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Archive pour la catégorie 'WESTERNS'

Maverick : s.2 ép.19 – Duel at Sundown (id.) – épisode réalisé par Arthur Lubin – 1959

Posté : 2 décembre, 2024 @ 8:00 dans 1950-1959, EASTWOOD Clint (acteur), LUBIN Arthur, TÉLÉVISION, WESTERNS | Pas de commentaires »

Maverick Duel at sundown

Avant d’être un western parodique des années 90 avec Mel Gibson et Jodie Foster, Maverick était une série télé, dont le héros, un joueur de poker de l’Ouest, était incarné par James Garner. James Garner qui incarnera le père de son personnage dans l’adaptation cinématographique de 1994. La série est assez anecdotique, et a nettement moins bien vieillie que d’autres de la même période, comme Le Virginien ou, même Rawhide.

La série est restée inédite en France. Mais un épisode, au moins, figure dans quelques bouquins : le 19e de la deuxième saison, intitulé Duel at Sundown, dans lequel Maverick retrouve un vieil ami dont la fille s’est amourachée d’un jeune cowboy manipulateur et lâche. Et si cet épisode précis est important, c’est parce que le manipulateur en question est interprété par un certain Clint Eastwood.

C’est même le dernier rôle du jeune Clint avant ses premiers pas de vedette à part entière dans sa propre série, Rawhide, pour laquelle il venait de signer. Dans Maverick, il ne tient encore qu’un rôle secondaire, finalement assez mal écrit. Mais il y fait preuve d’un certain tempérament qui n’apparaissait pas dans ses tout premiers rôles, souvent nettement moins consistants.

L’épisode, pas transcendant et pas franchement trépidant, vaut surtout pour sa prestation. Et pour sa rencontre avec James Garner, qu’il retrouvera quarante ans plus tard pour Space Cowboys, autrement plus enthousiasmant.

La VRP de choc (The First Traveling Saleslady) – d’Arthur Lubin – 1956

Posté : 24 novembre, 2024 @ 8:00 dans 1950-1959, EASTWOOD Clint (acteur), LUBIN Arthur, WESTERNS | Pas de commentaires »

La VRP de choc

« Well, I’m a lady »« You sure are, mâme ». Ce jeune soldat au grand sourire innocent, troublé comme un gamin maladroit devant les avances de Carol Channing, c’est Clint Eastwood, dans ce qui est l’un de ses rôles les plus conséquents d’avant Rawhide.

Il n’a qu’un second rôle, mais son nom apparaît en sixième position au générique (un rang plus loin que Francis in the navy, l’année précédente), et ses apparitions tout en niaisitude assumée sont incontournables pour tout fan de Clint. C’est d’ailleurs à peu près la seule raison valable de voir cette comédie westernienne qui n’a ni le côté trépidant d’un western… ni le côté simplement drôle d’une comédie.

La VRP de chox Clint

Il y a Ginger Rogers, quand même, dans le rôle de la première femme voyageuse de commerce, une sorte de militante des droits des femmes dans un monde très machiste, et dans un film très maladroitement féministe qui tape constamment à côté de la cible. Certes, les femmes y ont le dernier mot, mais toujours dans le cadre bien établi d’une relation traditionnelle dépendant largement des hommes : le mariage.

Tout ça est, tout de même, vaguement sympathique, et mené sans génie mais avec un certain rythme par Arthur Lubin, réalisateur mineur, mais important pour les débuts au cinéma (et à la télévision) d’Eastwood. Ce dernier étant la principale raison de revoir certains films d’un réalisateur dont les films sont, à quelques exceptions près (Impact surtout, mais aussi Des pas dans le brouillard), très dispensables. Dont celui-ci.

Femme de feu (Ramrod) – d’Andre De Toth – 1947

Posté : 12 novembre, 2024 @ 8:00 dans 1940-1949, DE TOTH Andre, LAKE Veronica, WESTERNS | Pas de commentaires »

Femme de feu

La première chose qui frappe dans ce beau western, le premier que réalise Andre De Toth, quelques années avant sa collaboration avec Randolph Scott, c’est la manière dont les personnages sont introduits : par un pan magnifique d’un chariot qui traverse une rivière et s’enfonce dans la ville. La plupart des personnages sont là, dans leur quotidien, et le dialogue qui suit nous plonge directement dans le drame qui se noue, cette querelle entre grands éleveurs, symbolisée par l’opposition entre un riche propriétaire et sa fille déterminée.

