Play it again, Sam

tout le cinéma que j’aime

Archive pour la catégorie 'LAUTNER Georges'

L’Inconnu dans la maison – de Georges Lautner – 1992

Posté : 9 juillet, 2023 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1990-1999, LAUTNER Georges | Pas de commentaires »

L'Inconnu dans la maison

50 ans après Henri Decoin, Georges Lautner filme à son tour une adaptation du roman de Simenon, et la comparaison est un peur rude pour Lautner. 50 ans après Raimu, Belmondo enfile la robe d’un avocat rongé par l’alcoolisme, et c’est plutôt pas mal. Remake relativement convaincant, donc, et qui permet en tout cas à Jean-Paul Belmondo de réaffirmer sa volonté de revenir à un cinéma plus humain, après Itinéraire d’un enfant gâté et une longue parenthèse théâtrale.

Il est très bien et plein de nuances, dans le rôle de cet homme enfermé dans une sorte de non-existence et d’auto-apitoiement, noyant dans le vin rouge la douleur du suicide de sa femme dix ans plus tôt, recouvrant sous des hectolitres de boissons la présence silencieuse de sa fille (Christiana Réali) et de sa vieille bonne (Renée Faure), jusqu’à ce qu’un coup de feu dans sa propre maison sonne le réveil…

Lautner s’applique à réussir son atmosphère. Mais s’il semble avoir dit à Belmondo de ne pas singer Raimu, lui-même a visiblement vu et revu le film de Decoin, jusqu’à reprendre (de manière assez peu convaincante) le principe de la voix off, qui apparaît tardivement pour redisparaître aussi vite (voix off confiée à Robert Hossein). Il s’applique à filmer la déchéance physique d’un alcoolique, surappuyant par moments ses effets. Heureusement, la prestation de Belmondo sauve le propos.

Plus convaincante : la peinture d’une jeunesse rongée par la drogue, et le parallèle dressé avec l’alcoolisme des anciens. Et cette ligne de fracture qui serait la cause de tout depuis mai 68 : la fracture générationnelle, l’incompréhension et l’indifférence, qui se retrouvent in fine sur le banc lors du procès. L’Inconnu dans la maison est aussi un film de procès, donc, genre éminemment américain, avec une approche qui privilégie l’effet dramatique au réalisme. Ce qui n’est pas un défaut.

Mort d’un pourri – de Georges Lautner – 1977

Posté : 6 octobre, 2020 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1970-1979, LAUTNER Georges | Pas de commentaires »

Mort d'un pourri

Delon, intègre, solitaire, vengeur, confronté à la corruption et à la pourriture de la classe politique et des gangsters qui gravitent autour… Sur le papier, cela ressemble à beaucoup d’autres films de la star de cette époque. Et c’est le cas, d’une certaine manière. Mais n’empêche : Mort d’un pourri est un film très réussi, et souvent très surprenant.

C’est évident dès la toute première image, et la première note de musique : la silhouette d’un saxophoniste dans un magnifique contre-jour… Ce polar-là, jazzy et désenchanté, est un vrai film d’atmosphère, plein de beaux moments de vrai cinéma.

L’aile perlée de gouttes de pluie d’une voiture dans la nuit parisienne, les lignes géométriques oppressantes d’immeubles modernes, les portes qui semblent constamment dissimuler le danger… Georges Lautner, cinéaste très inégal, signe l’une de ses mises en scène les plus inspirées, rappelant qu’il est le réalisateur du Septième Juré avant d’être celui des Tontons flingueurs.

Mort d’un pourri, film ancré dans les artères parisiennes (à l’exception d’une belle scène de chasse sous tension), est aussi un vrai film noir, l’hommage de Lautner au film de genre américain. On pense à La Clé de verre surtout, dont il partage la vision sans concession du monde politique. L’amitié qui lie Delon à Maurice Ronet évoque furieusement celle entre Alan Ladd et Brian Donlevy.

