Play it again, Sam

tout le cinéma que j’aime

Archive pour octobre, 2016

Les Eperons noirs (Black Spurs) – de R.G. Springsteen – 1965

Posté : 31 octobre, 2016 @ 8:00 dans 1960-1969, SPRINGSTEEN R.G., WESTERNS | Pas de commentaires »

Les Eperons noirs

Plein de belles idées dans ce petit western de séries : un homme sans histoire se transforme en chasseur de primes ; un prêtre au passé trouble prêche en jouant des poings ; deux villes se disputent l’arrivée du chemin de fer ; un manipulateur fait naître le chaos dans une petite ville tranquille…

Et pourtant, on s’ennuie ferme devant un spectacle aussi terne. Réalisateur prolifique ces années-là, R.G. Springsteen a tourné des tas de westerns demeurés obscurs. A voir celui-ci, pas difficile de comprendre pourquoi : le gars n’a visiblement pas un talent démesuré, ni pour rythmer son récit, ni pour donner du relief à ses personnages, ni même pour filmer correctement les scènes d’actions.

Seuls passages plutôt réussis : les scènes de bar. Le chaos qui y règne réussit plutôt à Springsteen, qui sait qu’il peut se contenter de poser sa caméra au milieu de la foule, qui s’animera d’elle-même.

Pas grand-chose à sauver, donc, si ce n’est de belles idées et le rêve de ce qu’un grand cinéaste aurait pu en faire. On se console quand même avec une belle distribution de vieux briscards, franchement sur le retour : Rory Calhoun, Scott Brady, Bruce Cabot, et Linda Darnell dans son tout dernier rôle.

Autant en emporte le vent (Gone with the wind) – de Victor Fleming – 1939

Posté : 30 octobre, 2016 @ 8:00 dans 1930-1939, BOND Ward, FLEMING Victor, WESTERNS | Pas de commentaires »

Autant en emporte le vent

Y a-t-il un film qui symbolise mieux que celui-ci ce que fut l’âge d’or d’Hollywood ? Sa démesure, son ambition, mais aussi sa capacité à transcender les émotions et, tout simplement, raconter des histoires. Deux séquences résument la richesse de ce film fleuve de plus de trois heures trente.

La première, c’est bien sûr le siège d’Atlanta, et l’incendie incroyablement spectaculaire auquel cherchent à échapper les héros, qui traversent dans leur chariot une ville plongée dans le chaos, où tout est mouvement et menace. Une séquence d’anthologie, avec des dizaines de figurants, des décors grandioses et une superbe lumière rouge dramatique.

La seconde en est l’antithèse : dans une petite pièce fermée, un groupe de femmes attend avec angoisse le retour de leurs hommes. Elles ne se parlent pas vraiment : l’une d’elles lit aux autres un roman de Dickens pour tromper leur anxiété. Rien de spectaculaire dans cette scène, rien de remarquable non plus dans ce décor presque austère, mais une tension palpable.

Ce monument du cinéma, c’est aussi la vision d’un homme, David O. Selznick, producteur et seul maître à bord. C’est lui qui a voulu cette adaptation du roman de Margaret Mitchell. C’est lui qui a choisi les acteurs, imposant le casting le plus couru de toute l’histoire du cinéma pour le rôle central de Scarlett O’Hara. C’est lui aussi qui a confié les rênes du projet à Victor Fleming.

Mais à quel point Fleming a-t-il su simposer sa marque ? Difficile à dire. Tourné à la même époque, son Docteur Jekyll et Mr. Hyde était une belle réussite, mais n’avait rien de comparable avec la flamboyance de Gone with the wind. Peu importe finalement. Ce qui compte, c’est le souffle de la mise en scène, la beauté des images.

On est loin du cinéma vérité qui sera en vogue quelques décennies plus tard : tourné en studio, le film est basé sur une perpétuelle recherche esthétique, avec des couleurs très marquées, et de superbes ombres chinoises se découpant sur des ciels dramatiques, la musique inoubliable de Max Steiner jouant bien fort. Et qu’est ce que c’est beau !

Gone with the Wind, c’est l’histoire d’un monde qui s’effondre (le Sud balayé par la guerre de Sécession), et d’un idéal qui cherche à surnager. C’est aussi l’histoire d’une femme amoureuse d’une idée qu’elle se fait de l’amour. Mais c’est surtout l’histoire d’un rendez-vous manqué entre deux êtres faits pour s’aimer. Scarlett O’Hara et Rhett Butler, deux égoïstes que les remous de l’Histoire vont révéler à eux-mêmes.

