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Archive pour la catégorie 'KIESLOWSKI Krzysztof'

Trois couleurs : Bleu – de Krzysztof Kieslowski – 1993

Posté : 28 juin, 2020 @ 8:00 dans 1990-1999, KIESLOWSKI Krzysztof | Pas de commentaires »

Trois couleurs Bleu

Une jeune femme perd sa fille et son mari dans un accident de voiture. Elle ne pleure pas, ne s’effondre pas. Elle se sépare de tous ses biens, et détruit la partition sur laquelle travaillait son compositeur de mari…

Cette musique, Kieslowski en fait un élément central du parcours de Julie, l’un des plus beaux rôles de Juliette Binoche. Une jeune femme totalement détruite qui estime que sa survie passe par une sorte d’effacement. Mais des bribes de musique la foudroient sans prévenir, en même temps que des reflets bleus la frappent, comme des réminiscences.

Le sujet est rude. Kieslowski est un cinéaste parfois austère. Bleu, premier volet d’un triptyque consacré aux couleurs de la France, est pourtant un film baigné par une inexplicable chaleur. Une chaleur douloureuse, avec cette émotion si vive toujours à fleur de peau. Mais une chaleur tout de même.

Et Kieslowski s’y révèle définitivement comme un cinéaste immense, qui ne laisse aucun détail au hasard. Il y a dans son film une extraordinaire précision dans la composition des plans, dans la lumière changeante, dans la durée même des plans, cette durée qui contribue à créer l’émotion juste. Toujours.

C’est du grand art, sans même mentionner l’incroyable galerie de personnages à la fin du film, comme un impossible travelling définitif. le film est une splendeur, visuellement, un film d’une force et d’une justesse totales. Et Juliette Binoche est immense.

Bouleversé, emporté… pas loin de penser que ce chef d’œuvre est l’un des grands films de la décennie.

Tu ne tueras point (Krótki film o zabijaniu) de Krzysztof Kieślowski – 1988

Posté : 20 mars, 2019 @ 8:00 dans * Polars européens, 1980-1989, KIESLOWSKI Krzysztof | Pas de commentaires »

Tu ne tueras point

Un jeune homme légèrement inquiétant erre dans les rues ; un chauffeur de taxi légèrement méprisant prépare sa tournée ; un autre homme s’apprête à devenir avocat. Le premier va assassiner le second, gratuitement et froidement, de manière délibérée et sans remords, et sera défendu par le troisième, impuissant. Pourquoi ? Ce n’est pas vraiment la question : c’est plutôt le « comment » qui intéresse Kieślowski, dans ce long métrage tiré de son fameux Décalogue, ensemble de dix moyens métrages évoquant chacun l’un des dix pêchés capitaux.

Dans un décor dénué de tout semblant de beauté, le cinéaste filme avec une extrême stylisation des êtres sans joie et sans perspective. Des images glaciales et sidérantes qui suffisent à insuffler l’idée que, peut-être, la société telle qu’elle existe pourrait être à l’origine des monstres qui y naissent. Mais Kieślowski n’est pas un moraliste : son film décrit de manière presque clinique les derniers pas avant l’irruption du Mal extrême.

Le plus terrible, c’est cette capacité qu’il a à faire ressentir l’enfant que ce tueur en devenir a été. Son sourire si innocent face aux deux fillettes qui l’observent de l’autre côté de la vitrine alors qu’il prépare activement son meurtre, est à la fois glaçant et bouleversant. Les vitres, les miroirs, les reflets, sont d’ailleurs omniprésents, comme autant d’artifices qui semblent dissocier le jeune homme de ses actes. Troublant.

Et quand la violence explose enfin (« enfin », tant l’attente est chargée en tension dérangeante), elle n’a rien d’une libération : elle est absolument insoutenable, mais comme l’est la séquence de l’exécution, comme si Kieślowski mettait dos à dos ces deux mises à mort, esthétiquement aux antipodes l’une de l’autre, mais chargées toutes deux par le même dégoût. « Tu ne tueras point », rappelle le titre du film. Les lois érigées par la société ne sont pas une excuse…

Premier amour (Pierwsza milosc) – de Krzysztof Kieslowski – 1974

Posté : 8 février, 2011 @ 4:43 dans 1970-1979, DOCUMENTAIRE, KIESLOWSKI Krzysztof, TÉLÉVISION | Pas de commentaires »

Premier amour

Documentaire ou fiction ? Premier amour n’est ni vraiment l’un, ni vraiment l’autre. C’est en tout cas un parfait film de transition pour le jeune Kieslowski, entre son passé de documentariste et ses films de fiction à venir. La narration est clairement celle d’une fiction, mais il n’y a dans ce moyen métrage d’à peine une heure aucun ressort dramatique marqué. Les deux personnages principaux vivent, simplement, les débuts de leur vie d’adulte devant une caméra qui les filme au plus près. A travers eux, c’est toute la société polonaise de l’avant-Solidarnosc qui apparaît avec toutes ses difficultés, tout son mal de vivre.

Le mariage des deux tourtereaux n’a ainsi rien d’une grande fête où la musique et l’alcool coulent à flots. C’est plutôt une triste cérémonie rituelle qui marque le passage à l’âge adulte, le début d’un parcours personnel dont peu de personnes sortent comblés : durant ce mariage, les parents du jeune couple lui souhaitent « une meilleure vie que celle que j’ai eue ». Visiblement sans trop y croire. L’avenir n’est pas rose dans la Pologne des années 70.

Le film donne vraiment l’impression de s’immerger dans cette société qui n’a rien de séduisante. Pourtant, on ne voit quasiment rien de la Pologne de cette époque. Ni les rues, ni les maisons, ni les passants, ou presque… Les très gros plans dévorent l’écran, à l’exclusion de tout véritable décors, ou presque. Une façade par ci, un parc pour enfants par là, guère plus… Kieslowski sait que c’est à travers les personnages et leur vérité qu’il décrira le mieux les réalités de la Pologne. Le cinéaste se tourne déjà vers la fiction pure.

Avec des non-acteurs qui jouent leurs propres rôles devant la caméra, Kieslowski signe un film visuellement très laid (y’a pas, je préfère quand même nettement La double vie de Véronique), mais étrangement fascinant, qui crée une atmosphère à la fois triste et désespérée (où est le salut ? où sont les rêves dans ce pays rongé par une administration à la Kafka, et d’énormes problèmes de logement ?), et ouvertement tourné vers l’avenir. Les enfants, les bébés même, sont omniprésents dans le film. L’avenir du pays, ce sont eux. Kieslowski ne se fait pas d’illusion sur la société dans laquelle il vit. Mais il croit visiblement en la possibilité d’un nouveau départ…

 

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