Les Bien-aimés – de Christophe Honoré – 2011
Du printemps de Prague aux attentats du 11 septembre, c’est une grande fresque romanesque sur fond de grands événements historiques que raconte Christophe Honoré dans Les Bien-aimés. A sa manière si singulière.
En guise de romance, c’est surtout une ode à la liberté et à la légèreté, basée sur une absence d’engagement et un détachement parfois déroutant face à ce qui fait l’époque.
La mère d’abord, jouée par Ludivine Sagnier puis par Catherine Deneuve dans les différentes époques de sa vie, comme une avant-gardiste du non-conformisme : une femme qui se prostitue librement et avec enthousiasme, tombe amoureuse d’un jeune médecin tchèque, devient mère célibataire, avant de se marier avec un autre et d’entretenir, tout au long de sa vie, une liaison passionnée avec son grand amour (devenu Milos Forman).
La fille ensuite, Chiara Mastroianni, qui refuse de s’engager avec l’homme qui l’aime (Louis Garrel), pour tomber amoureuse d’un musicien américain… et gay. Ou comment se construire une histoire d’amour vouée à l’échec.
Les deux générations se répondent, les époques s’entremêlent, et la magie opère dans des petits moments d’intimité et d’intensité renfermée qui apparaissent sans crier gare, petits moments hors du temps, hors de tout.
Et il y a les chansons d’Alex Beaupain, compagnon de route précieux d’Honoré, et ces mots si vrais et si modernes que les voix imparfaites des comédiens viennent sublimer.