Non, en fait, ça c’est la deuxième chose qui frappe. La toute première, dès les premières secondes, c’est l’utilisation des paysages (de l’Utah). Il y aura bien quelques transparences et quelques rares décors de studio, mais la plupart des extérieurs sont effectivement tournés en décors naturels, superbement filmés par De Toth, notamment lors d’une séquence de traque nocturne dans les montagnes absolument exceptionnelle.

Le thème, lui, semble bien banal résumé comme ça : l’opposition de deux éleveurs, qui brasse des motifs habituels du western. Les querelles familiales, la question des open ranges, le solitaire décidé à respecter la loi (Joel McCrea, parfait comme toujours), le shérif seul contre tous (Donald Crisp, inattendu et très charismatique)…

Un personnage, surtout, change la donne : celui de la fille déterminée et forte, jouée par Véronika Lake, figure du film noir. Un choix qui ne doit rien au hasard, sans doute : Connie, qu’elle interprète, est une pure « femme fatale », manipulatrice et ambitieuse, de celles par lesquelles les drames arrivent, et qui laissent les hommes naïfs exsangues, quand ils survivent.

La violence de certaines scènes, la noirceur de l’histoire, la mise en scène tendue… Beaucoup d’éléments de ce western renvoient directement au film noir, genre que maîtrise parfaitement De Toth, qui se révèle en même temps très à l’aise avec le western. Sa filmographie à venir le confirmera.

Le rythme du film doit aussi beaucoup à ces décors naturels jusque dans les intérieurs. Un plan, pour être clair : McCrea descend de cheval, et rentre dans une cabane. La caméra le suit sans coupure, de l’extérieur baigné de soleil à l’intérieur plus tamisé, prouvant que ces intérieurs n’ont pas été filmés en studio.

Ça n’a l’air de rien, mais ces parti-pris, au-delà du déjà technique qu’ils représentent, donnent une cohérence visuelle et un rythme très particulier au film, très ancré dans un réalisme qui est loin d’être évident dans le western. C’est du grand art, apparemment dépouillé mais d’une grande richesse formelle. Et passionnant, ce qui ne gâte rien.

Rawhide (id.) – créée par Charles Marquis Warren – saison 1 – 1959

Posté : 24 octobre, 2024 @ 8:00 dans 1950-1959, EASTWOOD Clint (acteur), HIBBS Jesse, McLAGLEN Andrew V., POST Ted, TÉLÉVISION, WARREN Charles Marquis, WESTERNS, WHORF Richard | Pas de commentaires »

Rawhide Incident of the TumbleweedIncident of the Tumbleweed (saison 1, épisode 1)

épisodes 1 à 10

1 : Le Wagon cellulaire (Incident of the Tumbleweed) – réalisé par Richard Whorf

Dès le premier épisode de cette série western, on comprend l’importance qu’elle a eu dans la carrière de Clint Eastwood. Une série western assez classique, sans éclat particulier, clairement pas au niveau du Virginien par exemple. Mais le show est bien fait, souvent plein de rythme et bien réalisé.

Surtout, Clint y tient un rôle de premier plan (son nom apparaît en même temps que celui d’Eric Fleming, le rôle principal), qui lui permet vraiment d’exister, de jouer sur la longueur, sur un ton léger ou plus sombre.

Dans ses années d’apprentissage, il a joué quelques silhouettes dans des films intéressants, ou des personnages plus importants dans des films pas terribles. Le plaisir qu’il a de trouver un vrai rôle est perceptible. Dans une série au long cours qui commence avec une idée sympa : ce wagon cellulaire qui occupe une place centrale.

2 : Le Trouble-Fête (Incident at Alabaster Plain) – réalisé par Richard Whorf

Clint a le beau rôle dès ce deuxième épisode, dans lequel il côtoie notamment Martin Balsam dans le rôle d’un prêtre. Deux particularités dans cet épisode original et sympathique : d’abord un mariage, puis l’importance du beau décor d’une mission au milieu de nulle part.

