Police montée (The Renegade Ranger) – de David Howard – 1938
Rita Hayworth en cheffe de gang dans un western… Voilà une curiosité qui m’avait échappée jusqu’à présent. Cela étant dit, The Renegade Ranger est bien ça : une curiosité. Et Rita Hayworth en cheffe de gang dans un western, ça a quand même nettement moins de classe que Barbara Stanwyck (40 tueurs), Marlene Dietrich (L’Ange des maudits), ou bien sûr Joan Crawford (Johnny Guitare), en cheffes de gangs, dans des westerns nettement plus marquants.
Elle est très bien, Rita Hayworth : la beauté d’un ange, la douceur révoltée, les tenues impeccables en toutes circonstances, pistolera qui n’hésite pas à mouiller la chemise (c’est vraiment une image), mais qui s’empresse de passer la plus belle de ses robes dès qu’elle rentre au bercail. Bref, pour la poussière et la sueur, on repassera. Elle est très bien, donc, mais elle n’a, strictement, rien à jouer.
Et comme le seul rôle un peu intéressant, celui du Ranger chargé d’arrêter la belle en fuite, est joué par un George O’Brien tout sourire en roue libre (il a beau avoir une carrière prestigieuse, comprenant Le Cheval de fer et L’Aurore, excusez du peu, il reste un acteur très limité), disons que The Renegade Ranger n’est pas exactement le meilleur exemple d’un film de personnages.
Bon, ce n’est pas non plus un grand western d’action : David Howard n’est pas le cinéaste le plus excitant du monde, et ses bagarres, comme ses chevauchées et ses fusillades, sont bien mollassonnes, typiques des séries C, D ou E tournées à la chaîne dans les années 30. Il y a sans doute un peu plus de moyen dans cette petite production RKO que dans un film bis de la Republic, mais The Renegade Ranger est clairement conçu comme une œuvre de complément pour double-programme, comme sa durée (à peine une heure) le laisse deviner.
Du coup, on s’ennuie moins longtemps, et on se dit que Rita Hayworth a fait du chemin entre ces premières années où elle enchaînait les films de série pour la plupart tombés dans l’oubli, et son âge d’or, qui n’allait pas tarder à s’annoncer : l’année suivante, elle serait choisie par Howard Hawks pour Seuls les anges ont des ailes. Là, on est encore loin, très loin de Gilda.