Johnny Nobody (id.) – de Nigel Patrick – 1961
Après The Teckman Mystery, retour au polar british, et même constat, mêmes limites : un manque de style, un manque de rythme, un aspect lisse et impersonnel… Bref, très peu de caractère dans ce film qui se révèle plutôt amusant dans son propos : l’histoire d’un prêtre (Nigel Patrick, également derrière la caméra pour second long métrage en tant que réalisateur) témoin d’un meurtre qui devient un fugitif un peu par accident.
Sauf que la première partie laisse espérer autre chose qu’un film vaguement amusant. Dans un petit village irlandais qui ressemble étrangement à celui de L’Homme tranquille, un écrivain américain vit en quasi-ermite, et en quasi-alcoolique. C’est William Bendix, et c’est forcément assez excitant : sa présence suffit souvent à sauver des films pas toujours formidables. Mais sa présence ne dure pas. Agacé par la place de la religion dans cette communauté, il défie Dieu sur la place du village. Quelques instants après, un mystérieux étranger le tue, avant de demander l’aide du prêtre.
Intervention divine ou crime de droit commun ? Ce n’est pas tant le doute sur la nature du meurtre que l’interrogation qui ronge le prêtre lorsqu’un avocat lui pose une question inattendue, qui peut sembler anodine mais qui plonge au cœur d’une certaine âme irlandaise : pensez-vous qu’il ait été guidé par Dieu ?
Ce cas de conscience est plein de promesses. Il n’est pas exploré comme il le devrait, hélas. On est souvent plus proche du Hitchcock des années britanniques, le style, le rythme et l’humour en moins, que d’une profonde réflexion sur la foi et la responsabilité. Un rythme pépère, une cascade dans un train à laquelle on a bien du mal à croire, des personnages un peu ternes… Pas désagréable, pas mémorable non plus.