatrices du premier, qui ne deviendra réalisateur qu’après la mort de son père.
C’est beau, et c’est plein de vie.