Play it again, Sam

tout le cinéma que j’aime

Archive pour la catégorie 'ZINNEMANN Fred'

Les Yeux dans les ténèbres (Eyes in the night) – de Fred Zinnemann – 1942

Posté : 30 avril, 2020 @ 8:00 dans * Films noirs (1935-1959), 1940-1949, ZINNEMANN Fred | Pas de commentaires »

Les Yeux dans les ténèbres

Un détective privé aveugle enquête sur un meurtre mystérieux qui implique une vieille amie… Aveugle, mais impressionnant, le détective : une force de la nature capable de terrasser n’importe quel adversaire à mains nues, un sens de l’observation hors du commun, sans même parler de l’intelligence du gars.

Et son chien ! Son chien… Véritable héros du film, en charge à la fois de l’action et de l’humour. Du rythme, aussi, tout en accélérations, en sauts, en morsures subites… Edward Arnold (symbole de l’establishment chez Capra) est inattendu et très bien dans le rôle du privé aveugle Duncan Maclain, qu’il retrouvera trois ans plus tard dans L’Œil caché. Mais c’est bien Friday, le berger allemand, le vrai héros de ce polar de série B.

Fort plaisant, ce polar, petite chose sans prétention mais qui se regarde avec un grand plaisir simple. Le jeune Fred Zinnemann, dix ans avant sa grande période (Le Train sifflera trois fois sera tourné en 1952), fait le job avec un vrai talent. Il y a de bien bons acteurs devant sa caméra : Friday et Edward Arnold, donc, mais aussi Ann Harding en femme mure et digne, et Donna Reed (que l’on verra aussi chez Capra, et que Zinnemann dirigera de nouveau dans Tant qu’il y aura des hommes) en belle-fille hautaine. Elle qu’on connaîtra en incarnation même de la jeune femme douce et attentionnée (La Vie est belle) trouve ici un rôle de peste assez antipathique. Et réjouissant.

Tant qu’il y aura des hommes (From here to Eternity) – de Fred Zinnemann – 1953

Posté : 1 juin, 2016 @ 8:00 dans 1950-1959, LANCASTER Burt, ZINNEMANN Fred | Pas de commentaires »

Tant qu'il y aura des hommes

Ah cette étreinte amoureuse balayée par les vagues ! Cette image de Deborah Kerr et Burt Lancaster s’enlaçant sur la plage est devenue l’une des icônes du 7ème art, au point d’avoir été parodiée plus d’une fois. Pourtant, dans cette scène, c’est tout ce qui précède qui continue aujourd’hui à troubler, ce désir apparent entre ces deux êtres qui tentent (mollement, quand même) d’y résister…

Visuellement, ce classique un peu surévalué a un intérêt limité. C’est filmé efficacement et avec un classicisme assez élégant, mais Zinnemann n’est ni John Ford, ni William Wellman, deux cinéastes qui ont su filmer les groupes masculins d’une manière autrement plus stimulante. Il manque à Zinnemann la flamme grâce à laquelle le cinéma de ses aînés n’a rien perdu de sa force.

Mais le scénario est formidable, partant d’une belle idée : faire se croiser les destins particuliers de personnages dans une base militaire de Pearl Harbor, quelques jours avant ce fameux 7 décembre. Ces personnages sont remarquablement dessinés, et surtout par des acteurs absolument formidables. Et parfois inattendus.

A l’image de Frank Sinatra, has-been à l’époque, qui s’est battu pour décrocher le rôle que personne ne voulait lui donner, et qui lui vaudra un Oscar du second rôle et une renaissance artistique qui relancera sa carrière. Il est bouleversant en chien fou qui se met à donner celui qu’il ne fallait pas : le gardien impitoyable d’une prison militaire dans laquelle il finira par être envoyé (Ernest Borgnine, sadique comme il sait l’être).

Montgomery Clift est parfait aussi, en soldat obstiné jusqu’à l’extrême. Lui que la méthode Actor’s Studio pousse parfois à surinterpréter les émotions trouve un rôle absolument parfait pour lui : un ancien boxeur bien décidé à ne par réagir aux brimades de ses camarades et de ses supérieurs qui veulent l’obliger à remonter sur lui.

Les seconds rôles sont tous parfaits (mention à Claude Akin, toujours impeccable même dans une apparition aussi modeste). Et les rôles de femmes sont particulièrement marquants, comme souvent chez Zinnemann (on se souvient bien sûr de Grace Kelly dans Le Train sifflera trois fois). Donna Reed est particulièrement émouvante, et Deborah Kerr d’une justesse exemplaire, femme digne et resplendissante dont le vernis craque rapidement. Et ce regard qu’elle porte à Burt Lancaster se déshabillant sur la plage vaut largement cette fameuse étreinte si souvent parodiée.

