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Archive pour la catégorie 'O’HARA Maureen'

A l’assaut du Fort Clark (War Arrow) – de George Sherman – 1954

Posté : 14 juin, 2024 @ 8:00 dans 1950-1959, O'HARA Maureen, SHERMAN George, WESTERNS | Pas de commentaires »

A l'assaut du Fort Clark

J’aime bien George Sherman, sa manière gourmande d’appréhender la série B et, souvent, d’invoquer la grande histoire pour ses (innombrables) westerns. Avec un bémol, outre le constat évident qu’il n’est pas, loin s’en faut, de la trempe d’un Ford, d’un Hawks, ni même d’un Dwan ou d’un Boetticher : Sherman est généralement nettement moins inspiré pour ses westerns « indiens » que pour ses westerns « urbains ».

War Arrow, ça n’étonnera personne (en tout cas pas ceux qui savent traduire « arrow »), est un western indien. D’où une certaine appréhension initiale, qui s’efface assez vite devant l’originalité de la situation : dans un territoire ravagé par les attaques incessants des Kiowas, un officier décide de faire appel à une autre tribu, qui fut un peuple de guerriers avant d’être éparpillés par l’armée, les Seminoles.

Des soldats blancs qui se font aider d’Indiens pour combattre d’autres Indiens… L’idée est belle, même si historiquement complètement fausse. Elle apporte en tout cas un éclairage différent sur les Indiens, encore trop souvent cantonnés au seul rôle d’ennemis assoiffés de sang dans le western américain de cette époque, malgré quelques avancées notables, dont La Flèche brisée bien sûr.

Dans le film de Delmer Daves, le personnage de Cochise était interprété par Jeff Chandler, acteur toujours impeccable à défaut d’être enthousiasmant. Ici, il joue le rôle principal, celui de l’officier qui fait appel aux Seminoles, et qui s’oppose au commandant du Fort construit au cœur de ce territoire troublé (et bâti au pied d’une colline… l’architecte a sans doute privilégié la beauté des perspectives à l’efficacité de la défense), et que joue l’excellent John McIntire.

L’autre surprise du scénario vient du fait que l’opposition des deux officiers doit moins à l’utilisation des Seminoles qu’à une simple jalousie autour d’une belle veuve, interprétée par une Maureen O’Hara très souriante pour une veuve. Souriante, mais pas très attachante finalement, laissant planer le doute sur ses véritables sentiments : est-elle sous le charme de Chandler, ou le manipule-t-elle pour gagner son billet de retour vers Washington et la civilisation ?

Son personnage n’est au final pas si différent de la fille du chef Seminole, que joue Suzan Ball, étoile filante dont le début de carrière prometteur (on l’a vue chez Walsh et Boetticher) s’est fracassé contre un cancer qui l’a emportée à 22 ans seulement… Face à l’habituellement incandescente Maureen O’Hara, c’est elle qui apporte de la vie et de l’audace au film.

Cela dit, les personnages ne sont guère convaincants, et c’est dans sa manière de filmer les acteurs dans les vastes paysages, et les scènes d’action, que Sherman convainc surtout. Là, son savoir-faire, sa manière de soigner ses cadres et de mêler une certaine légèreté à la gravité des situations, touchent leur cible.

La Montagne des neuf Spencer (Spencer’s mountain) – de Delmer Daves – 1963

Posté : 8 février, 2021 @ 8:00 dans 1960-1969, DAVES Delmer, O'HARA Maureen | Pas de commentaires »

La Montagne des Neuf Spencer

La fin de carrière de Delmer Daves n’est pas la plus réputée de ses périodes, souvent oubliée au profit de ses glorieuses années 50, marquées par une belle série de grands westerns. On y trouve pourtant quelques perles, comme cette Montagne des neuf Spencer.

On est d’abord frappé par les superbes décors naturels, vastes plaines entourées de montagnes spectaculaires qui dominent chaque plan, comme des ombres protectrices, mais aussi comme une barrière que beaucoup de franchiront jamais. C’est là que vivent les Spencer depuis plusieurs générations, dans une communauté de travailleurs qui mènent une vie simple et harmonieuse.

La génération actuelle, c’est huit enfants autour des parents, Maureen O’Hara et Henry Fonda. Huit enfants dont l’aîné (James McArthur) a une chance de devenir le premier Spencer à quitter la vallée pour aller à l’université. C’est toute l’histoire de ce film qui frappe aussi, et surtout, par l’extrême bonté qui s’en dégage.

