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Archive pour la catégorie 'Sherlock Holmes'

La Voix de la Terreur / Sherlock Holmes et la voix de la terreur (Sherlock Holmes and the voice of terror) – de John Rawlins – 1942

Posté : 25 juin, 2024 @ 8:00 dans * Films noirs (1935-1959), 1940-1949, RAWLINS John, Sherlock Holmes | Pas de commentaires »

La Voix de la Terreur

En 1942, tout le monde participe à l’effort de guerre, y compris Sherlock Hommes et son comparse Watson. Après deux premiers films fidèles dans l’esprit et dans l’époque, voilà donc Basil Rathbone et Nigel Bruce appelés à revêtir leurs frusques conan-doyliennes dans une étonnante réinvention contemporaine.

Ces deux figures de l’ère victorienne se retrouvent donc confrontés… aux dangers du nazisme, qui menace de l’intérieur une Angleterre en guerre. Un changement de cap étonnant, justifié par un carton inaugural simple et bien pratique, et sur lequel le film ne joue que le temps d’une très courte scène, lorsque Holmes fait mine de renfiler son vieux couvre-chef à oreilles. « Non Holmes, vous avez promis ! » l’arrête Watson.

Le film joue à fond la carte du patriotisme de rigueur, n’évitant pas les grandes envolées lyriques de défenseur du monde libre, parfois grandiloquent, souvent maladroitement. Il y aurait à redire aussi sur les rebondissements attendus, sur la naïveté confondante des méchants (Thomas Gomez notamment, en nazi infiltré), et sur le simplisme du scénario.

Mais cette série B d’à peine plus d’une heure, taillée pour les double-programmes, est constamment tirée vers le haut par une image très travaillée du chef-op’ Woody Bredell (qui travaillera avec Siodmak sur Les Mains qui tuent et Les Tueurs) et par les cadres dynamiques de John Rawlins (qui lui restera cantonné à la série B).

Pas transcendant sur le fond, ce troisième Holmes de la série est formellement une vraie réussite, particulièrement dans les scènes se déroulant dans les bas-quartiers et les bouges mal famés, où les ombres profondes et le beau contraste des images transforment cette petite production en un film racé qui a de la gueule.

Sherlock Holmes / Les Aventures de Sherlock Holmes (The Adventures of Sherlock Holmes) – de Alfred L. Werker – 1939

Posté : 12 mai, 2024 @ 8:00 dans 1930-1939, LUPINO Ida (actrice), POLARS/NOIRS, Sherlock Holmes, WERKER Alfred | Pas de commentaires »

Sherlock Holmes 1939

On ne change pas une équipe qui gagne… Il faut battre le fer tant qu’il est chaud… Bref : vous voyez ce que je veux dire. Le succès du Chien des Baskerville n’a pas tardé à enclencher le tournage d’une seconde enquête de Sherlock Holmes et de son complice Watson, toujours campés par l’excellent Basil Rathbone et le fendard Nigel Bruce.

Quelques mois seulement séparent la sortie des deux films, ce qui paraît très peu, y compris vu de 2024, alors qu’on pense déjà aux quinze suites potentielles avant même que le premier ne soit tourné. Mais rappelons que personne n’a encore la télévision dans son salon en 1939, et que certaines séries B à suites ressemblent d’avantage à nos séries d’aujourd’hui qu’à de simples films.

C’est déjà le cas de Sherlock Holmes, et ça le sera encore plus à partir du troisième film, où la série prendra une nouvelle direction. Mais n’anticipons pas trop… Après le plus célèbre des romans de Conan Doyle, c’est un recueil de nouvelles qui est librement adapté ici, et qui est surtout l’occasion de rencontrer le principal antagoniste de Holmes : le professeur Moriarty, qu’interprète avec gourmandise le prince maléfique de la série B (et C, et D… et Z), George Zucco.

Et puisqu’on en est aux interprètes, il faut souligner la présence, dans un rôle important, d’Ida Lupino. L’actrice est alors au tournant de sa carrière. Si elle est loin d’être une débutante, elle n’occupera le premier plan qu’à partir de l’année suivante, en enchaînant deux films sous la direction de Walsh : Une femme dangereuse et High Sierra. Ce qui a de la gueule.