3 : L’Exécuteur (Incident with an executioner) – réalisé par Charles Marquis Warren

Petit chef d’œuvre de tension, et l’occasion pour Clint de jouer avec Dan Duryea (eh ouais!) dans le rôle d’un tueur dont la cible est l’un des passagers d’une diligence qui ont rejoint la troupe de Gil Favor. Lequel ? Charles Marquis Warren, qui réalise fort bien cet épisode, laisse planer le suspense. Parmi les passagers : un jeune frimeur interprété par James Drury, futur Virginien.

4 : Les Malheurs de Sophie (Incident of the Widowed Dove) – réalisé par Ted Post

Episode inégal, mais intéressant, qui met en scène une première tension entre Rowdy Yates (Clint) et Gil Favor (Fleming), pour une femme évidemment. Les deux hommes quitter leurs rôles bien cadrés. Clint/Rowdy se rebelle. Gil, lui, d’habitude si sûr de lui et si infaillible dans ses décisions, enchaîne les conneries. On s’en réjouit !

C’est aussi la première collaboration de Clint et Ted Post, futur réalisateur de Pendez-les haut et court et Magnum Force.

5 : Au bord de la folie (Incident of the Edge of Madness) – réalisé par Andrew V. McLaglen

La caravane n’est ici qu’un prétexte pour la confrontation d’une poignée de monstres pathétiques, interprétés notamment par Marie Windsor et Lon Chaney Jr. Affrontement passionnant, dont Favor et Yates ne sont que des observateurs à peine actifs.

6 : Le Pouvoir et la Charrue (Incident of the Power and the Plow) – réalisé par Andrew V. McLaglen

Après Dan Duryea, Brian Donlevy… Rawhide est l’occasion pour Eastwood de croiser quelques acteurs de l’âge d’or. Et Andrew McLaglen, héritier (discutable) de cette période.

L’épisode est bienveillant et un peu naïf, autour d’un comanche qui rêve de devenir fermier… Un moment savoureux, quand même : lorsque le cuisinier lancer à un Rowdy/Clint toujours un peu béat : « Il faut toujours que tu t’étonnes de tout ? ».

7 : La Vie à un fil (Incident at Barker Springs) – réalisé par Charles Marquis Warren

Une histoire de vengeance pas si banale que ça, et qui évoque mine de rien le poids des choix du passé, le destin du gunman, thème classique du western. Et très belle réalisation de Charles Maris Warren lui-même, notamment pour le superbe duel final, expéditif du côté du vrai héros de cet épisode (Paul Richards), attentiste pour Favor et Yaves.

Rawhide Incident West of LanoIncident West of Lano (saison 1, épisode 8)

8 : A l’Ouest de Lano (Incident West of Lano) – réalisé par Charles Marquis Warren

La caravane croise la route de quatre jeunes femmes, belles et légères. A l’image de cet épisode enlevé et romantique, avec le cœur de Favor qui se met à trembler.

Encore un bel épisode de Charles Marquis Warren, qui ose une terrible rupture de ton, passant brusquement de la romance à la tragédie, pour terminer sur une très belle image de piéta.

9 : Plus de peur que de mal (Incident of the Town in Terror) – réalisé par Ted Post

Pas de méchant ici, mais une ville terrorisée à l’idée que la caravane apporte une épidémie mortelle. Voilà un épisode qui évoque une actualité sanitaire encore dans toutes les mémoires, où le virus commence à décimer le troupeau et les hommes. A commencer par Rowdy, que la maladie terrasse soudain après une première partie qui semblait si légère.

10 : Le Veau d’or (Incident of the Golden Calf) – réalisé par Jesse Hibbs

Le convoi croise la route d’un étrange prédicateur perdu au milieu de la plaine. On se doute bien qu’il n’est pas tout à fait l’homme de dieu qu’il prétend être, et pas seulement parce qu’il a la tête de Macdonald Carey. Parce qu’à force de jouer avec l’énorme pépite qu’il a dans la poche tout en refusant de dire où il l’a trouvée, pour ne pas confronter les hommes de Gil à la cupidité, on voit bien qu’il ne fait rien d’autre que titiller cette cupidité.

Scénario un rien alambiqué, et un peu tiré par les cheveux. L’action est très limitée (un cow-boy qui tombe maladroitement d’un cheval, un duel tué dans l’œuf…), à l’exception d’une bagarre à mains nues dans un saloon. Clint joue les faire-valoir, se contentant d’une poignée de répliques. Mais l’épisode est franchement plaisant.

