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Archive pour la catégorie 'CHANDOR J.C.'

Triple Frontière (Triple Frontier) – de J.C. Chandor – 2019

Posté : 3 juillet, 2020 @ 8:00 dans 2010-2019, ACTION US (1980-…), CHANDOR J.C. | Pas de commentaires »

Triple Frontière

Après nous avoir plongés au cœur du drame humain de la crise financière de 2008 (Margin Call), après avoir paumé Redford seul au milieu de l’océan (All is Lost), après avoir ressuscité le thriller américain des années 70 (A most violent year), JC Chandor s’attaque au pur film d’action. Ce choix marquerait-il une pause dans ses ambitions ? Sur le fond, un peu : Triple Frontière est, de tous ses films, le plus classique sur le papier. Mais dans la forme, ce quatrième long métrage confirme ce qu’on pensait : JC Chandor est l’un des cinéastes les plus excitants du moment.

Les premières scènes laissent légèrement dubitatif : cette histoire de militaires revenus à la vie civile sans le sou et sans projet a un petit côté déjà vu. Mais déjà, le choix des acteurs fait la différence : Charlie Hunnam, Oscar Isaac (déjà génial dans le précédent film de Chandor), Ben Affleck même, intense et étrangement dépassé derrière sa barbe trop fournie et sa carrure trop empâtée… Il se dégage de ces personnages quelque chose de vraiment intense que Chandor sait saisir.

Mais question intensité, on atteint des sommets au premier coup de feu… Une embuscade en pleine ville, une course poursuite à travers les favelas, un braquage en pleine jungle, un crash d’hélicoptère dans les Andes, une fuite à travers la montagne… En un peu plus de deux heures, Chandor multiplie les scènes d’action, dans des décors extraordinaires et totalement atypiques.

Et c’est ça l’enjeu (et la réussite) du film. Les personnages, l’intrigue… Tout ça est très réussi, mais ce qui compte vraiment, c’est comment intégrer l’action dans le paysage, comment filmer la montagne, la jungle, la ville même, pour que ces décors interagissent avec l’action.

Après s’être glissé dans la peau d’un Sidney Lumet, Chandor flirte ici avec le McTiernan de Predator, et surtout le Anthony Mann de L’Appât : un cinéaste qui construit son action en fonction du décor (naturel) qu’il filme. Les modèles sont immenses, Chandor l’est aussi : ces scènes d’action sont parmi les plus enthousiasmantes, et parmi les plus tendues de ces dernières années. Les larges mouvements de caméra n’ont qu’un but : jamais de l’épate, toujours de l’immersion.

Avec Triple Frontière, Chandor s’essaye au film d’action. Filmé comme ça, le genre n’a rien de mineur, et ce film marque une nouvelle étape dans une carrière encore réduite, mais décidément emballante.

Margin call (id.) – de J.C. Chandor – 2011

Posté : 2 juillet, 2015 @ 5:05 dans 2010-2019, CHANDOR J.C. | Pas de commentaires »

Margin Call

Les premiers pas de la crise racontés du point de vue d’une grande banque d’affaires à la Golden Sachs… Sur le papier, c’est maux de crâne assurés et promesse d’une balade guère enthousiasmante au milieu d’un nid de traders avec jargon boursier et yeux rivés sur des écrans incompréhensibles. Et à l’écran : une merveille, fascinante virée dans un univers (pourri) en déliquescence.

J.C. Chandor, dont c’est le premier long métrage, fait preuve d’une maîtrise assez incroyable dans sa manière de raconter son histoire. Le pari est pourtant osé : parce que qui, au fond, comprend réellement tout ce qui se passe dans cet immense immeuble, alors que la crise menace ? Mais Chandor prend un parti pris génial : on ne maîtrise pas ce langage abscond ? Pas grave, les dirigeants de la boîte eux-mêmes sont dépassés.

Ou comment, sans rien enlever de la complexité de la chose, Chandor transforme l’immoralité du monde de la finance en une dramaturgie parfaitement épurée, qui se résume pour l’essentiel à la confrontation et aux dilemmes moraux d’une dizaine de personnages : grand boss ou petit trader, « tueur » ou « victime ». C’est là que le génie de Chandor est le plus frappant : dans sa manière de suivre chacun des personnages sans jamais donner l’impression d’en sacrifier un. Un formidable ballet allant de l’un à l’autre avec une force, une intelligence et une évidence rarissimes.

Il y a les comédiens, tous formidables (Kevin Spacey, Demi Moore, Paul Bettany, Jeremy Irons, Stanley Tucci, Zachary Quinto, Simon Baker…). Mais il y a surtout cette tension qui s’installe dès la première séquence, qui pèsera sur tout le film : l’apparition d’un sordide cortège chargé « d’alléger » l’étage d’une grande partie de son personnel. Une image extrêmement forte qui pose d’emblée l’aspect inhumain et absurde.

Critique et lucide, Chandor fait la part belle aux plans fixes sur des visages inquiets, des regards réduits à une forme d’avidité. Il y a bien quelques lueurs d’espoirs : les doutes de Kevin Spacey avant de plonger le monde dans une crise forcément cruelle ; la nostalgie d’un Stanley Tucci qui se souvient de son passé d’ingénieur, lorsqu’il fabriquait des ponts et que son métier servait à quelque chose… Mais dans ce monde-là, les illusions ne sont pas faites pour durer.

Et c’est une claque que nous file Chandor dès son premier film. Ses deux suivants, All is lost et A most violent year, seront tout aussi enthousiasmants. C’est l’un des cinéastes les plus passionnants du moment qui naît avec ce film.

