Peaky Blinders (id.) – saison 3 – créée par Steven Knight – 2016
Sauvé de la mort in extremis par les hommes de Churchill, Thomas Shelby est désormais redevable envers l’homme fort d’Angleterre. Y compris le jour de son mariage tant attendu avec la belle Grace, la femme qu’il aime, l’unique personne capable de contenir sa rage. Mais la violence appelle la violence, et la tragédie guerre. Lorsqu’elle arrive, c’est tout un fragile équilibre qui explose.
Comme un fascinant fil rouge, le « Red Right Hand » de Nick Cave rythme une nouvelle fois cette ébouriffante troisième saison, tantôt envoûtante, tantôt rageuse, tantôt éthérée. L’utilisation de cette chanson, et d’autres, reste l’une des grandes particularités de la série de Steven Knight, la première sans doute à utiliser le « Lazarus » de David Bowie et le « You want it darker » de Leonard Cohen, deux chansons marquées par la mort.
C’est dire si la mort est omniprésente dans cette saison, qui marque le basculement de la famille Shelby, et la fin d’une époque. La violence est rare, elle n’en est que plus percutant et traumatisante. L’esthétisme fascinant de la série n’enlève strictement rien au poids de cette violence, qui est plus que jamais le sujet du show : la violence et ses conséquences, au cœur de tous les drames qui se nouent.
Dans le rôle de Thomas, le chef de la famille Shelby, Cilian Murphy est d’une intensité rare. Cette troisième saison lui donne la possibilité de donner toute l’étendue de son talent, son personnage passant par à peu près tous les états inimaginables, de la paix intérieure à la douleur la plus vive en passant par la folie, la rage et le cynisme. Un personnage tiraillé par ses démons, dont on ne peut qu’imaginer tout ce qu’il peut encore donner à la série.
Le personnage de son frère Arthur est tout aussi passionnant, homme de main rongé par ses péchés, qui lutte contre ses démons, mais que sa fureur mal renfermée rattrape sans cesse. Comme la tante Polly, femme forte et fière, rattrapée par ses désirs de femme et de mère, en rupture avec la violence dans laquelle s’est enfermée la famille Shelby. Deux personnages magnifiques, portés par deux acteurs particulièrement habités, Helen McCrory et Paul Anderson.
Peaky Blinders dresse une peinture sans concession de l’Angleterre des années 20 avec ses politiciens véreux et ses hommes d’église peu fréquentables. La série de Steven Knight, visuellement magnifique, et totalement addictive, continue son sans-faute. Vivement la suite.
* Voir aussi la saison 1 et la saison 2.