Le Mystère de la Vallée blanche (The Valley of Silent Men) – de Frank Borzage – 1922

Posté : 30 septembre, 2024 @ 8:00 dans 1920-1929, BORZAGE Frank, FILMS MUETS, WESTERNS | Pas de commentaires »

The Valley of Silent Men

A cette époque de son parcours, The Valley of Silent Men semble étrangement anachronique pour un Frank Borzage qui avait déjà délaissé les westerns de ses débuts pour des thèmes plus personnels, en particulier avec Humoresque ou Back Pay.

Retour au western, donc, ou plutôt au « northern », variation glacée du genre, avec course poursuite dans les grandes étendues désertes, bandits et prisons, meurtres et mystère. Remarquez bien que ce n’est pas du côté de l’intrigue qu’il faut chercher l’intérêt du film. Adapté d’un roman de James Oliver Curwood (auteur alors très en vogue : au moins une dizaine de films adaptés dans les deux seules années précédentes), le scénario ne convainc pas franchement.

Le mystère profond (qui accouchera d’une souris) assure l’intérêt, sans éclat : qui est donc cette jeune femme qui vient en aide au traqueur de la police montée forcé de prendre à son tour la suite après avoir avoué un meurtre qu’il n’a pas commis, pour sauver un ami et parce qu’il pensait n’avoir plus que quelques jours à suivre (c’est clair ?).

Les parti-pris sont étonnants, avec des personnages qui ne cessent de se croiser par un hasard bien pratique, dans des paysages pourtant immenses. Mais même dans cette immensité, le film a des allures de petit théâtre, étonnamment intime, où les distances semblent ne rien vouloir dire.

Ces paysages sont sans doute la seule raison d’être du film. Borzage, qui a consacré de longs mois à ce tournage, s’en tire plutôt bien, en particulier lors du grand morceau de bravoure, sur le glacier : un moment de suspense qui n’a toutefois pas la portée émotionnelle des grands films de montagne allemands d’Arnold Fanck, dont la manière de filmer les massifs et la neige sera autrement plus puissante.

Le fait qu’il manque quelques scènes (reconstituées par des intertitres) dans la seconde moitié n’aide sans doute pas à apprécier pleinement le film. Mais on peut quand même se risquer à affirmer que Borzage, dans la montagne enneigée, sera nettement plus inspiré avec The Mortal Storm quelques années plus tard. Un authentique chef d’œuvre, lui.

Horizon : une saga américaine, chapitre 1 (Horizon : An American Saga – Chapter 1) – de Kevin Costner – 2024

Posté : 10 août, 2024 @ 8:00 dans 2020-2029, COSTNER Kevin, COSTNER Kevin (réal.), WESTERNS | Pas de commentaires »

Horizon 1

Après avoir vu ce film, attendu depuis une quinzaine d’années par les amoureux de westerns et de Kevin Costner (dont je suis, bien sûr… après tout, Danse Avec Les Loups a changé ma vie), une question me taraude : et si Costner avait décidément une bonne fois pour toute de ne plus se soucier le moins du monde du public ? Et s’il ne réalisait ce film que pour lui-même ? Et si, en plus, cette idée-même en faisait l’un des films américains de ce calibre les plus radicaux de l’année ?

Bon, je m’égare sans doute un peu, mais le fait est là : avec ce premier long volet (trois heures) d’une saga qui doit en compter quatre si Dieu-Money le veut (le deuxième est déjà en boîte, le troisième vaguement commencé, le quatrième espéré), Costner ne fait rien pour obtenir les faveurs d’un public habitué à des blockbusters ampoulés qui font exploser l’univers entiers toutes les dix minutes…

Lui nous plonge une nouvelle fois dans le genre ringard par excellence (même la comédie musicale a plus le vent en poupe que le western), et joue le jeu de la longue distance, avec une action extrêmement lente, une multitude de personnages et d’enjeux, un récit dont on ne saisit pas encore bien vers où il nous mène, et un refus viscéral du manichéisme de rigueur.

