Le Colonel Chabert – de René Le Hénaff – 1943
Voilà ce qu’on appelle de la belle ouvrage. Du cinéma classique, dans tous les sens du terme, un rien académique, mais qui se regarde avec un plaisir authentique, et une boule au ventre.
Le film donne parfois l’impression d’être trop écrit, il manque un peu de vie à la mise en scène de René Le Hénaff. Mais il y a Raimu, et Raimu est grand. Il incarne parfaitement cet homme revenu d’outre-tombe : le colonel Chabert, héros napoléonien mort en héros… qui réapparaît des années plus tard, bien vivant, désormais encombrant, réclamant une place que personne n’est prêt à lui rendre.
C’est une nouvelle de Balzac, bien sûr, qui dit beaucoup de l’identité dans une société qui perd la notion d’individu (un thème décidément en vogue sur ce blog, après Monsieur Klein). Un récit fort et édifiant auquel René Le Hénaff s’applique à rendre justice. Même s’il le fait sans génie, et en ratant la fin, trop grandiloquente et pas assez convaincante, il le fait au moins avec sincérité.
De la belle ouvrage, vraiment, porté par un Raimu tour à tour mystérieux, inquiétant, puissant ou pathétique. Grand acteur, grand rôle, pour un film pas grand, mais appliqué et prenant.