A most violent year (id.) – de J.C. Chandor – 2014

Posté : 6 février, 2015 @ 6:24 dans * Thrillers US (1980-…), 2010-2019, CHANDOR J.C. | Pas de commentaires »

A most violent year

En trois films seulement (après les intenses Margin Call et All is lost), J.C. Chandor est devenu, mine de rien, l’un des cinéastes les plus passionnantes et excitants du moment. Derrière son apparente simplicité, A most violent year est un film joliment ambitieux, qui fait bien plus que renouer avec les grands films du « Nouvel Hollywood » : c’est l’atmosphère d’une époque que Chandor entreprend de faire revivre ici, celle de 1981 en l’occurrence, considérée comme « l’année la plus violente » de l’histoire de New York.

Sa réussite impressionne d’autant plus que tout paraît d’une simplicité et d’une évidence absolues. Le film semble être l’oeuvre d’un cinéaste déjà au sommet de son art, qui maîtrise parfaitement la tension, sans ressentir le besoin d’avoir recours à de grosses ficelles. Malgré la complexité de l’intrigue (le film raconte les efforts d’un immigré aux Etats-Unis pour gravir les échelons dans le commerce du pétrole), le cinéaste semble avoir une confiance absolue en l’intelligence du spectacteur, et en son propre art.

Son film est ainsi une sorte de tragédie grecque qu’aurait remodelé le cynisme de cette société qu’il décrit, où l’argent et le pouvoir semblent tout dominer. Une tragédie marquée par de rares éclats de violence, d’autant plus marquants qu’ils viennent ponctuer d’impressionnantes montées en tension, que Chandor maîtrise d’une manière impressionnante.

Le cinéaste nous livre notamment l’une des plus incroyables poursuite en voiture de ces dernières années, digne des grandes figures du genre des années 70 (on pense furieusement à French Connection), qui place le spectateur littéralement derrière le volant, le plongeant soudainement au coeur du chaos, et de la violence réfrénée du « héros ».

Ce buisenessman qui refuse ouvertement de céder au ganstérisme, aurait été un rôle idéal pour Al Pacino dans les années 70. Ce n’est pas un hasard si Chandor a choisi le formidable Oscar Isaac (déjà magnifique dans Inside Llewyn Davis), dont la ressemblance avec Pacino saute aux yeux, d’autant plus qu’il adopte souvent les mêmes postures. Difficile de ne pas penser à Serpico, ou à Scarface, dont le personnage serait une sorte de double apaisé.

Brillant et haletant, le film atteint des sommets lorsqu’il s’agit d’évoquer le cynisme de cette société dominée par le fric, et l’hypocrisie d’un personnage qui jure qu’il restera fidèle à la loi… mais dont la part sombre a le visage séduisant et froid de sa femme, jouée par Jessica Chastain. Même dans un rôle en retrait, cette dernière irradie le film de sa présence dérangeante. L’actrice est, décidément, de tous les films américains les plus excitants, ces dernières années.

All is lost (id.) – de J.C. Chandor – 2013

Posté : 22 janvier, 2014 @ 12:59 dans 2010-2019, CHANDOR J.C. | Pas de commentaires »

All is lost

2013 est une grande année pour Robert Redford. Lui qu’on n’avait plus vu depuis Lions et Agneaux en 2007 (il avait tout de même réalisé La Conspiration, sorti directement en vidéo) est revenu en grande forme avec un film dont il était la star et le réalisateur (le réussi Sous surveillace). Il est cette fois l’unique acteur de l’un des films les plus attendus de la fin d’année.

All is lost n’a pas eu le succès qu’il méritait. Sans doute victime de la comparaison avec Gravity. Il y a évidemment des points communs entre les deux films : deux survivals centrés sur un unique personnage perdu dans un milieu extrême. Dans les deux cas, les réalisateurs vont au bout de leur sujet, sans tricher : pas de flash-back, aucun moyen de s’extraire de de décor qui dévore tout. Mais là où Cuaron révolutionnait littéralement le langage cinématographique (comment l’Oscar du meilleur réalisateur pourrait-il lui échapper ?), Chandor opte pour une mise en scène proche du classicisme. Plus discrète, donc.

Pas moins efficace pour autant. En restant constamment au plus près de Redford, et de son visage marqué par les ans, dont les rides profondes suffisent à évoquer le passé obscur de ce navigateur solitaire, le réalisateur nous plonge dans ce cauchemar en pleine mer. Et qu’importe si le scénario multiplie jusqu’à l’excès les galères : l’important est le désespoir grandissant de cet homme dont les efforts constants pour rester à la surface ressemblent à de simples mouvements pour éloigne aussi longtemps que possible une mort qui semble certaine.

Mais on peut dire qu’il n’a pas de bol, Bob. D’abord, un container tombé d’un cargo qui éventre la coque. Puis, une tempête titanesque qui achève le mal fait au bateau. Et une autre tempête qui agite le canot de sauvetage. Et ces porte-containers qui passent sans le remarquer, ou sans vouloir perdre leur temps. Et la soif, la faim, les requins, le soleil, l’eau… jusqu’à un incendie.

Ce pourrait être trop, mais Chandor reste constamment dans la note juste. Comme Redford, dont le visage semble ne rien laisser paraître, mais dont le regard plus bleu que l’océan à perte de vue est une porte ouverte sur son âme. La séquence où il se décide à quitter son bateau pour le canot est bouleversante, juste grâce à ce regard qui en dit tellement sur la violence de ce geste de laisser le câble partir…

Jusqu’à la dernière image, saisissante, le film reste fascinant. Traumatisant voyage sans retour, portrait déchirant d’un homme qui se prépare difficilement à accepter sa propre mort.

 

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