Oh ! Les premières (dizaines de) minutes sont trompeuses : ça commence par le massacre d’innocentes familles de pionniers par de cruels Indiens assoiffés de sang et de scalps. De quoi faire penser que Costner, trente ans après le grand étendard humaniste qu’est Danse Avec Les Loups, est rentré dans le rang d’une Amérique réac et repliée sur elle-même. Mais non, bien sûr.

Aujourd’hui comme il y a trente ans, Costner refuse tout jugement, et tout parti-pris : les gentils et les méchants existent dans tous les peuples, dans toutes les familles. Et la frontière entre les deux n’est pas toujours bien facile à tracer. Une chose est sûr : la bonté, la bêtise, le courage et la lâcheté ne sont l’apanage d’aucun groupe. C’est aux individus que l’on reconnaît la grandeur d’un peuple.

Et c’est là, sans doute, que Kevin Costner est, et reste, le plus Américain des cinéastes américains. On retrouve dans ce Horizon chapitre 1 toutes les obsessions qui habitent son cinéma depuis si longtemps, et qui en font une terre à part, le seul héritier peut-être d’un certain cinéma américain, celui d’un King Vidor dont il adopte à la fois l’ambition et l’humanité.

Il y a donc beaucoup d’intrigues dans ce premier volet, et beaucoup de personnages. Costner lui-même n’apparaît d’ailleurs qu’au bout de (à vue de nez) pas loin d’une heure. Et s’il s’offre un rôle de justicier solitaire et courageux qui lui va comme un gant, il se met curieusement en retrait, par rapport à des personnages moins habituels du genre.

Il réserve ainsi une belle place aux femmes. Ce qui n’est pas totalement nouveau : Mary McDonnell dans Danse Avec Les Loups et Annette Benning dans Open Range avaient déjà de très beaux rôles. Mais Sienna Miller s’impose comme la véritable colonne vertébrale de ce premier chapitre, une mère douleur et courage dont la présence donne une furieuse envie de voir la suite.

Il y a d’ailleurs bien des raisons de l’attendre, cette suite, tant le film de Costner donne l’impression de vivre une expérience rare, un véritable voyage où l’action et l’émotion, quand ils surgissent sont d’autant plus fulgurants que le film n’évite pas les moments en creux. Costner rêvait de ce film depuis si longtemps… Il a visiblement bien l’intention de vivre ce rêve pleinement.

A l’assaut du Fort Clark (War Arrow) – de George Sherman – 1954

Posté : 14 juin, 2024 @ 8:00 dans 1950-1959, O'HARA Maureen, SHERMAN George, WESTERNS | Pas de commentaires »

A l'assaut du Fort Clark

J’aime bien George Sherman, sa manière gourmande d’appréhender la série B et, souvent, d’invoquer la grande histoire pour ses (innombrables) westerns. Avec un bémol, outre le constat évident qu’il n’est pas, loin s’en faut, de la trempe d’un Ford, d’un Hawks, ni même d’un Dwan ou d’un Boetticher : Sherman est généralement nettement moins inspiré pour ses westerns « indiens » que pour ses westerns « urbains ».

War Arrow, ça n’étonnera personne (en tout cas pas ceux qui savent traduire « arrow »), est un western indien. D’où une certaine appréhension initiale, qui s’efface assez vite devant l’originalité de la situation : dans un territoire ravagé par les attaques incessants des Kiowas, un officier décide de faire appel à une autre tribu, qui fut un peuple de guerriers avant d’être éparpillés par l’armée, les Seminoles.

Des soldats blancs qui se font aider d’Indiens pour combattre d’autres Indiens… L’idée est belle, même si historiquement complètement fausse. Elle apporte en tout cas un éclairage différent sur les Indiens, encore trop souvent cantonnés au seul rôle d’ennemis assoiffés de sang dans le western américain de cette époque, malgré quelques avancées notables, dont La Flèche brisée bien sûr.

Dans le film de Delmer Daves, le personnage de Cochise était interprété par Jeff Chandler, acteur toujours impeccable à défaut d’être enthousiasmant. Ici, il joue le rôle principal, celui de l’officier qui fait appel aux Seminoles, et qui s’oppose au commandant du Fort construit au cœur de ce territoire troublé (et bâti au pied d’une colline… l’architecte a sans doute privilégié la beauté des perspectives à l’efficacité de la défense), et que joue l’excellent John McIntire.