Elle, odieuse et terriblement humaine, capable des pires horreurs, prête à sacrifier le bonheur de sa sœur pour obtenir ce qu’elle veut, mais pourtant formidablement émouvante. Un superbe rôle pour Vivien Leigh, actrice intense et délicate qui ne cesse de m’émerveiller. Lui ? Un rustre, brutal, un rien vulgaire, et magnifique en même temps. Un rôle taillé pour Clark Gable, qui était d’ailleurs le seul choix de Selznick. Et qui a rarement été aussi bon qu’ici.

Autour d’eux, un idéal amoureux, donc, pour Scarlett : Ashley (Leslie Howard), l’image même de ce Sud balayé par la guerre, indéfiniment accroché à sa splendeur passée, un homme mou et indécis. Et puis un ange, Mélanie, d’une pureté et d’une bonté presque irréelle (et qui plus est avec la beauté de Olivia de Havilland). C’est d’ailleurs l’une des grandes forces du film : le casting formidable, qui compte aussi Thomas Mitchell dans le rôle du père, ou l’inoubliable Hattie McDaniel dans le rôle de Mamie, qui fit d’elle la première actrice noire oscarisée.

Bref, que des personnages qui semblent parfaitement à leur place. Et au milieu de tout ça, deux cygnes noirs (qui dansent dans une belle séance de bal en se moquant des regards inquisiteurs), définitivement faits l’un pour l’autre, mais qui ne s’épargnent rien. Car la grande histoire d’amour de ce monument du romanesque, c’est l’histoire d’un terrible échec, plein de cruauté et de douleurs, parsemé de déclarations d’amour à sens unique, et qui se conclue par un cinglant et magnifique « Frankly my dear, I don’t give a damn! »

Casier judiciaire (You and me) – de Fritz Lang – 1938

Posté : 29 octobre, 2016 @ 8:00 dans * Films de gangsters, 1930-1939, LANG Fritz, SIDNEY Sylvia | 2 commentaires »

Casier judiciaire

Troisième film américain de Lang, et troisième (et dernière) collaboration avec Sylvia Sidney, sa belle actrice de Furie et J’ai le droit de vivre. La parenté entre ces trois films est assez évidente. Il y est à chaque fois question du regard des honnêtes gens sur ce qu’ils considèrent comme le Mal, et sur la difficulté pour ceux qui ont fauté d’avoir une seconde chance et de trouver leur place dans la société.

Pourtant, Casier judiciaire se distingue très clairement de ses précédents films. A vrai dire, il est assez unique dans la filmographie de Lang, qui s’aventure dans des eaux qu’il n’a quasiment jamais navigué. Car le ton est bien différent ici. Sans être une pure comédie qui fait rire, le film est quand nettement plus léger que à peu près tout ce que Lang a tourné avant ou après.

Il y a de la légèreté dans cette manière qu’il a de filmer le « gang » (au sein duquel on retrouve un tout jeune Robert Cummings, un Jack Pennick pour une fois pas chez Ford et pas muet, et quelques gueules qu’on aime bien : Roscoe Karns, Warren Hymer, ou le patibulaire Barton McLane. Un gang de pieds niquelés qui évoque moins les tueurs de Scarface que les attachants hors la loi de Up the River

Lang n’est sans doute pas un spécialiste de la comédie. Mais il semble vouloir explorer de nouvelles voies, parsemant notamment son film d’interludes musicaux écrits par Kurt Weill, le complice de Brecht. Pas étonnant que l’atmosphère se dirige parfois vers L’Opéra de Quatre Sous : l’utilisation de la musique et des chansons, la manière de filmer les bas-fonds où évolue la pègre, et le ton par moments beaucoup plus sombres tranchent avec la légèreté du ton général.

Le film n’est pas totalement abouti : Lang navigue ainsi entre plusieurs genres sans savoir vraiment sur quoi se concentrer. Sur cette histoire d’amour contrariée entre deux anciens détenus (Sidney et George Raft). Ou sur ce patron de grand magasin qui n’emploie que des repentis sortis de prisons (Harry Carey, forcément sympathique). Ou sur la tentation pour le héros de reprendre le chemin des cambriolages…

Mais la mise en scène de Lang est là, inventive et audacieuse, comme la séquence d’ouverture : une chanson dont l’air et les paroles conduisent la caméra vers la main prise en flagrant délit d’une cleptomane dans le magasin, belle manière d’introduire le personnage de Sylvia Sidney et ses grands yeux tristes. Ou le très joli plan des mains de Sylvia et George qui se frôlent tendrement dans un escalator. Ou encore la déclaration d’amour drôle et touchante par la fenêtre d’un bus.

