Adieu Chérie – de Raymond Bernard – 1946

Une soirée arrosée à Montmartre, un jeune héritier promis à un mariage arrangé trouve une idée de génie pour échapper à son sort, lorsqu’il rencontre une belle entraîneuse… Et si elle s’invitait dans sa famille à lui en se faisant passer pour une jeune femme de bonne famille ? Et s’ils feignaient de tomber amoureux ? Et s’ils se mariaient, le temps d’éviter au jeune homme un mariage qu’il ne souhaite pas, pour mieux divorcer après ?
Une mécanique bien huilée pour ces deux jeunes inconséquents, bien décidés à garder leur vie de fêtes et de liberté. Et sans surprise, cette belle mécanique va se heurter à un impondérable qu’on voit arriver avec ses gros sabots : l’amour, le vrai, qui va remettre tout ça en cause et poser bien des questions.
Une autre question, tiens, que Raymond Bernard a dû se poser en s’attelant à ce film, c’est le ton qu’il devait lui donner. Adieu Chérie, de fait, semble constamment hésiter sur la direction à prendre, et cette valse hésitation pèse un peu sur la réussite du film, avec un aspect presque farce (le personnage caricatural de la marâtre qui veut marier sa fille trop gourde) qui sied mal aux tourments autrement plus ambigus du personnage d’entraîneuse découvrant l’amour que joue Danielle Darrieux, évidemment magnifique.
Darrieux, dont le personnage rompt joliment avec l’ingénue qu’elle jouait souvent dans ses films d’avant-guerre. C’est d’ailleurs son tout premier rôle après la fin du conflit, de même pour Raymond Bernard. Elle en sort avec une image quelque peu ternie, contrairement à Bernard qui, lui, a passé une partie de la guerre dans le maquis.
Après quelques années d’inactivité cinématographique, Bernard n’a plus tout à fait la dimension qu’il avait dans les années 20 et 30. Adieu Chérie est bien loin de grosses productions ambitieuses comme Les Croix de Bois ou Les Misérables (la plus belle adaptation de Hugo, c’est à lui qu’on la doit). Mais cette comédie/drame/bluette ne manque pas de charme. Des seconds rôles comme Gabrielle Dorziat, Pierre Larquey et Louis Salou n’y sont pas étrangers.