L’autre surprise du scénario vient du fait que l’opposition des deux officiers doit moins à l’utilisation des Seminoles qu’à une simple jalousie autour d’une belle veuve, interprétée par une Maureen O’Hara très souriante pour une veuve. Souriante, mais pas très attachante finalement, laissant planer le doute sur ses véritables sentiments : est-elle sous le charme de Chandler, ou le manipule-t-elle pour gagner son billet de retour vers Washington et la civilisation ?

Son personnage n’est au final pas si différent de la fille du chef Seminole, que joue Suzan Ball, étoile filante dont le début de carrière prometteur (on l’a vue chez Walsh et Boetticher) s’est fracassé contre un cancer qui l’a emportée à 22 ans seulement… Face à l’habituellement incandescente Maureen O’Hara, c’est elle qui apporte de la vie et de l’audace au film.

Cela dit, les personnages ne sont guère convaincants, et c’est dans sa manière de filmer les acteurs dans les vastes paysages, et les scènes d’action, que Sherman convainc surtout. Là, son savoir-faire, sa manière de soigner ses cadres et de mêler une certaine légèreté à la gravité des situations, touchent leur cible.

La Fille de Belle Starr (Belle Starr’s Daughter) – de Lesley Selander – 1948

Posté : 28 mai, 2024 @ 8:00 dans 1940-1949, SELANDER Lesley, WESTERNS | Pas de commentaires »

La Fille de Belle Starr

D’Ali Baba à Cochise, tous les grands noms de la culture populaire ont, à un moment ou à un autre, eu un rejeton. Alors pourquoi pas Belle Starr, figure historique de l’Ouest, dont on ne compte les apparitions dans les westerns classiques…

Elle a donc une fille, qui a le visage innocent de Ruth Roman, et qui n’aspire finalement qu’à vivre une vie rangée et romantique. Ce qu’elle est sur le point de faire, après que sa môman a été lâchement assassinée. Problème : l’homme qui l’attire est shérif, et elle se laisse convaincre c’est cet homme de loi qui a trucidé la Belle…

Ce petit western signé Selander (un spécialiste du genre, qui a à son actif des dizaines de séries B assez inégales) séduit par son originalité, et une relative audace, ne serait-ce que dans sa manière de reléguer le héros (le shérif joué par George Montgomery) au second plan, au profit de celui qu’on sait être le salaud (Rod Cameron).

Le scénario de W.R. Burnett décale le regard habituel, et ce simple décalage suffit à transformer un petit western un peu fauché en une espèce de tragédie en puissance. Selander n’étant ni Hawks, ni Wellman, ni Ford, la tragédie manque de tension, et même de gravité. Mais quand même…

Même léger, le film séduit par ses beaux décors naturels (qui auraient sans doute mérité la couleur), par sa violence sèche, et par quelques belles trouvailles de mise en scène, dont la meilleure est peut-être la première : ces ombres qui se dessinent sur le mur d’une banque, et qui annoncent le drame, sans dévoiler ledit drame.

Selander n’a pas toujours été très inspiré (ma dernière expérience, c’était The Texican… blurp). Cette fois, il l’est.

Les Colts des Sept Mercenaires (Guns of the Magnificent Seven) – de Paul Wendkos – 1969

Posté : 25 mai, 2024 @ 8:00 dans 1960-1969, WENDKOS Paul, WESTERNS | Pas de commentaires »

Les Colts des Sept Mercenaires

Une fois posé comme certain le fait que le film originel de John Sturges est un classique indépassable en son genre, il ne faut pas être surpris que ses suites soient très en deçà. C’est donc un fait, et l’obsession des producteurs de remettre constamment le couvert avec le même postulat scénaristique n’arrange pas les choses.

On a donc, cette fois encore, le bon Chris qui réunit six autres mercenaires autour de lui pour venir en aide à de braves paysans persécutés par des hommes armés nettement plus méchants, et nettement plus armés. Mais il y a une bonne surprise : malgré le départ de Yul Bryner, qui fut le seul acteur rescapé de la première suite, et qui est ici remplacé assez étonnamment par George Kennedy, ces Colts… sont très nettement supérieurs au Retour….