Pour l’heure, elle joue les faire-valoir dans un polar de série B dont, finalement, je n’ai pas dit grand-chose. Peut-être parce que le film a les mêmes qualités et les mêmes limites que Le Chien des Baskerville, dont on retrouve le rythme, le suspense et la drôlerie, et cette envie bien sympathique de créer des atmosphères angoissantes.

Après la lande brumeuse, l’intrigue se concentre davantage sur les ruelles de Londres, essentiellement de nuit. Parce que la nuit, c’est comme la brume : c’est très cinégénique, et ça permet de faire des économies de dingue sur les décors. Bref, c’est bien sympathique, plein de dialogues réjouissants. Un plaisir modeste qui ne se refuse pas…

Le Chien des Baskerville (The Hound of the Baskervilles) – de Sidney Lanfield – 1939

Posté : 15 avril, 2024 @ 8:00 dans 1930-1939, LANFIELD Sidney, POLARS/NOIRS, Sherlock Holmes | Pas de commentaires »

Le Chien des Baskerville 1939

Combien d’acteurs, depuis l’invention du cinéma, ont interprété Sherlock Holmes ? Rien que sur ce blog, on peut en retrouver une dizaine. Et ce n’est qu’une toute petite partie de la très abondante filmographie qui fait du détective imaginé par Conan Doyle l’un des personnages les plus prolifiques du 7e art (avec Dracula ?).

Tiens… Même question sur la plus célèbre de ses enquêtes : combien de fois Le Chien des Baskerville a-t-il été adapté ? Au moins huit au cinéma d’après wikipédia (c’est qu’on investigue sur ce blog), deux fois plus à la télévision. La plus célèbre est sans doute la version Hammer de 1959, avec Peter Cushing et Christopher Lee. Mais celle tournée vingt ans plus tôt est elle aussi très recommandable.

Cette version de 1939 est aussi la seule américaine, et le premier film à réunir le tandem formé par Basil Rathbone et Nigel Bruce, qui se retrouveront à quatorze reprises pour une série de films jusqu’en 1946. Rathbone qui, au risque de ne vraiment pas être original, reste le meilleur Holmes, en tout cas le plus conforme à l’image que l’on s’en fait… à moins que ce soit ses films et sa prestation qui aient infusé sur la vision du lecteur…

Ce n’est pas le cas de Nigel Bruce, que je continue à trouver profondément réjouissant dans le rôle de Watson, mais qui n’a pas grand-chose à voir avec le personnage tel qu’il a été imaginé par Conan Doyle. Bruce en fait un type attachant et courageux, mais un peu idiot et ridicule, beaucoup moins proche du Watson original que… de la plupart des rôles de Bruce.

Ce premier film du tandem est en tout cas une belle réussite, bien plus ambitieuse que la réputation de séries B fauchées et tournées à la va-vite que véhicule la longue série. Sans être une immense production, il y a en tout cas une vraie volonté de plonger le spectateur dans une atmosphère angoissante et mystérieuse, particulièrement convaincante.

Le rythme est impeccable, les décors très réussis, en particulier cette lande plongée dans la brume (toujours pratique pour limiter un budget, mais toujours très cinégénique), où se situe le cœur de l’action, et où se déroulent les séquences les plus mémorables. Le film a été un gros succès. Coup d’envoi d’une série qui devait prendre une direction inattendue. Mais ça, c’est une autre histoire…

Meurtre par décret (Murder by decree) – de Bob Clark – 1979

Posté : 26 mars, 2021 @ 8:00 dans * Polars européens, 1970-1979, CLARK Bob, Sherlock Holmes | Pas de commentaires »

Meurtre par décret

Sherlock Holmes contre Jack l’Eventreur… C’était déjà le thème (et le titre) d’un film de 1965 dans lequel l’inspecteur Lestrade était déjà joué par Frank Finlay, qui retrouve donc le même rôle quinze ans plus tard. Anthony Quayle aussi était déjà de la partie, mais dans un tout autre rôle.

