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Archive pour la catégorie 'LOGAN Joshua'

Permission jusqu’à l’aube (Mister Roberts) – de John Ford et Mervyn LeRoy (et Joshua Logan) – 1955

Posté : 20 avril, 2023 @ 8:00 dans 1950-1959, BOND Ward, CAGNEY James, FORD John, LeROY Mervyn, LOGAN Joshua | Pas de commentaires »

Permission jusqu'à l'aube

Hollywood emprunte parfois d’étranges chemins… A l’origine, Mister Roberts est une pièce à succès, écrite et mise en scène par Joshua Logan, qui a valu à Henry Fonda un grand et long triomphe sur scène. Pour le porter à l’adapter à l’écran, les producteurs ont préféré John Ford à Logan, mais voulaient Brando dans le rôle titre. Ford, lui, a imposé son vieux complice Fonda… avec qui il s’est fâché définitivement après avoir fait réécrire l’histoire…

Résultat : Ford s’est mis à picoler, et n’a plus jamais retourner avec Fonda. Mervyn LeRoy a été chargé de reprendre les choses en main, modifiant le script pour revenir à sa pièce originale, et retournant pas mal de scènes. Et Logan a finalement été appelé à la rescousse pour consolider son sujet et retourner une poignée de scènes… On fait plus simple, comme processus créatif.

Avec un tel bordel, on pouvait s’attendre à un film bâtard, tiraillé entre les personnalités de trois réalisateurs. Et c’est vrai qu’on aurait du mal à affirmer sans le moindre doute qu’il s’agit là d’un film purement fordien, même si le ton et l’atmosphère évoquent un peu What Price Glory, tourné trois ans plus tôt. Mais le film est parfaitement tenu, et trouve même un bel équilibre entre la légèreté apparente et la gravité sous-jacente.

Parce que, en dépit de son cadre (« on est à 7000 miles des premiers Japonais ! »), Mister Roberts est un film de guerre. Mais un film de guerre loin de la guerre : un film sur l’attente, l’ennuie, la monotonie, mais aussi le sens du devoir, et l’esprit de corps. En ça, le film est fordien, même si tout était dans la pièce : il y met en valeur l’honneur d’appartenir à un groupe, l’amitié masculine, l’hostilité qui gomme toutes les différences entre les hommes…

Et pour le coup, le casting incarne parfaitement ces différences, mélangeant les fidèles de toujours (Fonda, Ward Bond, Ken Curtis, Harry Carey Jr…) et des nouveaux venus a priori très éloignés de l’univers de Ford (Jack Lemmon dans l’un de ses premiers rôles, William Powell dans son tout dernier), tous unis dans l’ombre oppressante du capitaine incarné par James Cagney, réjouissant dans un rôle très caricatural qui lui permet d’aller très loin dans la démesure.

C’est souvent drôle, toujours vif, et l’émotion qui surgit soudain est forte. Il mérite d’être redécouvert, ce Mister Roberts

La Kermesse de l’Ouest (Paint your wagon) – de Joshua Logan – 1969

Posté : 15 janvier, 2018 @ 8:00 dans 1960-1969, COMEDIES MUSICALES, EASTWOOD Clint (acteur), LOGAN Joshua, WESTERNS | Pas de commentaires »

La Kermesse de l'Ouest

Sur le tournage de Paint your wagon, Clint Eastwood s’est juré d’être désormais son propre maître, et de prendre définitivement sa carrière en main. Plus question pour lui de renouveler une telle expérience, et de participer de nouveau à une telle débauche de moyens. Ce n’est pas tant le fait qu’il s’agit là d’un très gros budget qui pose problème : Clint lui-même tournera encore de grosses productions. C’est le fait que « débauche » et « moyens » sont ici totalement indissociables.

Y’a-t-il un seul plan « modeste » ? Une seule image qui semble ne pas avoir coûté une fortune ? Et que dire de cet extraordinaire décor de ville-champignon littéralement avalé dans une séquence hallucinante, variation sur le mode de la farce de Sodome et Gomorrhe… Et pourquoi pas après tout. Sauf que là, cette débauche de moyens (oui, j’insiste) n’est pas au service de la vision d’un cinéaste : elle EST la vision du cinéaste.

Le problème est flagrant dès les toutes premières images, qui montrent un convoi de chariot avançant à travers de grandes plaines. Une image classique du western, que Ford, pour ne citer que lui, a souvent filmé à sa manière frontale, au cœur de l’action. Joshua Logan, lui, multiplie les angles de prise de vue, place sa caméra devant, derrière, sur le côté, et même à bord d’un hélicoptère, comme si cette succession de points de vue allaient donner du rythme à cette introduction.

Mais de rythme, point l’ombre de la queue d’un, dans ce film par moments sympathique, voire amusant, mais constamment too much : trop tape-à-l’oeil, trop prétentieux, trop long aussi. Deux heures et demi pour un western musical aux enjeux dramatiques franchement anecdotiques… On est bien tenté d’abandonner la partie à deux ou trois reprises. Heureusement, une poignée de moments musicaux nous rattrapent par la manche, par leur douce mélancolie : la chanson de la pluie notamment, et surtout celle où Lee Marvin déambule dans la ville, pensant à sa liberté perdue.

