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Archive pour la catégorie 'ROHMER Eric'

Ma nuit chez Maud – d’Eric Rohmer – 1969

Posté : 30 septembre, 2020 @ 8:00 dans 1960-1969, ROHMER Eric | Pas de commentaires »

Ma Nuit chez Maud

Voilà bien longtemps que je n’avais plus mis les pieds dans une église. Grâce soit donc rendue à Rohmer, qui filme longuement quelques messes, comme il filme de longues discussions passionnées sur Pascal… Dit comme ça, Ma nuit chez Maud semble ne rien avoir de franchement sexy. Et c’est vrai qu’il y a une approche un peu austère, d’une certaine manière. A la manière, plus que jamais, d’un Bergman… Ils ne sont pas si nombreux à filmer la foi.

Avec son beau noir et blanc, ses paysages neigeux et arides à la fois, opposés à la chaleur des intérieurs, Rohmer signe un film très bergmanien, jusqu’à la manière de filmer le prêtre frontalement, des images qui semblent tirées des Communiants. Et comme chez le maître suédois, l’austérité ici n’est qu’un élément avec lequel le cinéaste flirte avec malice, mais aussi avec humour.

Ma nuit chez Maud n’est pas une comédie. Mais tout n’est pas à prendre au sérieux. Comment prendre trop au sérieux un personnage comme Vidal (Antoine Vitez), qui regarde tomber la neige en sortant cette réplique admirable : « J’aime pas tellement la neige, ça fait faux, ça fait gosse » ?

Ma nuit chez Maud, c’est l’histoire d’hommes et de femmes confrontés aux doutes et à la mauvaise conscience, plus ou moins assumée. L’ingénieur que jour Trintignant, tiraillé entre cette blonde (Marie-Christine Barrault) qu’il a croisée à l’église et dont il décide (brusquement et définitivement) d’en faire sa femme, et la brune libérée (Françoise Fabian), Maud… Deux femmes très opposées, dont on ne réalise que dans les dernières minutes à quel point elles sont les deux faces d’une même pièce.

Plus austère en apparence que d’autres Rohmer, celui-ci est surtout plus centré sur la vie, et le poids qu’on lui donne en choisissant son propre chemin. Rien de moral ni de plombant là-dedans, au contraire : plus Pascal est évoqué et malmené, plus le sentiment de liberté et de vie s’impose.

Les Nuits de la pleine lune – d’Eric Rohmer – 1984

Posté : 6 juin, 2019 @ 8:00 dans 1980-1989, ROHMER Eric | Pas de commentaires »

Les Nuits de la pleine lune

Eric Rohmer représente une sorte de terre inconnue pour moi. D’abord parce que sa filmographie m’est très largement inconnue encore (mais il est grand temps que je rattrape mon retard conséquent), et puis parce qu’il filme, au moins ici, des personnages à peu près aux antipodes de ma propre vie.

Il faut donc un peu de temps pour rentrer dans cet univers. Mais pas trop. Parce que Rohmer, avec ces incarnations de cette jeunesse parisienne branchée des années 80, touche à une certaine forme d’universalité. A travers le personnage de Pascale Ogier surtout, jeune femme qui revendique sa vision personnelle de la liberté, pour mieux cacher une sorte de malaise face à cet entre-deux que représente le passage de l’adolescence à l’âge adulte.

Elle le dit elle-même : elle ne se sent pas adulte. Et quand l’idée d’avoir un enfant est évoquée, elle la balaye rapidement. Un enfant ? OK avant 16 ans, si l’envie est très forte, ou après 30 ans, quand on est installé. Sous-entendu : la vraie vie, c’est entre ces âges qu’il faut la dévorer. Une vision qui n’a que l’apparence de l’insouciance. Parce que plus les mois passent, plus la jeune femme vit comme elle le souhaite, plus le trouble grandit.

Son truc à elle, pour renforcer le couple qu’elle forme avec Tcheky Karyo (très différent d’elle : brut, casanier, très physique), c’est de s’aménager des moments de solitude. L’appartement conjugal est en banlieue, dans la ville nouvelle de Marne la Vallée ; mais elle possède un appartement à Paris, « le cœur du pays », où elle peut se retrouver seule. Et sortir, avec son ami Fabrice Lucchini, très dans le dialogue mais aussi très avide de coucher avec elle.

Et si Rohmer touche à l’universalité avec ce film, c’est parce que l’univers très branché, et très parisien dans lequel évoluent ses personnages ne change rien à la vérité profonde des sentiments humains. Louise (Pascale Ogier) vit dans une forme d’illusion : dans cette vision fantasmée qui lui permettrait de compartimenter ses relations, et les différents aspects de sa vie. Une forme de naïveté qui lui vaudra une sacré baffe, comme un passage un peu brutal à l’âge adulte.

Il y a dans ce Rohmer son éternelle gourmandise pour les dialogues fins et précis. Mais aussi, plus inattendue, un esprit très années 80, symbolisé notamment par les chansons d’Elli & Jacno qui rythment le film. Et puis une interprétation absolument parfaite, à commencer par celle de Pascale Ogier. La jeune actrice, qui allait disparaître tragiquement quelques mois plus tard, est de toutes les scènes, ou presque. Et elle est formidable.

Les Nuits de la pleine lune est le quatrième des six films du cycle « Comédies et proverbes » de Rohmer, qui s’inspire d’un soi-disant proverbe champenois : « Qui a deux femmes perd son âme, qui a deux maisons perd sa raison ». Totalement inventé par le maître, bien sûr…

 

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