C’est le quotidien, l’entraide, l’amour, l’affection que filme Delmer Daves. Sans jamais tomber dans une quelconque mièvrerie, ou dans des drames trop faciles, il filme l’empathie, la bonté, sans animosité, sans méchant. Uniquement des personnes attachants, profondément humains et sympathiques jusque dans leurs défauts (si ce n’est une petite garce, plus paumée que vraiment machiavélique).

Maureen O’Hara et Henry Fonda forment un couple superbe, heureux de ce qu’il a. Dans cette communauté très religieuse, Fonda le jouisseur pourrait être une brebis galeuse. C’est juste un homme qui a trouvé son paradis sur terre, et qui vit son bonheur avec une générosité de chaque instant. Me voilà ému aux larmes devant tant de simplicité et de bonté. Daves a simplement signé un beau film.

Qu’elle était verte ma vallée (How green was my valley) – de John Ford – 1941

Posté : 8 janvier, 2021 @ 8:00 dans 1940-1949, FORD John, O'HARA Maureen | Pas de commentaires »

Qu'elle était verte ma vallée

Dernier film tourné avant l’engagement militaire de Ford, How green… est une sorte de couronnement de cette période, tant dans le fond que pour le style. Ford enchaîne alors les films immenses. Comme Les Raisins de la colère, Les Hommes de la mer et quelques autres, cette adaptation d’un roman de Richard Llewellyn est à la fois un film d’un réalisme total dans sa manière de filmer les mineurs, et une sorte de fable, à sa manière.

Contrairement à ses précédents films, disons « sociaux », celui-ci se détache d’une réalité trop actuelle. L’histoire est racontée par un homme qui quitte la vallée où il a grandi, et qui évoque ses souvenirs d’enfance : ceux de l’harmonie familiale, des premiers émois, des drames et des joies, tous nombreux et immenses.

La clé du film repose dans une phrase que prononce le narrateur, évoquant le souvenir de ces caramels dont le goût se prolongeait des heures… « C’est en tout cas le souvenir que j’en ai. » Tout est ainsi, comme exacerbé par la mémoire d’un enfant devenu grand, avec la sensibilité et l’innocence du regard enfantin.

Visuellement splendide, dans ce décor quasi unique du coron menant à la mine, How green… est aussi l’un des plus beaux films sur l’enfance qui s’achève. Belle prestation du débutant Roddy McDowall, pierre angulaire autour duquel tout le film s’articule. C’est son monde à lui qui s’effrite, c’est sa vision de cette vallée idéale que l’on découvre, cette gaieté qui s’évapore en même temps que l’innocence…

Donald Crisp, Barry Fitzgerard, Anna Lee, Sara Allgood, et Maureen O’Hara qu’il dirige pour la première fois… Ford réunit quelques-uns de ses acteurs de prédilection, dans une communauté comme il les aime. Mais une communauté où la joie (et la comédie parfois) cache aussi des rancœurs, des mesquineries, et une vraie cruauté.

Grand film plein de paradoxes, où la religion est omniprésente, bienfaisante… et capable des pires cruautés. Où l’école est le seul moyen d’espérer un avenir meilleur, mais s’avère un lieu de sévices. Ou la tradition est la garantie de l’unité… mais pousse au malheur. Eloge de la famille et de l’individu, qui évoque la grandeur naissante des syndicats…

How green… est une merveille, belle à pleurer, c’est aussi l’un des films qui dit le mieux la complexité et la sincérité de Ford, traditionaliste humaniste. Un cinéaste qui filme en tout cas mieux que quiconque le temps qui passe, et les cendres qu’il laisse.

Madame de Coventry / Par la chair et par l’épée (Lady Godiva of Coventry) – de Arthur Lubin – 1955

Posté : 13 juillet, 2020 @ 8:00 dans 1950-1959, EASTWOOD Clint (acteur), LUBIN Arthur, O'HARA Maureen | Pas de commentaires »

Lady Godiva

Le chemin d’une intégrale peut être jonché d’étapes dont on se serait bien passées… Celle de Clint Eastwood passe aussi par ses apparitions de jeunesse: trois plans très dispensables d’un Clint de 25 ans en soldat saxon, dans ce film en costumes dont on sent bien qu’il n’existe que pour l’unique scène sans costume.