« I’m an ex-citizen of nowhere. Sometimes, I get mighty home-sick. »

Dans ce joli moment mélancolique, la voix sourde de Marvin et son regard noir font des merveilles. Et comme si le fait d’avoir vraiment quelque chose à filmer lui ouvrait les yeux, Logan filme cette scène avec une simplicité qui tranche avec le reste du film. Une sorte de parenthèse douce-amère qui ne dure pas, cela dit…

Comme ne dure pas le regard mélancolique de Marvin, qui par ailleurs en fait des tonnes, reléguant ses co-stars au statut de faire-valoirs : Jean Seberg, pourtant fort jolie et surprenante en jeune femme bien décidée à fonder un foyer avec deux maris, et Clint Eastwood donc, qu’on ne verra plus jamais autant en retrait qu’ici. Ses moues offusquées ne trompent pas : on sent bien qu’il se demande ce qu’il fait là, avec son brushing impeccable et ses joues parfaitement rasées, à chanter (plutôt bien d’ailleurs, c’est qu’il a un beau filet de voix) des chansons ineptes :

« I talk to the trees, but they don’t listen to me… »

Ben non, ils n’écoutent pas…

Grands noms de la comédie musicale, Alan Jay Lerner et Fredeick Loewe ont le vent en poupe à cette époque : les films qu’ils ont eux-mêmes adaptés de leurs spectacles Gigi et My fair lady ont été des triomphes. Mais Paint your wagon n’avait pas connu le même succès sur scène. Le thème n’a pas la même force. Les numéros musicaux sont nettement moins emballants (et pourraient d’ailleurs quasiment tous être coupés du film sans qu’on perde quoi que ce soit à l’histoire). Bref… Si une bonne idée ne fait pas forcément un bon film, une mauvaise idée…

Arrêt d’autobus (Bus Stop) – de Joshua Logan – 1956

Posté : 13 septembre, 2013 @ 12:48 dans 1950-1959, LOGAN Joshua | Pas de commentaires »

Arrêt d’autobus (Bus Stop) – de Joshua Logan – 1956 dans 1950-1959 bus-stop

Un cow-boy n’ayant jamais quitté son ranch paumé du Montana part se déniaiser en ville, et jette son dévolu sur une entraîneuse d’un bar plutôt mal famé… La comédie avait tout pour écoeurer le spectateur, en le submergeant de gags poussifs et de bons sentiments éculés. Et c’est vrai que les premières minutes font craindre le pire : le nouveau venu Don Murray (l’un des héros de mon enfance avec la série western Les Bannis) cabotine comme c’est pas permis dans le rôle de ce niais bouseux qui monte à la ville. Et on ne voit que lui, Marilyn Monroe n’apparaissant qu’au bout d’un long prologue.

Le film ne fait pas dans la dentelle, avec un niais vraiment niais qui traite la femme qu’il veut épouser comme du bétail, la prenant même au lasso pour l’emmener avec lui comme la prise de luxe qu’elle est à ses yeux. Les dialogues aussi vont loin dans cette direction, et pas toujours avec un grand sens de la mesure (« Le taureau que j’ai attrapé n’avait pas envie que je le fasse tomber, mais je l’ai fait. Pourquoi ferais-je différemment avec elle ? »).

Pourtant, il se passe quelque chose de magique devant la caméra de Joshua Logan, cinéaste pas toujours finaud (voir la démesurée Kermesse de l’Ouest avec Clint Eastwood en cow-boy chantant, niais lui aussi). Frôlant constamment la farce grotesque, le film reste toujours sur le fil et enthousiasme grâce à un rythme endiablé, et un équilibre absolument parfait entre la comédie et l’émotion la plus délicate.

Marilyn, dans un rôle de femme enfant enfermée dans un corps de femme fatale, est profondément émouvante, y compris dans les moments les plus ouvertement comiques du film. La première heure, enchaînement incessant de purs moments de folie, semble en fait n’être qu’un joyeux prétexte pour enfermer tous les personnages, en crise, dans un « diner » de la ligne de bus, bloqué par la neige.

Là, le ton change radicalement. Un plan, surtout, marque la rupture. Don Murray se lève et tend le bras vers Marilyn qui s’éloigne et n’attend qu’un signe de sa part, mais n’ose pas la retenir. Il y a dans ce plan une simplicité et une émotion toute retenue qui sont absolument magnifiques.

Bus Stop réussit à trouver un équilibre rare entre humour potache et sensibilité à fleur de peau, entre rythme pur et belle intimité. Le film avait tout pour être pénible, il est magnifique.

• Belle qualité pour le blue ray qui se résume à l’essentiel : le film. Pas de bonus, si ce n’est quelques bandes annonces de films avec Marilyn.

 

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