Mais la plus belle scène du film est aussi la plus étonnante, la plus inattendue : l’un des interludes « musicaux », sans autre musique que de courtes phrases scandées par les membres du gang, qui se retrouvent le soir de Thanksgiving et se remémorent leurs années de prison. Transparences, flash-backs stylisés, ambiance envoûtante… Le temps d’une scène, Lang casse les codes traditionnels de narration, et laisse imaginer comment il aurait pu transcender la comédie musicale, un genre qu’il n’abordera jamais.

La Femme sur la plage (Woman on the Beach) – de Jean Renoir – 1947

Posté : 28 octobre, 2016 @ 8:00 dans * Films noirs (1935-1959), 1940-1949, RENOIR Jean, RYAN Robert | Pas de commentaires »

La Femme sur la plage

Contrairement à d’autres réfugiés français pendant l’occupation (Duvivier ou Gabin, par exemple), Jean Renoir n’a pas fait qu’un passage éclair à Hollywood : il s’y est installé longuement, prenant même la nationalité américaine. Il ne gardera pourtant pas un grand souvenir de cette période, marquée par ses difficultés à rentrer dans le moule hollywoodien.

On sent clairement ces difficultés dans Woman on the Beach, le dernier de ses films tournés sur le sol américain. Il y a bien quelques moments très beaux, comme cette tendresse soudaine qui rapproche Joan Bennett et son mari Charles Bickford au coin du feu, ou cette scène où Robert Ryan chevauche sur une plage baignée par la brume, comme dans un rêve éveillé. Mais il y a surtout une impression de maladresse, parfois presque gênante, qui se dégage de l’ensemble.

Renoir a pourtant participé au scénario (il est crédité, en tout cas). Mais l’évolution des personnages laisse par moments dubitatifs. On a en tout cas toutes les peines à s’attacher à ce triangle amoureux (pourtant interprété par de grands comédiens) qui semble annoncer un pur film noir.

Produit par la RKO, le film ressemble à effectivement à s’y méprendre à un film noir. Un anti-héros hanté par la guerre (Ryan), une femme que l’on devine fatale (Bennet), un mari aveugle (mais l’est-il vraiment ?) et gênant (Bickford)… Avec des personnages comme ceux-là, on voit venir le truc de loin. Et effectivement, Ryan va se décider à éliminer son rival. Sauf que ce n’est pas si simple…

Jouer avec les codes de ce genre si américain aurait pu inspirer Renoir. Mais le réalisateur semble constamment trop contraint, mal à l’aise avec des scènes et une atmosphère qu’on lui a sans doute imposés. Woman on the Beach est un film plutôt agréable, et qui ne manque pas d’un certain charme, par moments. Mais il était temps que Renoir se décide à quitter Hollywood, tout de même…

Franc jeu / La Folle Semaine (Gambling Lady) – d’Archie L. Mayo – 1934

Posté : 27 octobre, 2016 @ 8:00 dans * Pre-code, 1930-1939, MAYO Archie L., STANWYCK Barbara | Pas de commentaires »

Franc Jeu

Ah ! L’une de ces pépites pre-code pleines d’audaces que j’adore découvrir… Celle-ci est produite par la Warner. Et si le film reste relativement sage à première vue, en comparaison avec d’autres productions de cette période d’avant « le bon goût made in code Hays » (je pense à Safe in Hell, ou même au premier Thin Man), on y trouve quelques thèmes qui disparaîtront à peu près totalement du cinéma hollywoodien des décennies à venir.

Le premier événement moteur de Gambling Lady est quand même un suicide. Et si le héros évite la prison, c’est parce qu’il a passé la nuit avec sa maîtresse. Sans même parler du fait que le personnage principal, comme le titre l’indique, est une joueuse professionnelle. How chocking !

La joueuse, c’est Barbara Stanwyck, déjà une immense actrice, et déjà une grande vedette, qui incarne mieux que quiconque les femmes libres et modernes, qui s’imposent comme les égales des hommes. Loin d’être évident à cette époque (on rappelle que les femmes ne votaient pas en France, alors?). Elle est formidable, comme toujours, trouvant un équilibre parfait entre légèreté et gravité.

Autour d’elle, un beau casting très masculin : Joel McCrea encore une fois en fils de bonne famille, Pat O’Brien en sympathique amoureux éconduit, C. Aubrey Smith en beau-père très présent… et très enclin à porter des jugements définitifs et à changer d’avis dans la minute qui suit. On ne peut pas dire qu’il hérite du personnage le plus cohérent du film, mais sa seule présence a le don de rendre n’importe quelle scène chaleureuse.