On résume l’histoire… Dans une Angleterre où les tensions sont grandes entre Normands et Saxons, Lady Godiva épouse un prince saxon et le conduit à tendre la main à son ennemi de toujours. Punie par la faute d’un méchant Normand, elle accepte la sentence: chevaucher nue dans les rues de sa ville, persuadée qu’aucun Saxon ne lui fera l’affront de l’observer, et que ce respect convaincra le roi de la loyauté de son peuple.

Lady Godiva étant interprétée par Maureen O’Hara, en pleine gloire post-L’Homme tranquille (Victor McLaglen est d’ailleurs à l’affiche, lui aussi), et cette image de la jeune femme chevauchant nue servant d’affiche au film, l’intérêt commercial est tout trouvé… et tant pis si cette posture voyeuriste va à l’encontre du sujet même du film.

Pas une réussite, non. Scènes de combats mollement filmées, humour bas du front, personnages sans envergure… Maureen O’Hara est parfaite, dans un rôle qu’elle connaît par cœur, celui d’une jeune jeune épouse déterminée et joyeusement dominatrice. Mais le héros est joué par George Nader, assez mauvais et le charisme d’un coq. Son regard fixant désespérément ce lit conjugal qu’il rêve de rejoindre pourrait être savoureux, mais non.

Pas grand chose à se mettre sous la dent dans ce film paresseux, qui rappelle que, à quelques exceptions près, Arthur Lubin est un réalisateur franchement pas enthousiasmant. Et Clint Eastwood là-dedans ? Trois plans, dont un de nuit avec Maureen O’Hara.

Vivre libre (This land is mine) – de Jean Renoir – 1943

Posté : 22 avril, 2020 @ 8:00 dans 1940-1949, O'HARA Maureen, RENOIR Jean | Pas de commentaires »

Vivre libre

De sa décennie américaine (six longs métrages, au bas mot intéressants), Vivre libre représente sa participation à l’effort de guerre, pour Jean Renoir : un film tourné pour soutenir le moral des pays occupés, et valoriser les actes de résistance que l’occupant présente comme des actes de terrorisme.

C’est un genre en soi, ces années-là à Hollywood, et forcément pas le plus personnel des films pour Renoir, dont le nom n’a sans doute jamais été aussi discret au générique, ce qui n’est sans doute pas anodin. Renoir est, pour le coup, un réalisateur au service du studio, et du message.

Pas que le film soit inintéressant, d’ailleurs. Renoir y glisse même sa vision humaniste : celle de La Grande Illusion par moments, ce refus de verser dans un manichéisme trop facile. Renoir ne croit pas en cet héroïsme va-t-en-guerre. Le film met en scène des personnages qui s’accomplissent dans le fait d’être simplement honnêtes vis à vis de ce qu’ils sont vraiment.

Pour un film de propagande, Vivre Libre se révèle d’ailleurs franchement plombant, tant il évite cette note d’héroïsme magnifique qui peuple le cinéma hollywoodien. Choisir Charles Laughton pour jouer le rôle principal veut dire quelque chose : vieux garçon dominé par une mère castratrice, trop conscient d’être un lâche, pas même capable d’avouer son amour à Maureen O’Hara (d’autres que lui hésiteraient, c’est vrai)…

L’histoire se passe dans l’Europe occupée, sans que le pays soit clairement identifié. Et sans que le film en rajoute sur les exactions et les actes de terreur, il est question de liberté, de libre arbitre, de la difficulté d’être en accord avec soi-même, de survivants rongés par la culpabilités ou de condamnés moralement libérés…

Renoir, pour son deuxième film américain, se plie plutôt bien au style d’Hollywood, signant quelques belles scènes très américaines dans leur manière de filmer l’Europe : une poursuite sur les toits notamment, ou une scène tragique et haletante dans un dépôt de trains… Pas le Renoir le plus personnel, c’est sûr, mais un Renoir passionnant, tout de même.

M. Hobbs prend des vacances (Mr. Hobbs Takes a Vacation) – de Henry Koster – 1962

Posté : 4 mars, 2020 @ 8:00 dans 1960-1969, KOSTER Henry, O'HARA Maureen, STEWART James | Pas de commentaires »

M Hobbs prend des vacances

Petite chose sans grande ambition, sans prétention, mais avec un charme énorme. Charme qui repose évidemment, et largement, sur son couple vedette : Maureen O’Hara et James Stewart, deux grands acteurs fordiens, irrésistibles dans cette comédie de famille et de vacances, aussi inconséquente que séduisante.

