13 Washington Square (id.) – de Melville W. Brown – 1927
Pas de quoi se relever la nuit, mais elle est plutôt marrante, cette comédie signée par un réalisateur qui n’a pas laissé une trace inoubliable dans l’histoire du cinéma : un certain Melville W. Brown, dont je n’avais encore jamais entendu parler, mais dont la vivacité de la mise en scène donne envie d’en connaître plus.
La grande faiblesse de ce film, c’est sans doute la légèreté de son enjeu dramatique, qui ne dépasse pas le stade du petit potin mondain. En gros : une femme du grand monde renonce au voyage qu’elle s’apprêtait à faire en Europe lorsqu’elle apprend le projet de son fils de se marier avec une femme d’un niveau social bien plus bas. Elle se fait alors passer pour une bonne et retourne en toute discrétion dans sa maison pour contrecarrer les projets de son fils.
La grande force, c’est justement la vivacité de la mise en scène, la manière dont Brown filme ce vaudeville bon enfant en reprenant les codes visuels du thriller, voire du film d’épouvante dans une maison hantée. Toute la seconde partie du film se concentre en effet dans cette grande maison, au 13, Washington Square, où les différents protagonistes se croisent ou s’évitent, bougies à la main, affrontant l’obscurité et l’incertitude de ce qu’ils vont trouver derrière chaque porte.
Le spectateur, lui, est constamment dans la connivence : tout est légèreté et dérision, et le danger que les personnages pressentent n’est que faux-semblant. On sent bien que le faux diacre et vrai escroc joué par Jean Hersholt a un grand cœur. Et que la froide Mrs De Peyster (Alice Joye) finira par s’assouplir. Pas de vrai suspense donc, juste le plaisir de voir cette demi-douzaine de personnages jouer à se faire peur.
Dans ce va-et-vient incessant et sans conséquence, ZaSu Pitts tire particulièrement son épingle du jeu. Dans son éternel personnage de bonne un peu écervelée, et facilement effrayée, elle est assez irrésistible, avec cette manie qu’elle a d’utiliser des mots à mauvais escient. Petit effet comique assuré, même par l’intermédiaire d’intertitres (le film est muet). Le plaisir qu’on prend devant cette petite chose doit beaucoup à sa présence.