Broadchurch (id.) – saison 2 – créée par Chris Chibnall – 2014
La première saison était formidablement addictive. Cette deuxième mouture n’est sans doute pas tout à fait à la hauteur, mais quand même, difficile de lâcher avant la fin, tant les personnages déjà bien posés dans la première saison passionnent et émeuvent, et tant la série est basée sur un sens incroyable du rythme et du rebondissement.
La première saison se suffisait à elle seule : le meurtre d’enfant était résolu, et les parts d’ombre des personnages, qui rythmaient chaque épisode, étaient à peu près toutes mises en lumière. Cette deuxième saison part d’un double postulat. D’une part, disséquer les effets du meurtre (et de l’identité du meurtrier) sur la population, à l’occasion du procès qui s’ouvre. D’autre part, confronter le flic obsessionnel et malade Alec Hardy (David Tennant) aux fantômes de l’enquête ratée qui le mine depuis si longtemps.
Avec son ancienne co-équipière Ellie Miller (Olivia Colman), elle-même confrontée à des démons aussi violents qu’inattendus, il rouvre l’enquête… tout en affrontant les remous eux aussi inattendus du procès. Autant dire qu’avec cette double intrigue, les scénaristes ont de quoi jouer avec les nerfs des téléspectateurs, avec ce goût déjà très prononcé pour les fausses pistes et les rebondissements.
Contre toute attente, cette deuxième saison joue moins sur ces ficelles, privilégiant d’avantage encore la psychologie des personnages. D’ailleurs, l’enquête rouverte est l’aspect le moins convaincant de ces huit épisodes. On sent bien, d’emblée, que les fausses pistes ne mènent nulle part et que la première impression est, peut-être bien, la bonne… L’empreinte de la saison 1 est telle que ce sont les personnages que l’on connaît déjà qui fascinent le plus, même si les secrets ont déjà été dévoilés.
Comment se reconstruire après un tel drame ? Comment vivre dans cette communauté qui a été à ce point balayée par les doutes et la suspicion généralisée ? Ce sont ces questions d’habitude jamais abordées à l’écran (puisqu’elles apparaissent lorsque l’intrigue principale est bouclée) qui dont de cette saison 2 une nouvelle grande réussite. Plus que le procès lui-même et ses rebondissements, même si l’affrontement entre les avocates jouées par Charlotte Rampling et Marianne Jean-Baptiste est assez formidable.
Et jusqu’à un dénouement totalement inattendu, à la fois audacieux et d’une immense sensibilité. La marque de fabrique de cette série dont une troisième saison (la dernière) est annoncée.