Archie Mayo dirige tout ce petit monde comme il filmerait une pure comédie, avec un grand sens du rythme et en évacuant tout le superflu. Le résultat est un film acide-amer d’à peine une heure, franchement réjouissant.

Contes cruels de la jeunesse (Seishun zankoku monogatari) – de Nagisa Oshima – 1960

Posté : 26 octobre, 2016 @ 8:00 dans 1960-1969, OSHIMA Nagisa | Pas de commentaires »

Contes cruels de la jeunesse

L’un des premiers films d’Oshima, qui devient d’emblée le porte-voix de la Nouvelle Vague japonaise, directement inspirée de celle qui bousculait alors le cinéma français.

Cette Nouvelle vague accompagne elle aussi un changement de mœurs dans la société japonaise, toujours marquée par la rigueur de ses vieilles règles.

Pas d’optimisme pour autant : cette jeunesse qu’il met en scène n’est pas celle qui a voulu dynamiter le système, mais la génération suivante, celle des petites sœurs dont les aînés trimbalent le mal-être de leurs illusions perdues.

Cette génération-ci, représentée par la jeune Makoto et son amant Kyoshi, a le semblant de liberté dont rêvaient leurs aînés, mais n’a plus de rêve ni d’ambition. Une génération perdue ? La cruauté du ton le laisse penser.

Pas de romantisme ici. Le jeune homme rencontre sa belle en la sauvant des griffes d’un homme plus âgé qui cherchait à abuser d’elle ? Il obtient aussitôt ses faveurs après s’être comporté avec la même violence que le « satyre », lui rendant en double la gifle qu’elle lui a donnée. Ce qui différencie l’un et l’autre, ce ne sont pas les valeurs ou le comportement, mais uniquement la jeunesse et la beauté…

Il y a bien quelques moments d’espoirs et de tendresses. « Il faut bien que je sois gentil de temps en temps, pour ne pas que tu partes avec un homme plus âgé », lance Kyoshi. Mais cet amour impossible est surtout marqué par la violence physique et morale.

L’issue est écrite d’avance…

* Le film fait partie des 10 DVD accompagnant l’encyclopédie des réalisateurs japonais édité par Carlotta.

La Ville sous le Joug (The Vanquished / The Gallant Rebel) – d’Edward Ludwig – 1953

Posté : 25 octobre, 2016 @ 8:00 dans 1950-1959, LUDWIG Edward, WESTERNS | Pas de commentaires »

La ville sous le joug

Un vétéran de la guerre civile rentre chez lui pour découvrir que sa ville du Sud est terrorisée par le cruel administrateur qui y a été nommée…

Si le film est marquant, ce n’est pas tant pour l’histoire elle-même, finalement assez classique (on a déjà vu cent fois ces petites villes placées sous la coupe d’un tyran, ou les conséquences de la guerre civile sur la population du Sud), que pour la place qu’y tiennent les femmes.

Deux personnages féminins qui semblent classiques : la douce blonde, et la fourbe rousse. Mais c’est elles qui prendront les choses en main, elles qui feront bouger les choses dans un sens ou dans l’autre, jusqu’à en venir aux mains lors d’une scène de rage particulièrement intense, la douce menaçant sa rivale d’une paire de ciseaux. Et quitte à laisser le pauvre John Payne à la ramasse de sa propre histoire.

Inattendue aussi, la construction du film, qui laisse d’abord planer un léger doute (léger, vraiment) sur la véritable nature de Payne.
Surtout, il faut attendre quasiment une heure pour entendre le premier coup de feu. Jusque là, c’est plutôt un western de salons (et de saloons), psychologiquement violent. Après ça, cela dit, l’action ne s’arrête quasiment plus.

Ninotchka (id.) – d’Ernst Lubitsch – 1939

Posté : 24 octobre, 2016 @ 8:00 dans 1930-1939, LUBITSCH Ernst | Pas de commentaires »

Ninotchka

« Garbo rit », disait la pub du film (pour Anna Christie, en 1930, c’était « Garbo parle » ; personne n’a pensé à « Garbo fait ses courses », ou « Garbo mange McDo » ?). Il était d’ailleurs temps qu’elle rit, la Divine : Ninotchka est à la fois sa toute première comédie, et son avant-dernier film.

Mais il lui faut du temps, pour rire, ce qu’elle fait dans une scène délicieuse, dans un petit restaurant. Et jusque là, elle est plutôt crispée, raide comme c’est pas permis en incarnation du stéréotype soviétique.