Quant au duo Holmes/Watson, il est ici interprété par Christopher Plummer et James Mason, et c’est la double-meilleure nouvelle du film. Parce que l’un comme l’autre sont parfaits, et parce que l’un avec l’autre, ils forment un duo enthousiasmant dans leurs différences comme dans leur complémentarité.

On les découvre d’abord dans un théâtre où ils attendent le début d’une représentation, retardée pour attendre le Prince de Galles. Son arrivée déclenche des huées au troisième balcon, où se trouvent les quelques représentants des quartiers modestes, et les réactions de nos deux héros sont radicalement différentes : Watson outré qu’on puisse siffler la couronne, Holmes à la fois complice et rigolard, et admiratif de la droiture de son ami.

Plus tard, c’est un simple petit pois récalcitrant qui illustre la complicité et les différences des deux hommes, dont on ne peut que regretter qu’ils soient si souvent séparés. Les personnages sont alors nettement plus convenus, moins surprenants, et un peu moins excitants, d’autant que Holmes paraît le plus souvent à côté de la plaque, n’avançant dans son enquête qu’à force de faire des erreurs, souvent dramatiques.

Bob Clark ne manque pas d’ambition : il s’attaque au double mythe de Sherlock Holmes et de Jack l’Eventreur, avec toute l’imagerie qu’ils véhiculent. Sans rien oublier, et en optant pour l’option complotiste au plus haut sommet de l’État. On a donc droit à des crimes horribles, à des déambulations dans les rues grouillantes de vie, des intrigues dans les boudoirs, aux secrets de la franc-maçonnerie, et bien sûr aux brumes de Whitechapel.

Là, l’ambition de Bob Clark marque ses limites : celle d’un style approximatif, fait d’effets parfois faciles (caméra subjective, zooms et ralentis) pour créer une atmosphère poisseuse et inquiétante. A moitié réussi seulement, mais Christopher Plummer et James Mason arrivent toujours à temps pour relancer l’intérêt, et assurer le plaisir.

La Maison de la peur / Sherlock Holmes et la maison de la peur (House of Fear) – de Roy William Neill – 1945

Posté : 17 juillet, 2019 @ 8:00 dans * Films noirs (1935-1959), 1940-1949, NEILL Roy William, Sherlock Holmes | Pas de commentaires »

La Maison de la peur

Dans la très longue série des Sherlock Holmes interprétée par Basil Rathbone et Nigel Bruce, celui-ci est une chouette réussite, un hommage original et savoureux aux films d’épouvante de la première heure (The Cat and the Canary en tête), et aux traditionnelles maisons hantées.

La Maison de la peur est aussi construit comme un clin d’œil aux fameux 10 petits nègres, dont il reprend la dramaturgie, dès la séquence d’ouverture particulièrement réussie, toute en voix off : une belle manière d’introduire en même temps le décor, les personnages, le mystère, et Holmes lui-même.

Le détective et son fidèle compagnon Watson arrivent donc dans une grande demeure où se réunissent les sept membres d’un club de vieux camarades, qui meurent mystérieusement les uns après les autres, le criminel ne laissant que des cadavres méconnaissables… et des pépins d’orange.

Le film a les défauts et les qualités de cette longue série : un rythme impeccable et une intrigue resserrée, le flegme réjouissant de Rathbnone, et le cabotinage de Nigel Bruce qui peut être agaçant mais se révèle ici très pertinent, parce qu’il est un contrepoint parfait à une atmosphère plutôt angoissante.

Il y a là quelques séquences inhabituelles de pure trouille, que Roy William Neill (réalisateur attitré de la saga) confronte à une pointe d’humour avec bonheur : en particulier lors de cette séquence nocturne très flippante durant laquelle Watson tente de garder bonne figure, où lorsqu’il se met à parler à une chouette…

Dixième des quatorze films de la série, et clairement l’une des meilleures réussites.