Delon, héritier de Ladd ? C’était déjà le cas dans Le Samouraï, inspiré de Tueur à gages. Ça l’est de nouveau ici, tant le regard dur et pur et le visage décidé de Delon incarnent la même fatalité que ce qu’incarnait Ladd. La comparaison saute aux yeux dans cette scène où, drogué, Delon gît sur un matelas… Déjà vu !

Lautner tient admirablement la tension, avec des irruptions aussi soudaines que frappantes de la violence. Belle scène nocturne avec une Ornella Muti poursuivie par deux tueurs, et paralysée par la panique. Une image d’une intensité assez rare.

Le film est aussi un festival de prestations marquantes. Delon est formidable. Mais le scénario (et les dialogues) donne le beau rôle aux seconds couteaux : Michel Aumont, Stéphane Audran, Julien Guiomar, Klaus Kinsky, Mireille Darc… Avec un petit coup de cœur pour Jean Bouise, réjouissant en flic un peu raide, dont les face-à-face avec Delon sont franchement réjouissants.

Les Tontons flingueurs – de Georges Lautner – 1963

Posté : 9 mars, 2020 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1960-1969, LAUTNER Georges | Pas de commentaires »

Les Tontons flingueurs

On a à peu près tout dit sur ce Lautner là. Qu’il fait partie pour toujours des films cultes du cinéma français, que les dialogues d’Audiard sont inoubliables, que les acteurs atteignent des sommets, mais aussi que c’est du bon vieux cinéma de papa. Tout ça est vrai.

Du cinéma de papa, donc, parce que même si le rythme est plutôt plus soutenu que dans mon souvenir, la mise en scène de Lautner reste tout de même très fonctionnelle. Et les scènes « d’action », sans être ennuyeuses, n’ont pas un grand intérêt.
L’intrigue non plus d’ailleurs, n’a pas d’intérêt. Franchement, qui se soucie de qui est le traître ? Qui s’intéresse vraiment à l’histoire d’amour entre Patricia et son précieux prétendant ? Et qui se pose la question de l’avenir de Fernand ? Va-t-il s’installer à Paris ou retrouver son entreprise pépère à Montauban ?

On s’en fiche royalement, parce que les personnages n’existent pas. Ni Fernand, ni Raoul, ni le notaire, ni les autres… La seule chose qui existe, ce sont les acteurs, et le plaisir énorme qu’ils prennent à dire les dialogues d’Audiard. Ventura, Blier, Blanche, Dalban, Rich… Même Jean Lefebvre est assez génial avec cette gueule d’ahuri constamment surpris de voir son frère (Blier) s’en prendre plein la tronche (« en pleine paix ! »).

Un sommet bien sûr : la beuverie mémorable dans la cuisine autour du paquet de « grisby », avec les cinq acteurs principaux qui vident des bouteilles de tords-boyaux, « du costaud » avec « un goût de pomme ». Et l’air outré de Lino Ventura et Francis Blanche lorsque Patricia (Sabine Sinjen) les accuse d’être complètement saouls : « On a rien bu… » assure le premier. « Du jus de pomme », s’insurge le second.

Un film ? A peine : un écrin royal pour des dialogues et des comédiens réjouissants.

Le Pacha – de Georges Lautner – 1969

Posté : 15 mars, 2018 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1960-1969, GABIN Jean, LAUTNER Georges | Pas de commentaires »

Le Pacha

Soyons positif, ne retenons que le meilleur : le personnage de flic de Gabin qui réussit à sortir du tout-venant de sa filmographie d’alors en passant son temps à évoquer son enfance ; une manière étonnante de s’amuser des brutalités policières (oui, il y a du second degré… enfin je pense) ; le soin inhabituel apporté aux décors, et particulièrement à ce bureau tout en vitres et en lignes géométriques ; et surtout la scène musicale avec Gainsbourg, lorsque Gabin débarque dans un studio en pleine cession d’enregistrement.

