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Archive pour la catégorie 'STEVENS George'

La Justice des hommes (The Talk of the Town) – de George Stevens – 1942

Posté : 6 décembre, 2022 @ 8:00 dans * Films noirs (1935-1959), 1940-1949, STEVENS George | Pas de commentaires »

La Justice des hommes

Comédie, thriller, triangle amoureux, et même film de procès… George Stevens jongle avec pas mal de genres très différents dans ce film. Quitte à laisser tomber quelques quilles en cours de route d’ailleurs : à changer de ton si souvent, il finit par accoucher d’un film un peu bancal. Bancal, mais pourtant assez réjouissant à de nombreuses occasions.

La séquence d’ouverture, d’abord, est remarquable. Sans un mot ou presque, avec un montage très dynamique utilisant coupures de presse et fausses images d’archives, Stevens plante le décor, et résume ce qui aurait pu être une longue partie d’introduction en quelques instants d’une clarté et d’une concision impressionnantes.

On a donc Cary Grant (un peu en retrait, mais joyeusement cabotin), accusé d’avoir mis le feu à l’usine où il travaillait, causant ainsi la mort d’un homme. Jugé, sur le point d’être condamné à mort, il s’évade et se réfugie au domicile d’une vague amie d’enfance (Jean Arthur, piquante et irrésistible). Mais quelques minutes après débarque un juriste éminent et raide comme la justice qui a loué la maison (Ronald Coleman, merveilleusement suave). Grant n’a que le temps de se cacher dans le grenier.

Commence alors un étrange huis-clos, plein de suspense et d’humour, avec cette cohabitation dissimulée particulièrement originale. Et ce n’est que la première partie d’un film qui ne cesse de prendre de nouveaux départs, quitte à changer de direction, passant de la comédie de mœurs la plus légère au drame judiciaire le plus intense. Et même s’il manque une ligne réellement cohérente, Stevens se révèle également à l’aise dans tous les tons.

On retiendra une course poursuite en pantoufles entre le juriste et une meute de chien, un repas enthousiaste autour d’un borscht (avec un œuf), une déclaration d’amour finale à grandes enjambées, ou encore un face-à-face tendu entre Cary Grant et une foule déchaînée… Beaucoup de moments mémorables pour un film très imparfait, et foncièrement attachant.

Mariage incognito (Vivacious Lady) – de George Stevens – 1938

Posté : 2 novembre, 2019 @ 8:00 dans 1930-1939, STEVENS George, STEWART James | Pas de commentaires »

Mariage incognito

Ginger Rogers, James Stewart… Qu’importe la réussite du film, presque : ces deux seuls noms suffiraient à mon bonheur. Et comme le film est vraiment réjouissant… George Stevens n’est ni La Cava, ni Capra, ni Sturges (Preston), ni même McCarey. Il lui manque sans doute cette originalité, ce petit quelque chose en plus, qui ferait de lui l’un des grands spécialistes du genre. Mais il signe là une comédie au rythme impeccable, et franchement emballante par moments.

Le point de départ évoque un autre film avec Ginger Rogers, Primrose Path. Dans les deux films, tout commence idéalement, par le coup de foudre d’un homme et d’une femme très différents l’un de l’autre, qui se marient très vite, mais dont le bonheur sera contrarié par l’entourage. Ici, le problème vient du fait que ce couillon de James Stewart n’arrive pas à expliquer à ses riches parents qui attendent tant de lui qu’il s’est marié en douce, qui plus est avec une artiste de music-hall.

La comparaison entre les deux films ne va pas plus loin. Contrairement au film de Gregory La Cava, Vivacious Lady n’est absolument pas ancré dans un quelconque contexte social. On est ici dans la comédie la plus pure, et la plus dénuée de vrai drame. Des quiproquos et des portes qui claquent, plutôt que de l’angoisse et de la misère. Léger ? Oui, totalement, mais une légèreté portée par des acteurs qui savent transcender cette légèreté.