M. et Mme Hobbs ont devant eux un mois entier de vacances. Lui aimerait qu’ils le passent en couple. Elle préfère réunir dans une vieille maison au bord de la mer tous leurs (grands) enfants, leurs conjoints respectifs, et leurs affreux rejetons. Peut-être la dernière occasion qu’ils auront de réunir toute la famille sous un même toit.

Cette comédie d’Henry Koster est sans doute le film qu’il faut voir quand nos enfants grandissent et s’apprêtent à vivre leur vie. A la fois comme une sorte de guide du grand-parent idéal, blindé face à toutes les contrariétés. Mais aussi pour rappeler que, peut-être, non seulement la vie continue, mais elle recommence d’une certaine façon.

Rien ne leur est épargné, aux Hobbs : ni une plomberie récalcitrante, ni des visiteurs envahissants, ni les inquiétudes habituelles des parents, ni même une cuisinière acariâtre… Autant d’épisodes qui donnent des moments souvent drôles. De l’émotion, aussi : on retiendra notamment la sortie en mer du papa avec son plus jeune fils, où le danger, bien réel, ne sert qu’à renforcer joliment les liens entre père et fils, autour de quelque chose de tangible, loin des écrans de télévision qui isolent (déjà en 1962).

Mais quelles que soient les circonstances, quelle que soit l’adversité, il reste ce couple : James Stewart, modèle de patience et de bienveillance, et Maureen O’Hara, grand-mère idéale dont l’abattage et la beauté éclipsent toutes les jeunettes de ce bord de mère. C’est une comédie charmante et bien innocente, à laquelle ces deux immenses acteurs donnent une belle dimension.

Pavillon noir (The Spanish Main) – de Frank Borzage – 1945

Posté : 5 juin, 2019 @ 8:00 dans 1940-1949, BORZAGE Frank, O'HARA Maureen | Pas de commentaires »

Pavillon noir

Une porte qui se referme et qui suggère que l’amour des deux héros, enfin, va être consommé… Un joli plan borzagien qui rappelle in extremis que c’est bel et bien le plus romantique des grands cinéastes hollywoodiens qui signe ce film de pirate. Chouette, bondissant, et bourré de rebondissements, ce film de pirate, mais clairement pas le plus personnel des Borzage. Difficile ici de trouver sa patte, d’habitude si visible.

Mais on ne boude pas son plaisir : il y a dans Pavillon noir absolument tout ce qu’on attend d’un film de pirate. A vrai dire, il y a même beaucoup de chose que l’on a déjà vu dans d’autres films de pirates. Reconnaissons que l’histoire, si passionnante soit-elle, n’est pas la plus originale qui soit. Un honnête capitaine humilié par un tyran local devient le plus redouté des pirates, et enlève la jeune femme que doit épouser son ennemi, et dont il tombe amoureux.

On se croirait dans un film d’Errol Flynn, et la comparaison n’est pas fortuite : Borzage lorgne très clairement vers les premiers succès du roi de l’aventure. L’Aigle des mers, bien sûr, mais aussi Robin des Bois, pour un duel dans un escalier qui doit beaucoup au film de Curtiz. Jeux d’ombre compris. Mais ce n’est pas Flynn : c’est Paul Henreid qui défouraille, dans une volonté d’échapper à l’image qui lui colle à la peau depuis Casablanca.

Il est très bien Henreid : plein d’énergie et avec un charme canaille qui lui va bien, même s’il reste dans l’ombre de ce que Flynn a apporté au genre, justement. Le couple qu’il forme avec Maureen O’Hara est ce qu’il y a de plus beau dans ce film. Plus que les jolies maquettes, qui sont jolies mais qui font maquettes. Plus que les scènes d’action, hyper efficaces (belles séquences d’abordage, brutales et impressionnantes).

C’est ce couple improbable qui séduit le plus, grâce à la vitalité explosive de Maureen O’Hara surtout. C’est elle qui a suggéré à la RKO de confier le film à Borzage. Son succès boostera sa carrière. Selon la petite histoire, c’est en visitant le plateau de Pavillon noir que Ford se serait décidé définitivement à refaire appel à l’actrice (qu’il avait déjà dirigée dans Qu’elle était verte ma vallée) pour L’Homme tranquille.