Sherlock Holmes contre Jack l’Eventreur (A study in terror) – de James Hill – 1965

Posté : 19 avril, 2019 @ 8:00 dans * Polars européens, 1960-1969, HILL James, Sherlock Holmes | Pas de commentaires »

Sherlock Holmes contre Jack l'Eventreur

Prenez un personnage (fictif) mythique de la culture populaire. Opposez-le à un monstre (bien réel) devenu figure mythique de la culture populaire. Confiez cette confrontation à un réalisateur sans grande envergure. Et vous obtenez un thriller appliqué qui remplit parfaitement son cahier des charges, sans jamais sortir de son cadre.

Soit, donc, les ruelles toutes en pavées (et bien trop propres) de White Chapel, quartier londonien condamné à être baigné dans la brume. Soit, aussi, des meurtres de prostitués qui s’enchaînent, et ces furtives images d’un tueur en vêtement long et sacoche à la main. Soit, encore, d’étranges accointances entre la haute bourgeoisie et les habitants de ce quartier mal famé. Voilà pour l’imagerie de Jack l’Eventreur.

Côté Sherlock Holmes, rien n’est oublié, ou presque (pas la moindre trace d’opium ou de quelque drogue que ce soit) : si la pipe, ni la redingote, ni les élémentaire mon cher Watson, ni bien sûr le fameux sens de l’observation et de la déduction du détective. Bien plus proche de l’imagerie liée aux précédentes (et nombreuses) adaptations ciné qu’à l’oeuvre de Conan Doyle.

On est donc en terrain connu, on se demande un peu pourquoi ces deux mythes ne se sont pas rencontrés plus tôt, on suit avec intérêt l’évolution de l’enquête, on soupçonne comme il se doit la plupart des personnages (y compris une jeune femme interprétée une charmante Judi Dench), on s’amuse à se faire gentiment peur… mais au fond on vit ce film comme on vivrait une sorte de jeu de rôle : en profitant du voyage sans jamais être vraiment surpris.

John Neville, futur Münchausen de Gilliam et futur « homme manucuré » de X-Files, joue pleinement le jeu de ce Holmes trop parfait pour être réellement crédible. Parfait donc, mais comme l’est un pastiche.

Le Secret de la pyramide (Young Sherlock Holmes) – de Barry Levinson – 1985

Posté : 8 janvier, 2019 @ 8:00 dans 1980-1989, FANTASTIQUE/SF, LEVINSON Barry, POLARS/NOIRS, Sherlock Holmes | Pas de commentaires »

Le Secret de la pyramide

Sherlock Holmes et John Watson se seraient rencontrés sur les bancs de l’université ? Cherchez pas : jamais Conan Doyle n’aborde la jeunesse de son détective. Cette idée originale permet à la team Spielberg d’intégrer le personnage dans son univers très codifié et très cohérent en ce milieu des années 80, l’époque héroïque de Retour vers le Futur ou des Goonies, l’époque aussi où Indiana Jones était flanqué d’un enfant. Bref, une poignée d’années au cours desquelles Spielberg, réalisateur ou (comme ici) producteur n’envisageait un film que par et pour la jeunesse.

Un parti pris qui ne durera pas, mais qui a une petite tendance à tourner au recyclage. Dans Le Secret de la Pyramide, la Spielberg touch est ainsi particulièrement visible dans une séquence de cérémonie sacrificielle qui semble tout droit sortie du Temple maudit, jusqu’à la manière de la mettre en scène et d’y inclure les héros. Quant à la manière d’évoquer les attributs légendaires du héros (la pipe, la casquette, la redingote…), elle annonce presque à l’identique la première partie de La Dernière Croisade. Rien ne se perd, tout se recycle, jusqu’à l’excès parfois.

Cela étant dit, Young Sherlock Holmes reste une vraie réussite, à laquelle le réalisateur Barry Levinson réussit à donner un look à part, une esthétique très soignée qui évoque davantage l’expressionnisme allemand avec ses longues ombres portées, que les autres productions Amblin. Le scénario n’évite pas les longueurs, mais la mise en scène est le plus souvent très inspirée, et donne un rythme imparable et une allure folle à ce film fun, mais aussi assez sombre : il est quand même question d’un jeune homme qui apprend la perte, le deuil et la solitude…

L’intrigue est totalement improbable, cette histoire de vengeance semble sortie d’un serial des années 30, l’identité du grand méchant est évidente dès qu’il apparaît (y compris son identité secrète, qui n’est dévoilée qu’après le générique de fin)… Mais le film séduit par sa manière de jouer avec les peurs enfantines, les incluant même dans la narration, à travers des séquences d’hallucination qui mettent en scène des effets spéciaux datés, mais très rigolos.