Le précédent film, réalisé platement par Burt Kennedy, était au final un simple copié-collé des Sept Mercenaires, le rythme et le charme en moins, et le prestigieux casting en moins. Sans McQueen, sans Coburn, sans Bronson et sans les autres, une grande partie de l’intérêt avait disparu. Sur ce plan, le troisième opus fait très vaguement mieux. D’abord parce que Kennedy (George) est très bien, et puis parce que James Whitmore apporte une vraie nouveauté avec son personnage de vieux loup.

Côté casting, drôle d’idée, en revanche, de confier un nouveau rôle secondaire à Fernando Rey, déjà présent dans un tout autre rôle dans le précédent film. Un choix curieux qui a plutôt tendance à brouiller les pistes. Mais c’est un détail.

Côté rythme, Paul Wendkos fait sans problème oublier le mollasson Kennedy, tout en établissant définitivement les limites du genre : un bon film, c’est quand même avant tout un bon réalisateur. Et John Sturges est un excellent réalisateur. Le verdict est donc sans surprise : Les Colts… est un film dispensable, mais très sympathique, ce qui est déjà beaucoup mieux que Le Retour…Reste un quatrième film, pour conclure cette tétralogie.

Le Retour des sept (Return of the Seven) – de Burt Kennedy – 1966

Posté : 26 février, 2024 @ 8:00 dans 1960-1969, KENNEDY Burt, WESTERNS | Pas de commentaires »

Le Retour des Sept

Premier constat : John Sturges est un petit maître du western. Petit donc, mais maître tout de même. Deuxième constat : il n’est pas aux manettes de cette suite/remake de ses Sept Mercenaires, laissant la place à un Burt Kennedy qui fut un scénariste important. Première conclusion : c’est fou ce que le rythme d’un film peut devoir à un bon réalisateur. Ce que Kennedy n’est pas, donc.

Le film de Sturges fut un immense succès populaire. Lui donner une suite n’avait donc rien d’aberrant. Les premières images laissent planer le doute sur la réussite du projet. Côté positif : l’impression de familiarité qui se dégage de ce petit village reculé où le temps semble arrêté. Côté négatif : le thème musical inoubliable composé par Elmer Bernstein pour le film original, collé tel quel sur des images dont la nonchalance est aux antipodes du motif musical.

La suite est à l’avenant, avec un Kennedy qui cherche constamment à s’inscrire dans la lignée du film de Sturges, sans en avoir ni la maîtrise ni l’inventivité. Mais il en a visiblement les moyens, ce qui permet de limiter la casse avec de bien belles images, une belle lumière et un écran large qui a de la gueule. Avec aussi Yul Brynner qui reprend son rôle de Chris, le chef des mercenaires, pour une nouvelle mission-suicide.

Pas de bol : Brynner était sans doute le plus terne de tous les acteurs du premier film. Et pour cette suite, il affiche une distance presque mécanique, comme s’il se préparait déjà à incarne le robot de Mondwest. Et si on retrouve les autres personnages survivants du film de Sturges, leurs interprètes ont déclaré forfait : Horst Buchholz et Steve McQueen, remplacés par deux clones qui ne déméritent pas, à ceci près qu’ils ne sont pas leurs modèles. Auxquels on pense constamment.

Pour le reste, on est dans le copié-collé maladroit, mais pas sans charme. Warren Oates et Claude Akins apportent un peu de sang frais, Fernando Rey joue les guests en prêtre dévoué, et tout ce que le Hollywood de l’époque compte en acteurs hispanos patibulaires est réuni dans le gang des méchants.

Les scènes d’action, innombrables dans le dernier tiers, sont assez désolantes, se contentant grosso modo de gros plans sur les gentils qui tirent, et de contre-champs de méchants qui tombent de cheval. Yul Brynner décrochant la palme du gars qui tire mécaniquement conscient de ne rien avoir de plus dangereux face à lui qu’une caméra.

Une suite très dispensable, donc, qui réussit l’exploit de ne strictement rien faire de l’idée la plus intrigante du film. Les sept mercenaires doivent ici libérer des centaines d’hommes enlevés pour reconstruire une ville au milieu de nulle-part. Idée baroque et assez excitante sur le papier, évacuée en une poignée de minutes à peine à l’écran. Pour laisser la place à une suite de fusillades désincarnées. Bof.

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