L’Aigle vole au soleil (The Wings of Eagles) – de John Ford – 1957

Posté : 2 mars, 2018 @ 8:00 dans 1950-1959, BOND Ward, FORD John, O'HARA Maureen, WAYNE John | Pas de commentaires »

L'Aigle vole au soleil

Pilote d’avion, officier de marine, auteur de romans et de pièces de théâtre (on lui doit Ceiling Zero notamment que Hawks portera à l’écran), scénariste à Hollywood… Frank W. « Spig » Wead a eu plusieurs vies. Il a bien connu John Ford aussi, pour qui il a signé les scripts de Air Mail et Les Sacrifiés. Ford qui lui rend un superbe hommage avec ce film, aussi riche et généreux que la vie de Wead a été bien remplie malgré sa brièveté (il est mort en 1947, à l’âge de 52 ans).

On sent bien que Ford est très attaché à ce personnage, que visiblement il admire et aime à la fois. A tel point qu’il se met (presque) en scène lui-même, confiant à son éternel complice Ward Bond le rôle d’un réalisateur d’Hollywood volontiers grande gueule et bougon, dont le bureau est rempli d’accessoires de westerns, et les murs recouverts de portraits d’acteurs, Tom Mix et Harry Carey trônant en bonne place. Autant dire que ce Ford-là a une saveur toute particulière.

A deux ou trois moments, on le sent d’ailleurs un peu bridé par son sujet, comme s’il ne voulait pas aller au bout des zones d’ombre de son personnage, préférant exhaler son patriotisme, sa sensibilité refoulée, son courage face au handicap qui le frappe, son sens du sacrifice aussi. Et pourquoi pas, d’ailleurs… Le film est certes inspiré de faits authentiques, mais il prend des libertés revendiquées avec son modèle. Ce qui intéresse Ford, c’est l’esprit de Spig, et de cette vie extraordinaire.

Cette vie permet à Ford de signer l’un de ses films les plus riches, passant d’un burlesque assumé comme un clin d’œil aux premiers films d’action et à leurs cascades improbables (cet hydravion qui traverse un hangar avant de finir sa course entre deux arbres, on jurerait l’avoir déjà vu en noir et blanc !), au drame de guerre tendu et sombre, en passant par la tragédie familiale. De longues séquences dans l’espace exigu d’un hôpital, à des morceaux de bravoure sur mer ou dans les airs.

Ford se permet aussi d’audacieuses ellipses pour raconter en moins de deux heures vingt-cinq ans de cette vie bien remplie. Avec, comme un fil conducteur, les amours contrariés de Spig et de sa femme. Pour que ce « liant » soit efficace, il fallait un couple qui tienne la route. Qui d’autre, pour Ford, que John Wayne et Maureen O’Hara ? Sur un tout autre registre que L’Homme tranquille, ces deux-là forment un couple magnifique encore une fois. Entre eux, au-delà de toute caricature possible, il y a quelque chose de grand et de bouleversant qui se passe.

L’Homme tranquille (The Quiet Man) – de John Ford – 1952

Posté : 2 décembre, 2017 @ 8:00 dans 1950-1959, BOND Ward, FORD John, O'HARA Maureen, WAYNE John | Pas de commentaires »

L'Homme tranquille

Y a-t-il plus belle déclaration d’amour à l’Irlande que la chevelure flamboyante de Maureen O’Hara sur l’herbe d’un vert irréel des paysages ? Voilà en tout cas un Ford aussi modeste qu’immense. Modeste, parce qu’il s’agit au fond d’une simple histoire d’amour, même si le film évoque aussi la fin des traditions, le choc des civilisations, le poids du passé. Mais tout ça, au fond, n’a pas grande importance. Et immense… eh bien parce que c’est d’une beauté, d’une pureté, d’une simplicité aussi absolues. Et parce que c’est magnifique, tout simplement.