Le film de Lubitsch est à l’image de ce personnage de commissaire soviétique, envoyée à Paris pour superviser la mission de trois émissaires russes qui se laissent un peu trop griser par les joies du capitalisme : pas vraiment dans la nuance, mais drôle et léger.

Lubitsch a fait, et fera, beaucoup mieux. De L’Eventail de Lady Windermere à To be or not to be, sa filmographie est parsemée de chefs d’œuvre autrement plus fins et délicats que cette farce un rien trop caricaturale. Mais le plaisir de la comédie reste immense, et le couple improbable formé par la très soviétique Garbo avec le très capitaliste Melvyn Douglas fonctionne parfaitement.

Et si Lubitsch filme la Russie soviétique avec un certain sens du réalisme, et un regard critique évidente, sa vision des « paradis capitalistes » est aussi pleine d’ironie. Et finalement, eux non plus ne sortent pas grandis de l’humour cynique et piquant du cinéaste.

Le Point de non retour (Point Blank) – de John Boorman – 1967

Posté : 23 octobre, 2016 @ 8:00 dans * Films de gangsters, * Polars US (1960-1979), 1960-1969, BOORMAN John | Pas de commentaires »

Le Point de non retour

Trahi par un complice qui l’a laissé pour mort et lui a piqué son fric et sa copine, un homme entreprend de se venger. Bon. A priori, on a vu ça 100 fois. Pourtant, c’est une véritable claque que nous file le jeune John Boorman, avec ce polar brutal et électrique, qui ne ressemble, finalement, à aucun autre.

Les premières images sont pour le moins déstabilisantes : le montage, haché et hallucinant, laisse craindre le pire. C’est le meilleur qui arrive. Car la surprise initiale passée, ce choix de montage fascine littéralement, et nous scotch au fauteuil, jusqu’à la toute dernière image.

En avance sur les grands polars de Don Siegel, Boorman frappe un grand coup, avec cette violence extrême et brute qui tranche radicalement avec le romantisme du film noir. De fait, et malgré la présence de l’exquise Angie Dickinson, il n’y a rien de romantique ici, juste le sentiment d’immenses gâchis et l’absence totale d’espoir.

Mais si le film est aussi passionnant, c’est aussi grâce à Lee Marvin. Confier à celui qui fut Liberty Valance le rôle principal de Point Blank est une idée de génie : qui mieux que lui pouvait incarner cet homme tellement obstiné qu’il en devient quasi-surhumain ? Marvin a un talent fou pour personnifier ce mélange improbable de vengeur bas du front et génial à la fois. C’est le rôle de sa vie, et il est absolument génial.

Charlot policeman (Easy Street) – de Charles Chaplin – 1917

Posté : 22 octobre, 2016 @ 8:00 dans 1895-1919, CHAPLIN Charles, COURTS MÉTRAGES, FILMS MUETS | Pas de commentaires »

Charlot policeman

Titres alternatifs (VF) : Le Policeman ; Charlot ne s’en fait pas

Le film est à peine commencé, et mon fils de 4 ans m’interroge : « Pourquoi il n’a pas sa canne, Charlot ? » Ça, c’est le génie de Chaplin. Un détail, qui n’en est pas un, et c’est tout un équilibre qui est remis en question. Ce Charlot va-t-il nous faire rire ? Oui, bien sûr, mais pas que…

Ce n’est pas tout à fait la première fois que l’humour de Chaplin se teinte d’une certaine gravité. Mais jamais encore il ne l’avait fait avec un tel réalisme. Si Charlot n’a pas sa canne au début d’Easy Street, c’est parce qu’il représente plus que jamais les laissés-pour-compte, les pauvres, les malheureux. Et que son habituelle superbe n’est pas de mise.

Comme il le fera, notamment, dans The Kid, Chaplin filme des quartiers pauvres très inspirés de ceux de sa propre jeunesse, à Londres. Easy Street, c’est le symbole de ces quartiers miséreux qu’il a fréquentés si longtemps, et qui marqueront à jamais sa vie et son cinéma.

On rit, et beaucoup dans ce court métrage, mais Chaplin filme aussi la pauvreté et la misère comme il ne l’avait jamais fait. Jusqu’à mettre en scène un drogué en train de se piquer, vision d’un réalisme incroyable dans une comédie.

Audacieux et irrésistible, Easy Street est un pur chef d’œuvre, qui annonce déjà l’ambition des longs métrages de Chaplin.

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