La Femme vêtue de noir (Damen i svart) – d’Arne Mattson – 1958
Arne Mattson a le sens du cadre, c’est un fait. Arne Mattson n’est pas un grand directeur d’acteur, c’est un autre fait. Il n’a pas non plus le sens du rythme, et met en images un scénario assez médiocre et bourré de grosses ficelles. D’où une question qui me vient à l’esprit : de belles images peuvent-elles sauver un film par ailleurs pas terrible ? Question simple, réponse à la carte…
Parce que franchement, il y a plein de moments où on se dit que Mattson nous prend pour des crétins, que sa manière de semer le trouble sur la possible culpabilité de chacun des personnages a un côté déjà très éculé en 1958. Parce que la plupart des personnages sont caricaturaux ou à peine dessinés, en tout cas peu crédibles (le comparse des détectives, avec ses faux airs de Buster Keaton qui surjoue la comparaison… bof). Mais aussi parce que oui, par moments, le film séduit.
Il séduit par ses cadrages donc, avant toute chose : belles compositions qui jouent à la fois avec la profondeur de champs et avec les ombres, en bon élève de Jacques Tourneur, mais aussi des récents succès de la Hammer, sources d’inspiration flagrantes pour le réalisateur. Il séduit aussi par son couple de héros, détectives confrontés à une affaire flirtant avec le surnaturel.
L’intrigue elle-même n’a strictement aucun intérêt, mais c’est à ce couple évoluant dans un microcosme qui lui est étranger que l’on doit tout le plaisir : la belle Annalisa Ericson surtout, indépendante, perspicace et moderne (elle porte des pantalons, c’est dire), qui surpasse sans se la raconter son mari gentiment macho (joué par Karl-Arne Holmsten). Pas étonnant que le couple soit devenu si populaire : on les retrouvera dans quatre autres films.