Et puis aussi parce que Ford ne pose pas un regard béât sur ce pays et ces gens qu’il aime tant. Les paysages sont superbes, les personnages sont extraordinairement attachants, mais il y a aussi une présence parfois pesantes des traditions ancestrales dans cette communauté, qu’il n’estompe pas vraiment, même s’il préfère en sourire plutôt que d’en faire une vraie critique. Ce qui ressort quand même de ce film, c’est la belle harmonie qui règne dans ce petit village irlandais. Si bien que le principal drame qui se noue, et qui noue l’estomac, concerne le sort du révérend (formidable Arthur Shields), menacé de devoir partir faute de fidèles.

Parce que, bien sûr, il ne fait aucun doute que Maureen O’Hara et John Wayne finiront ensemble. Entre eux, c’est fusionnel autant qu’explosif dès le premier regard. Il y a comme ça des couples d’une évidence absolue sur un écran, et c’est dans ce film qu’il est le plus évident, le plus émouvant, le plus enthousiasmant. Mais que les écueils que ces deux-là rencontrent sont réjouissants, contrariés par l’implacable grand frère Victor MacLaglen, chaperonnés par le génial Barry Fitzgerald, incarnation rêvée de l’Irlandais cher au cœur de Ford (très porté sur le whisky, donc).

Et il y a ce final éblouissant dans lequel Ford s’amuse à sa manière de la figure féministe et libre de Maureen O’Hara, qu’il fait littéralement traîner par John Wayne sous le regard complice des villageois, jusqu’à une bagarre homérique, peut-être la plus longue et la plus drôle du cinéma de Ford. De l’amour, des beaux paysages, du whisky, des coups de poings… Tout le bonheur irlandais est là !

L’Homme de Lisbonne (Lisbon) – de Ray Milland – 1956

Posté : 7 juillet, 2017 @ 8:00 dans * Films noirs (1935-1959), 1950-1959, MILLAND Ray, O'HARA Maureen | Pas de commentaires »

L'Homme de Lisbonne

Il m’intriguait depuis longtemps, ce film réalisé par Ray Milland, l’une de ses rares réalisations, la seule en tout cas à avoir atteint une (toute petite) notoriété. A le voir, enfin, il n’est pas très difficile de comprendre pourquoi la mise en scène n’a pas pris plus d’importance dans sa carrière, et pourquoi ce Lisbon n’a pas connu un grand succès en salles.

On ne peut pas dire qu’il manque d’intérêt, ni même qu’il soit déplaisant. Après tout, le film répond parfaitement aux promesses de son titre : c’est dans la manière de filmer Lisbonne qu’il est le plus convainquant. Et même si, par moments, le film se transforme en une sorte de guide touristique qui nous fait découvrir les sites historiques les plus remarquables de la capitale portugaise, eh bien il le fait avec une sorte d’élégance et de sincérités franchement sympathiques.

Le problème, quand même (et c’est peut-être un parti-pris, mais alors là je ne sais pas trop quoi en penser), c’est que dès les toutes premières images, Milland réalisateur semble prendre le contre-pied systématique de ce que l’on pensait savoir de la grammaire cinématographique. Pas tant dans le montage que dans le cadrage : comme une volonté de ne pas être là où on l’attend, l’acteur-réalisateur cadre de dos parfois, de profil souvent, ou de trois-quarts dos… Quant à l’image, elle est constamment baignée d’une lumière vive qui retire tout mystère. Bref, l’opposé quasi-exact du glamour hollywoodien, dont il ne reste rien.

En voyant le film, on réalise d’ailleurs à quel point John Ford sait filmer les femmes. Son actrice fétiche Maureen O’Hara est certes belle devant la caméra de Ray Milland (mais comment ne le serait-elle pas ?)… Mais le charme vénéneux et irrésistible qu’elle a dans L’Homme tranquille ou les autres films de Ford semble bien loin. Et du coup, c’est le personnage en entier qui morfle, guère crédible dans sa complexité. Dommage, c’est de loin le plus passionnant, sur le papier. Plus en tout cas que celui de Milland, aventurier sans grand relief. Plus aussi que celui de Claude Rains, en roue libre dans un rôle qu’il connaît par cœur.

Il y a quand même une fulgurance : l’une des rares scènes de nuit, bien sûr. Un plan, surtout, où un aveugle s’interpose sans s’en apercevoir dans la ligne de mire d’un tueur prêt à faire feu sur le couple de héros. Un simple plan, bref (une poignée de secondes, à peine), mais magnifique. Le reste ne manque pas d’intérêt, mais semble bien fade…

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