Lancaster, justement, dont je ne cesse de redécouvrir l’immense talent, en plus de son charisme impressionnant. Il est ici d’une grande justesse, et c’est lui qui donne constamment le ton du film : cette force tranquille qui s’en dégage, et ces fêlures qui affleurent. Pas sûr que Tant qu’il y aura des hommes aurait gardé cette place dans l’histoire sans sa présence…

* Le film fait partie de la collection blue ray « Very Classics » sortie chez Sony. Une belle édition avec un livret passionnant et joliment illustré.

Le Train sifflera trois fois (High Noon) – de Fred Zinnemann – 1952

Posté : 27 février, 2014 @ 2:51 dans 1950-1959, COOPER Gary, WESTERNS, ZINNEMANN Fred | Pas de commentaires »

Le Train sifflera trois fois

Howard Hawks détestait ce film et surtout son héros, shérif dont une bande de gangsters veut la peau, et qui passe les trois quarts du film à arpenter les rues en réclamant de l’aide à des villageois qui lui ferment systématiquement la porte au nez. C’est en réaction à ce faux héros qu’il tournera Rio Bravo, sorte de double inversé de High Noon, dont le shérif assumera jusqu’au bout ses fonctions, en refusant d’impliquer la population.

Mais on n’est pas obligé de choisir son camp. On peut trouver que Rio Bravo est l’un des plus grands westerns jamais tournés, et aimer ce High Noon assez incroyable, aux parti-pris radicaux et au scénario brillantissime. Quasiment dénué d’action, jusqu’à la fusillade finale qui fait figure de libération tant elle est attendue, le film est admirablement tendu, se limitant la plupart du temps à une interminable attente.

Raconté en temps réel (plutôt rare, dans un western), le film raconte l’heure qui précède l’arrivée, par le train de midi, du criminel qui a juré la mort du shérif. L’une des grandes idées de Zinnemann est d’avoir placé des horloges partout, horloges que les personnages ne cessent de scruter, et dont les aiguilles semblent ne pas avancer tant on attend la délivrance.

Le réalisateur, qui tournera l’année suivante son autre classique, Tant qu’il y aura des hommes, va au bout de son sujet. Sa mise en scène souligne efficacement la solitude grandissante du shérif, abandonné par tous ceux qu’il pensait être ses amis, y compris la femme qu’il vient d’épouser (Grace Kelly, quaker qui refuse de voir son mari utiliser les armes) et l’ami qu’il croit fidèle (Thomas Mitchell), qui se lance dans un vibrant plaidoyer visiblement à son avantage, mais qui finit par l’enterrer définitivement…

Le visage en gros plan de Gary Cooper, filmé dans des rues désertées, souligne merveilleusement la peur et la rancœur qui naissent dans son esprit. L’acteur est immense, une fois de plus, dans ce rôle effectivement anti-héroïque au possible : le shérif, s’il reste droit constamment, va réclamer de l’aide jusque dans une église, et se laisse aller à ses angoisses lorsqu’il se croit seul.

Il y a comme ça de nombreuses fulgurances dans la mise en scène de Zinnemann : la bagarre absurde avec l’adjoint joué par Lloyd Bridges, les errances désespérées de Gary Cooper, son visage tuméfié à travers une vitre brisée, et puis le regard sans complaisance qu’il lance à la population enfin rassemblée autour de lui… Mais le réalisateur adopte par moments une mise en scène purement fonctionnelle que l’on sent inspirée par les shows télévisés naissants, et qui n’est pas toujours à la hauteur d’un scénario exceptionnel.

Un scénario qui permet aux seconds rôles les plus anodins d’exister, de l’odieux réceptionniste au pathétique borgne réclamant qu’on lui offre une dernière chance, du prêtre incapable de savoir ce qui est juste à la « professionnelle » (l’excellente Katy Jurado), seule  personnage clairvoyant de l’histoire… Des êtres qui, pour certains, sont à peine plus que des figurants, mais qui donnent une troublante authenticité à cette ville, dont Zinnemann fait un condensé d’une Amérique marquée par le McCarthysme.

 

Kiefer Sutherland Filmographie |
LE PIANO un film de Lévon ... |
Twilight, The vampire diari... |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | CABINE OF THE DEAD
| film streaming
| inderalfr