Matrix (The Matrix) – de Andy et Larry Wachowski – 1999
A la sortie en salles, déjà, j’avais trouvé très surévalué ce film de SF pseudo-philosophique et faussement novateur. Dix-huit ans plus tard, mon avis a changé : Matrix est en fait un pur nanar ! Ce pourrait ne pas être si grave : après tout, les scènes d’action sont assez réjouissantes et assurent à elles seules l’intérêt. Mais il y a un hic : le premier degré insupportable d’un film qui se prend tellement au sérieux qu’il en devient antipathique.
Il manque sans doute aux (encore) frères Wachowski un brin d’humilité. Et Matrix n’aurait sans doute pas dû être autre chose qu’une série B, au moins dans l’esprit. Mais non, les réalisateurs semblent persuadés d’avoir tout inventé, tant sur le fond (et si le monde dans lequel on vit n’était qu’un leurre ?) que dans la forme (et si on révolutionnait les scènes d’action ?). Sauf que, bien sûr, ils n’inventent strictement rien. Au mieux, ils inaugurent une nouvelle manière de recycler des idées et des formes venues d’horizons différents, rien de plus…
Quelques années auparavant, John Carpenter avait déjà mis en scène une fausse réalité avec un Invasion Los Angeles qui, lui, jouait habilement avec le second degré et revendiquait son côté série B. Le scénario de Matrix n’est pas plus malin qu’un autre. Plus tarabiscoté et plus dénué de second degré, sans doute, mais pas plus intelligent pour autant. Keanu Reeves, raide et aussi expressif qu’une pierre, est la parfaite illustration de ces choix artistiques.
Heureusement, les scènes d’action sont nombreuses et assez enthousiasmantes. Certes, les Wachowski se contentent d’adapter à la sauce hollywoodienne une esthétique que les cinéastes hong-kongais, Tsui Hark avec sa saga Il était une fois en Chine en tête, maîtrisent depuis des années (pas un hasard si la chorégraphie des combats est signée Yuen Woo-ping). Mais ces ralentis extrêmes et ces pirouettes impossibles que beaucoup découvraient à l’époque sont depuis devenus une quasi-norme. Au moins dans Matrix étaient-ils justifiés par le scénario…