Bien fichue, bourrée de séquences mémorables (celle de l’enterrement, celle du cimetière, celle du lac gelé…), cette production typique du Spielberg des années 80 a particulièrement bien vieillie. Quant à Nicholas Rowe, il retrouvera le personnage de Sherlock Holmes trente ans plus tard, à l’occasion d’un bref cameo dans le Mr. Holmes qui, lui, présentait l’autre versant inconnu de la vie du détective : sa vieillesse.

On a arrêté Sherlock Holmes / On a tué Sherlock Holmes (Der Mann, der Sherlock Holmes war) – de Karl Hartl – 1937

Posté : 2 octobre, 2017 @ 8:00 dans * Polars européens, 1930-1939, HARTL Karl, Sherlock Holmes | Pas de commentaires »

On a arrêté Sherlock Holmes

Par une nuit pluvieuse, deux hommes arrêtent un train, y montent et s’y font passer pour Sherlock Holmes et le docteur Watson. Bientôt, la réputation du célèbre détective les précède où qu’ils aillent…

Le pitch de cette production UFA est étonnant, et tient plutôt bien ses promesses. Bavard, trop sans doute, le film ne manque en tout cas pas de charme, avec son mélange séduisant de suspense, de comédie, d’action (avec une spectaculaire scène de bagarre dans un entrepôt où chaque accessoire semble être utilisé) et même de film musical avec une chanson qu’entonnent soudain nos deux héros, dans un moment franchement réjouissant.

Cette production allemande est un pur divertissement qui échappe à peu près à toute lecture politique, en tout cas à tout esprit de propagande nazien Goebbels ayant à l’époque la main sur la UFA, et utilisant les films plus prestigieux comme des outils au service du Parti. Ce faux Sherlock Holmes n’est pas de ceux-là. La présence de la vedette Hans Albers l’atteste : cet anti-Nazi très populaire était l’un des rares acteurs à pouvoir refuser les films dont le message ne lui plaisait pas.

Le film est loin de ce contexte lourd, même si on peut y voir, en grattant bien, une critique amusée et un rien cynique d’institutions qui se font berner par des petits escrocs. C’est surtout un joyeux film de genre, décomplexé et frôlant avec délice le n’importe quoi.

Qu’importe les excès et les invraisemblances (et entendre Holmes et Watson parler allemand n’est pas la moindre) pourvu qu’il y ait du plaisir. Et plaisir il y a, de la première scène sous la pluie jusqu’à la conclusion, simulacre de procès et vrai spectacle.

La Vie privée de Sherlock Holmes (The Private Life of Sherlock Holmes) – de Billy Wilder – 1970

Posté : 18 juin, 2017 @ 8:00 dans * Polars européens, 1970-1979, Sherlock Holmes, WILDER Billy | Pas de commentaires »

La Vie privée de Sherlock Holmes

Entre Wilder et Sherlock Holmes, la rencontre était loin d’être évidente. L’élégante légèreté et l’ironie mordante du premier était-elle vraiment compatible avec la logique et le cynisme du plus célèbre des détectives ? Eh bien oui. Non seulement Wilder réussit son pari, mais il signe tout simplement l’un des meilleurs « Sherlock Holmes movies », pour ne pas dire le meilleur.

La grande force du film, c’est justement cette alliance improbable. Entre les deux univers, Wilder choisit de ne pas choisir. Et c’est un mariage heureux qui en sort. L’atmosphère des récits de Conan Doyle a-t-elle déjà été aussi bien mise en image ? Pas sûr. La rigueur (la raideur, même), de Sherlock Holmes est bien là, son sens de l’observation, son verbe haut, sa relation avec le Docteur Watson, son penchant pour la drogue qui occupe son cerveau incapable de rester au repos… Bref, Sherlock Holmes tel que Conan Doyle l’a créé, et tel qu’on se l’imagine.