Le face à face entre Gabin et Gainsbourg est forcément historique et mythique, même s’il ne passe que par l’image, sans s’inscrire directement dans l’histoire. Ces deux monstres que tout sépare le sont effectivement (séparés), par la vitre du studio d’enregistrement. Pourtant, c’est le moment le plus marquant du film, la seule scène vraiment bien filmée.

S’il y avait du mauvais esprit sur ce blog, on soulignerait que ce passage est l’un des rares, voire le seul, où le réalisateur Lautner prend le pas sur son dialoguiste Michel Audiard. Il est alors au sommet, Audiard, et les dialogues qu’il signe pour Le Pacha sont effectivement aux petits oignons, mémorables même pour certains. Sauf qu’ils n’existent que pour eux-mêmes, comme s’ils étaient écrits indépendamment du scénario.

L’impression, désagréable au possible, qui en ressort, c’est que Audiard fait le malin, et que toutes ses punchlines semblent clignoter avec une grande flèche qui dirait « regarde comme c’est génial ! » Tellement lourd que ça en devient pénible, y compris la fameuse réplique pour laquelle Le Pacha est resté célèbre, lancée par Gabin (qui ne jurait que par Audiard à cette époque) à Robert Dalban : « Quand on mettra les cons sur orbite, t’as pas fini de tourner. » Mémorable, certes, mais qui arrive comme un cheveu sur la soupe.

Une réplique, quand même, est réjouissante : la toute dernière, sur le fil, quand l’histoire est terminée, en voix off, comme un drôle d’hommage de Gabin à son ami disparu : « Albert les Galoches, la terreur des Ardennes, le bonheur des dames, mon pote !… L’empereur des cons… »

Le Septième Juré – de Georges Lautner – 1961

Posté : 7 octobre, 2016 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1960-1969, LAUTNER Georges | Pas de commentaires »

Le septième juré

Lautner n’a pas encore connu le grand succès populaire lorsqu’il réalise Le Septième Juré (son Monocle noir a été tourné la même année). Est-ce la raison ? Voilà peut-être en tout cas le plus réussi de ses films. Le plus abouti esthétiquement en tout cas, et l’un des rares à être tenus de bout en bout, avec une vraie volonté d’imposer un style visuel et un rythme au film.

Le succès venant, Lautner aura un peu trop tendance à se reposer sur ses acteurs et ses dialogues souvent éclatants (déjà excellents ici, d’ailleurs). Mais avec cette adaptation d’un roman de Francis Didelot, il semble encore avoir l’ambition de sa jeunesse. Et dévoile ce que la suite ne confirmera pas toujours : le gars a du talent.

Dès la séquence d’ouverture, admirable flânerie sur un lac écrasé par le soleil, l’atmosphère est posée, et le malaise est là. Plus tard dans le film, une autre scène, dans un bar à la mode cette fois, créera une autre atmosphère autour des confessions troublantes d’un homme à son fils. Et puis ces soirées infinies qui réunissent les notables de la petite ville où s’est noué le drame, où la bonne humeur n’est une façade qu’on ne fait pas même mine de lustrer.

Plus qu’un film de prétoire comme le laisse entendre le titre (les scènes de tribunal ne sont d’ailleurs pas les plus convaincantes), Le Septième Juré est le portrait cruel de cette « bonne société » qui prend des arrangements confortables avec la morale et les faits, et pour qui la vérité est une notion qui ne doit surtout pas bousculer l’ordre établi.

Bernard Blier (sobre et formidable) en fera les frais, pharmacien très fréquentable choisi pour être l’un des jurés dans le procès d’un homme accusé d’un meurtre… qu’il a lui-même commis. L’idée est forte, et aurait pu donner un grand thriller, mais on est dans un tout autre registre, un véritable jeu de massacre dont à peu près personne ne sortira indemne.

 

Kiefer Sutherland Filmographie |
LE PIANO un film de Lévon ... |
Twilight, The vampire diari... |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | CABINE OF THE DEAD
| film streaming
| inderalfr