Fréquence interdite (Frequency) – de Gregory Hoblit – 2000
Vu à sa sortie en salles, ce polar fantastique m’avait laissé un souvenir assez fort. Le revoir un peu plus de vingt ans après confirme tout le bien que j’en pensais, et cette impression d’un film malin et joliment nostalgique, qui m’a encore tiré une petite larme… ou deux… voire même un truc qui ressemblerait presque à un sanglot.
Bref, toujours emballé par cette histoire d’un homme de 1999 qui tombe sur la radio que son père, mort trente ans plus tôt, utilisait quand il était gosse. Et la voix qu’il finit par entendre, c’est celle de ce père qui le hante depuis qu’il est gosse. Comment cela est-il possible ? On n’en sait rien et on s’en fiche : sans doute est-ce grâce à ces aurores boréales qui illuminent la nuit de 1999 comme elles le faisaient déjà en 1969… Qu’importe d’ailleurs, mais cela donne de bien belles images.
La partie la plus casse-gueule est la plus belle : celle où le père (Dennis Quaid) et le fils (Jim Caviezel) entrent en contact et comprennent ce qui leur arrive. Un scénario malin qui joue habilement sur les détails les plus anodins pour nous faire gober le truc (un carreau cassé, une brûlure sur un bureau…), une mise en scène sobre et d’une efficacité imparable, et deux acteurs qui même sans partager l’écran (ni l’époque) forment un duo parfaitement assorti…
Le film de Gregory Hoblit (qui n’a jamais fait aussi bien au cinéma, ni avant ni après) est beau parce qu’il fait peu de cas du mystère de ce postulat de base. Il ne s’intéresse qu’à ces retrouvailles d’un fils privé depuis trop longtemps de son père. On y croit totalement, et on est emporté par l’émotion de ces retrouvailles si simples et si déchirantes…
Au-delà de ces échanges à travers le temps, Hoblit et son scénariste ont la main un peu plus lourde. Le père est pompier, le fils deviendra flic… Pas très original, dans le cinéma américain, mais pourquoi pas… Mais, la mi-film passée, la simple magie de ces retrouvailles ne suffit plus vraiment, et le film se transforme en un thriller qui serait assez convenu (une énième histoire de tueur en série) si elle ne mettait pas en scène deux héros séparés par trois décennies.
Alors on reste happé par le suspense qui prend le pas sur l’émotion. Et tant pis si la fin est assez prévisible, et que Hoblit y laisse éclater son américanisme traditionnel, voire rétrograde. Pas de bonheur possible sans la famille, pas d’accomplissement sans ce qui fait le liant et la force de la nation américaine… La justice ? L’amour ? Non : le base-ball.