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Samedi soir, dimanche matin (Saturday night and sunday morning) – de Karel Reisz – 1960

Posté : 14 octobre, 2019 @ 8:00 dans 1960-1969, REISZ Karel | Pas de commentaires »

Samedi soir, dimanche matin

Il n’y a pas que la Nouvelle Vague dans la vie. En 1960, c’est le cinéma du monde entier qui se pose des questions, et qui se tourne ouvertement vers une société elle aussi en pleine mutation. En Angleterre, c’est Karel Reisz qui bouscule les règles d’une production alors pas franchement passionnante.

L’adaptation (par lui-même) du roman d’Allan Sillitoe (peut-on traduire ce patronyme ?) a tout du manifeste cinématographique. Le succès du film va en tout cas engranger toute une descendance, disons de cinéma du réel.

C’est une chronique simple et modeste, dépouillée d’à peu près tous les atours romantiques (et romanesques) du cinéma, l’histoire d’un jeune ouvrier de Nottingham sans perspective, qui vit toujours chez ses parents, compte les heures de travail qui le séparent de ses week-ends, week-ends immanquablement décevants, gaspillés à vider des pintes de bière, ou à coucher avec une femme mariée, moins par passion que pour tromper son mal-être.

Et puis un jour, il s’éprend d’une jeune femme dont la beauté pure semble presque déplacée dans ce film où tout est terne (au mieux), voire franchement laid. Laids, les décors : Karel Reisz fait bien attention de ne jamais filmer le moindre décor séduisant, qu’il s’agisse des abords de l’usine, des pubs, ou même de la « nature » dans laquelle les personnages se réfugient. Laids aussi, les loisirs du jeune anti-héros : le sexe comme l’alcool, tout est fait avec excès, et sans passion.

Karel Reisz a beau tirer un trait sur les habitudes du cinéma de papa, il n’en oublie pas pour autant de faire, vraiment, du cinéma, soignant ses cadres et confiant la lumière à l’indispensable Freddie Francis (le futur chef op d’Elephant Man, qui n’allait pas tarder à passer lui-même derrière la caméra). Et puis c’est ce film qui a révélé le talent d’Albert Finney, parfait dans le rôle de ce jeune ouvrier pas vraiment sympathique. Rien que pour ça…

 

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