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Une histoire d’amour – de Guy Lefranc – 1951

Posté : 7 janvier, 2023 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1950-1959, LEFRANC Guy | Pas de commentaires »

Une histoire d'amour

C’est le dernier film de Louis Jouvet, qui retrouve son réalisateur de Knock. C’est son dernier film, et c’est déjà très triste en soit : le voir ainsi, jeune encore et formidable dans un rôle de flic qu’il compose comme en opposition à celui de Quai des Orfèvres, est un crève-cœur quand on sait qu’il décédera quelques mois plus tard seulement. Et il se trouve que le film raconte une histoire également très triste…

Ça commence par la découverte d’un drame : un couple de jeunes gens (Dany Robin et Daniel Gélin, très jeunes, très beaux et très émouvants) s’est donné la mort dans un car abandonné dans un cimetière de véhicules. Pourquoi se sont-ils suicidés ? Dans quelle circonstance ? C’est ce que va s’évertuer à comprendre ce flic, qui n’a « jamais fait de zèle », mais qui cette fois refuse de classer le dossier sans comprendre.

Il est beau ce film, qui trouve l’équilibre parfait entre l’enquête du flic, fatigué par la mesquinerie des proches qu’il interroge, et les flah-backs, centrés sur ce couple qui se débat dans un monde où leur amour est impossible parce qu’il franchit les frontières de la bonne société : elle est une fille de grande famille, lui est le fils d’un pseudo artiste sans le sou. Leur point commun : avoir des parents toxiques, qui les conduiront à leur perte.

Il y a une étrange légèreté dans les flash-backs, qui nous poussent à espérer le meilleur, alors que le film s’ouvre sur le pire. C’est ce décalage entre ce que l’on sait et ce que l’on se surprend à espérer qui rend ce film si déchirant, et le regard de Jouvet si bouleversant. Derrière son apparente nonchalance, ce flic est d’une humanité magnifique. Cette humanité doit aussi quelque chose aux dialogues signés par un quasi-débutant nommé Michel Audiard, pas encore gâté par sa propre gloire, digne héritier de Jeanson.

Knock – de Guy Lefranc – 1951

Posté : 15 octobre, 2017 @ 8:00 dans 1950-1959, LEFRANC Guy | Pas de commentaires »

Knock 1951

Louis Jouvet est en roue libre dans ce rôle qu’il a joué un nombre incalculable de fois (1500, d’après wikipédia), et qui l’accompagne depuis près de trente ans : la pièce de Jules Romain avait été son premier gros succès personnel en 1923, et l’acteur avait fait ses débuts derrière la caméra avec une première adaptation en 1933. Autant dire qu’il connaît bien le personnage. Autant dire aussi qu’il n’avait peut-être plus grand-chose à lui apporter.

Surtout avec un réalisateur comme Guy Lefranc, qui n’a jamais rien fait d’aussi prestigieux que ce Knock. De fait, le petit plaisir que l’on prend tout de même repose à peu près uniquement sur les comédiens. Jouvet dans une quasi-caricature de lui-même, reste un acteur d’exception. Et face à lui, on trouve quelques seconds rôles dont le plaisir est communicatif. Pierre Renoir en pharmacien à la déontologie très ajustable, Pierre Bertin en instituteur dépassé, Jean Carmet en demi-idiot quasi-muet, et même Louis De Funès dans un tout petit rôle pas même crédité, qui se réjouit d’avoir perdu 100 grammes grâce au docteur miraculeux.

Mais le film se résume quand même, pour sa plus grande partie, à une succession de scènes plus ou moins attendues. Alors on attend avec une certaine impatience le célébrissime « ça vous chatouille ou ça vous gratouille? », qui arrive relativement tôt dans le film. Du coup, on n’attend plus grand-chose de la suite. D’autant moins que les meilleurs moments se situent au tout début : l’arrivée dans la petite ville du nouveau docteur (Knock-Jouvet) à qui son prédécesseur Parpalaid (Jean Brochard) tente de « survendre » le potentiel pour un médecin sérieux et ambitieux.

Tournée en décors naturels, cette première séquence est étonnante et séduisante, parce que cette campagne déserte qui entoure les personnages permet d’éviter l’impression de théâtre filmé, qui reviendra trop souvent par la suite. Bref, on se rattrape à ce qu’on peut, on ne s’ennuie pas (vraiment), et on salue la fidélité de Jouvet, qui fait quasiment ses adieux (il ne tournera plus qu’un seul film, tombé dans l’oubli) avec ce rôle qui l’a quasiment vu naître. La boucle est bouclée.

 

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