The Old Man and the Gun (id.) – de David Lowery – 2018
C’est basé sur une histoire vraie, mais ça n’a pas grande importance. The Old Man and the Gun est avant tout un joli film pour clore (ou presque, et sûrement) une grande carrière d’acteur. Si on oublie (et je n’ai aucun mal à le faire) une ultime ultérieure panouille chez Marvel, ce pourrait bien être la toute dernière apparition de Robert Redford au cinéma. Et même s’il y a dans sa filmographie quantité de chefs d’œuvre autrement plus marquants (au hasard : La Poursuite impitoyable, Willie Boy, Les Trois Jours du Condor), il y a bien pire pour tirer sa révérence.
L’histoire de ce vieux braqueur de banque qui, à (bien) plus de 70 ans, continue à voler non pas pour gagner sa vie mais pour simplement vivre, ressemble au clin d’œil d’un vieil acteur qui n’a pas l’intention de partir sans un ultime baroud d’honneur, sans avoir une dernière occasion de jouer les séducteurs à l’œil qui frise, avec ce regard de sale gosse gentiment insolent, qui ne l’a jamais vraiment quitté.
Le film serait franchement anecdotique s’il n’y avait cette dimension testamentaire pour Redford. Mais elle est bien là, cette dimension, et ça change tout. La légèreté du ton, à l’opposée d’un Gran Torino auquel le film a injustement été comparé, le refus obstiné de se prendre au sérieux, jusqu’à ne plus même filmer les braquages eux-mêmes, la position souvent en marge de l’action du personnage de Redford… Tout ça concourt à dédramatiser un thème qui est, quand même, celui d’une vie qui s’achève.
Mais tant qu’il y a de la vie, il y a de la légèreté, du bonheur. Et c’est presque une leçon de vie, joliment insolente, que le film nous offre, et que reçoit parfaitement le flic interprété par le grand Casey Affleck, formidable comme toujours. Des tas d’acteurs impeccables sont d’ailleurs réunis pour ce baroud d’honneur de Redford : des vieilles badernes comme Danny Glover ou Tom Waits, la trop rare Sissy Spacek, ou même l’excellente Elizabeth Moss dans un petit rôle inattendu.
Il y a des films dont on sent bien qu’ils sont très mineurs et qu’ils n’apportent pas grand-chose, mais dont on tombe tout de même sous le charme. C’est le cas de The Old Man and the Gun.