Mais l’ironie de Wilder est bien là. Et son Sherlock Holmes (joué par Robert Stephens), tout en superbe, a beau être le détective star que tout Londres s’arrache, jusqu’à la reine elle-même, jamais il ne fait réellement avancé l’intrigue. Pire, il révèle peu à peu une propension peu commune à se laisser manipuler, victime de son propre ego. Il semble même être ramené au rang de .gamin au contact de son frère Mycroft (Christopher Lee, qui retrouve l’univers de Sherlock Holmes après Le Chien des Baskerville), qui semble lui faire perdre ses moyens.

C’est là toute la réussite du film : la capacité qu’a Wilder (et le scénariste I.A.L. Diamond, avec qui il écrit cette aventure originale du détective) à jouer avec la réputation de Holmes, et avec la perception qu’en ont les Londoniens… et les spectateurs. Cela donne les plus belles scènes, notamment celle où Holmes, pour échapper à la troublante proposition d’une célèbre ballerine, laisse entendre qu’il file le parfait amour avec Watson… C’est drôle, brillant, et passionnant.

Mr. Holmes (id.) – de Bill Condon – 2015

Posté : 2 octobre, 2016 @ 8:00 dans 2010-2019, CONDON Bill, Sherlock Holmes | Pas de commentaires »

Mr. Holmes

Bien sûr, il y a le sens de l’observation, quasi intact, du plus célèbre des détectives, capable de dire à sa gouvernante qu’elle vient de prendre le train pour Portsmouth et qu’elle a accepté un nouveau travail. On les attend, forcément, ces déductions incroyables, et on les retrouve avec un plaisir gourmand, même s’il ne s’agit que de toutes petites choses comme dans cette scène d’ouverture, où Holmes comprend qu’un enfant s’apprête à taper sur une vitre pour effrayer une guêpe…

Des petites choses, qui tirent à Holmes un petit sourire satisfait, ou plutôt rassuré. Car ce Holmes-là n’est pas le vaniteux splendide des récits de Conan Doyle. Cette adaptation d’un roman beaucoup plus récent confronte le détective au plus terrible de ses ennemis, bien pire que Moriarty : la vieillesse, et tout son cortège de saloperies. Holmes est vieux (93 ans), et seul. Watson, Mycroft, Mme Hudson sont tous morts. Et une vieille affaire le hante, traumatisme qui l’a poussé, bien des années plus tôt, à quitter Londres pour se perdre dans la campagne anglaise.

Holmes est rongé par un sentiment de culpabilité. Pourtant, il ne sait plus pourquoi : sa mémoire lui fait défaut. Et le terrain de jeu de sa dernière enquête, c’est lui-même et son cerveau abîmé… Ian McKellen est extraordinaire dans le rôle de cet homme arrivé au bout de sa vie, qui tente désespérément de se raccrocher aux bribes de la légende qu’il fut. Un vieillard qui retrouve sa fièvre d’autrefois par bribes, entre deux accès de sénilité, et dont la cohabitation avec un gamin, fils de sa gouvernante, apporte de subits regains d’énergie.

Mr. Holmes joue habilement avec cette mémoire défaillante et cette forme inégale, en multipliant les flashbacks et cassant constamment le rythme. Bill Condon entremêle les petites intrigues et les époques, pour ce qui est le dernier voyage d’un homme habité par ses échecs et ses trop grands succès. L’enquête à proprement parler est plus psychologique que policière, mais Condon se rapproche curieusement de l’esprit des récits originaux, témoignant d’un amour sincère pour ce personnage.

Surtout, son film tourne autour de cet improbable triangle sur lequel pèse constamment l’ombre de ce que fut Sherlock Holmes : le détective lui-même, et l’équilibre qu’il peine à trouver avec sa gouvernante et le fils de cette dernière. Laura Linney rappelle qu’elle est une actrice sublime. Son interprétation tout en finesse d’une mère qui voit son enfant trop intelligent s’éloigner d’elle est bouleversante. Si le film est aussi beau, c’est peut-être surtout grâce aux acteurs…

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