Le Crime de l’Orient-Express (Murder on the Orient-Express) – de Sidney Lumet – 1974
Peut-être LE fleuron du film agathachristien. Un genre en soi, auquel le film de Lumet donne des codes toujours en vigueur quarante ans plus tard, comme le prouve le tout récent remake signé Kenneth Branagh : un lieu clos (en l’occurrence un train luxueux coincé au-milieu de nulle part par la neige), un meurtre mystérieux (un sale type interprété par Richard Widmark), des personnages interprétés par des stars souvent sur le retour qui sont tous des suspects potentiels, et un enquêteur (Hercle Poirot) qui finira par dévoiler la vérité en réunissant tout ce petit monde…
Le film commence par l’enlèvement et la mort d’une fillette. Une séquence tout en sépia entrecoupée de coupures de presse qui évoque clairement, mais en changeant les noms, l’affaire Lindberg. Une tragédie qui pèsera sur tout le film, et c’est la première bonne idée : en invoquant un faits divers connu de tous, Agatha Christie (et Lumet) implique immédiatement le lecteur/spectateur, dans un crime où les suspects sont tous plus aimables que la victime.
Et quels suspects ! Ingrid Bergman (un peu cabote quand même, dans un personnage totalement privé de glamour), Lauren Bacall, Anthony Perkins, Vanessa Redgrave, John Gielgud, Sean Connery, et les frenchy Jacqueline Bisset et Jean-Pierre Cassel, sans compter Martin Balsam en patron de l’Orient-Express. Un casting impeccable, même si tous sont réduits aux seconds rôles.
Car les deux stars du film, ce sont l’Orient-Express, filmé avec des couleurs saturées voire vaporeuses qui renforcent son aspect mythique, et surtout le détective lui-même, Hercule Poirot, dans la plus célèbre de ses incarnations. A revoir le film, le mystère n’existant plus, on réalise à quel point le film repose sur la prestation d’Albert Finney, que ce soit dans le rythme ou dans le ton. Le personnage est cérébral et exubérant ? Finney réussit une interprétation tout en finesse, tout en en faisant des tonnes. Poirot, c’est définitivement lui.