On a certes envie de le baffer, ce couillon de James, de trembler à ce point devant son père, Charles Coburn, dont on sait pourtant qu’il aboie plus qu’il ne mord vraiment. Mais il a cette manière si particulière d’être couillon, avec cette voix chevrotante et ces gestes maladroits. Et puis Ginger Rogers a ce regard si bienveillant qui fait tout oublier… Pas une femme effacée pour autant, loin de là : elle est notamment géniale dans une scène de baston irrésistible avec sa rivale, qui se termine par un direct en pleine face de beau-papa !

Tout ça se terminera exactement comme on s’y attend, bien sûr. Mais entre-temps, on aura eu droit à quelques scènes mémorables, notamment l’arrivée de l’épouse incognito dans la salle de classe de son professeur de mari. On la première cigarette partagée entre Ginger et sa belle-mère. Que voilà une petite chose pleine de charme…

L’Homme des vallées perdues (Shane) – de George Stevens – 1952

Posté : 14 février, 2014 @ 4:30 dans 1950-1959, STEVENS George, WESTERNS | Pas de commentaires »

L’Homme des vallées perdues

Classique du western, vanté par Clint Eastwood depuis des décennies, Shane a largement inspiré Pale Rider, remake officieux qui reprend tel quel de nombreuses scènes, situations et personnages du film de George Stevens. Le héros, pour commencer : cavalier au passé mystérieux qui arrive de nulle part et trouve sa place au cœur d’une communauté de colons dont la tranquillité est menacée par l’avidité d’un riche propriétaire.

On y retrouve l’amour de la terre et de la famille, et le goût de l’effort et de l’entraide qui éclate lors de séquences jumelles dans les films d’Eastwood et Stevens : là, le père de famille et l’étranger qui unissent leurs forces pour casser un bloc de pierre ; ici, les deux hommes qui viennent à bout, ensemble, d’une vieille souche d’arbre… Pour ceux qui, comme moi, ont grandi avec les films d’Eastwood, Shane a quelque chose du graal que l’on guette au détour des programmations des ciné-clubs, ou des sorties DVD.

Le découvrir, tardivement, permet d’en mesurer l’impact sur tout un pan du western d’après 1952. Car tout en respectant les codes du genre, reprenant la traditionnelle opposition des puissants éleveurs et des petits fermiers, déjà au cœur des westerns les plus anciens (Straight Shooting de Ford déjà, en 1917…), Shane pose les bases de films plus matures, plus pausés, moins ouvertement spectaculaires.

La mise en scène de George Stevens elle-même évite soigneusement toute surenchère. Classique et apaisée, elle se contente de souligner la complexité des personnages, et la beauté des valeurs les plus pures véhiculées ici. Car les personnages, tous autant qu’ils sont, n’aspirent qu’à vivre en paix. Les colons bien sûr, quel que soit leur caractère : le brave père de famille incarné par Van Heflin, ou le fort en gueule joué par l’éternelle victime Elisha Cook Jr. Même la brute (Ben Johnson) révèle tardivement une touchante humanité, tandis que le « tyran » Ryker est un méchant bien complexe…

Le film est aussi un plaidoyer pour une vie simple, et contre les armes. Comme le souligne la douce épouse jouée par Jean Arthur, « cette vallée serait plus calme si personne ne portait d’arme, y compris toi », adressé à l’étranger.

Shane, c’est Alan Ladd, dans son plus beau rôle westernien. Un homme qui semble éternellement rattrapé par un passé dont on ne saura rien, et qui trouve auprès de ces colons quelque chose qu’il n’a sans doute jamais eu : un foyer, une famille. Accueilli comme un frère par Van Heflin, comme un ami par Jean Arthur, et comme un deuxième père par leur fils, joliment interprété par Brandon de Wilde, gamin au regard incroyable.

C’est la relation entre l’enfant et l’homme sans attache qui est au cœur de ce film magnifique. Ces deux-là se trouvent parce qu’ils représentent chacun quelque chose qui leur manque : un modèle pour l’un, et l’innocence perdue pour l’autre. Le film est beau, parce qu’il ne triche pas avec les sentiments. Pour Shane, ce foyer ne peut être qu’une douce parenthèse. Mais la totale bienveillance qui s’en dégage n’a rien d’artificielle, et n’enlève rien à la douleur qu’il trimballe.

• Paramount a édité un blue ray de fort belle facture, mais sans le moindre bonus.

 

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