Une leçon d’amour (En lektion i kärlek) – d’Ingmar Bergman – 1954
Il me semble bien que c’est la première fois que Bergman se laisse à ce point entraîner du côté de la comédie pure. Il avait déjà adopté une certaine légèreté, avec des pointes d’humour, dans plusieurs films, en particulier L’Attente des femmes. Mais jamais ainsi.
Une leçon d’amour permet d’ailleurs de retrouver le plus enthousiasmant des couples de L’Attente…, Eva Dahlbeck et Gunnar Björnstrand, à la fois explosif, tendre et sensuel. Et l’alchimie détonante qui avait déjà marqué un segment du précédent film prend ici une toute autre dimension, parce qu’elle est au cœur de cette Leçon….
Leçon construite autour d’un jeu de faux semblants, et toute une série de flash-back. On les découvre se rencontrant comme des étrangers à bord d’un train, un peu comme le couple des Amoureux sont seuls au monde. Mais à aucun moment on n’est dupe : non seulement ces deux-là ont une longue histoire, mais ils sont faits l’un pour l’autre.
Les flash-back successifs confirment cette évidence, ou la remettent en cause au fil des souvenirs qu’ils ravivent. Il y a de la vie dans ces flash-back. Des fragments, en tout cas, comme des bribes de souvenirs qui vous hantent, et disent beaucoup des aspects les plus importants de la vie, à travers des moments presque anecdotiques.
Bergman capte ainsi le temps qui passe, les doutes qui s’immiscent, les certitudes confrontées aux réalités de la vie, la difficulté de vieillir ensemble, de conserver cette flamme si fragile… C’est tellement loin de l’image caricaturale de Bergman, telle que même un fidèle admirateur comme Woody Allen l’a véhiculée. C’est léger, tourbillonnant, et pourtant grave et profond. C’est du Bergman, et c’est beau.