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Archive pour la catégorie 'COSTNER Kevin'

Batman v. Superman : l’aube de la justice (Batman v Superman : Dawn of Justice) – de Zack Snyder – 2016

Posté : 13 octobre, 2020 @ 8:00 dans 2010-2019, COSTNER Kevin, FANTASTIQUE/SF, SNYDER Zack | Pas de commentaires »

Batman v Superman

Dès l’ouverture du film, Zack Snyder marque des points par rapport à son précédent blockbuster. Le côté désincarné de Man of Steel ? Il en fait le sujet de cette suite qui décale le point de vue. Superman est un héros inhumain, trop romantique et spontané pour appréhender toute l’ampleur de ses actes. Batman est tout le contraire.

Voilà pour le contexte, dont la scène d’ouverture trouve les racines dans la dernière séquence du film précédent. En faisant glisser le point de vue, Snyder lui donne une dimension nettement plus humaine, plus dramatique, plus sombre.

La suite a les défauts de Zack Snyder : un esthétisme jusqu’au-boutiste qui repose trop sur les effets numériques pour ne pas être un peu froid ; une incapacité à créer un mouvement réellement fluide entre deux séquences fortes… Mais Batman v. Superman prend nettement plus le temps de suivre ses personnages. Comme si, au fond, Bruce Wayne intéressait plus Snyder que Clark Kent. On le comprend.

A vrai dire, le personnage de Wayne/Batman cristallise tout le mal que l’on pensait du premier film, comme si, au choix : Zack Snyder se rachetait avec ce personnage du nanar qu’il avait commis ; ou Man of Steel n’était en fait qu’une ébauche, ou plutôt une base nauséabonde destinée à donner du sens à l’affrontement à venir entre les deux super-héros.

L’affrontement lui-même tient plutôt ses promesses. Du point de vue de Batman en tout cas, toujours de son point de vue. L’animosité qui l’habite à l’égard de l’homme de Krypton est assez bien vue. La réciproque, en revanche, est difficile à comprendre.

Comme est difficile à comprendre la présence de Wonder Woman, dont on se demande bien ce qu’elle fout là. En fait non, on le comprend trop bien : du teasing pour un Justice League à venir. Une fois l’affrontement promis par le titre tué dans l’œuf, reste trois bons quarts d’heure pour préparer la réponse de DC à Marvel : trois quarts d’heure de grand guignol explosif et kitsch, avec un monstre grotesque et les travers retrouvés du précédent film.

Trois quarts d’heure interminables qui feraient presque oublier les bons points du début : le temps que Snyder se permettait de prendre, et la présence assez intense et convaincante de Ben Affleck, qui rend Batman humain. Et on notera que je n’ai pas dit un mot sur la prestation de Jesse Eisenberg en Lex Luthor. Pas si mal, donc, mais la Justice League, ce sera sans moi…

Man of Steel (id.) – de Zack Snyder – 2013

Posté : 11 octobre, 2020 @ 8:00 dans 2010-2019, COSTNER Kevin, FANTASTIQUE/SF, SNYDER Zack | Pas de commentaires »

Man of Steel

Ça commence fort : vingt minutes de purs effets spéciaux pour raconter la naissance de Kal-el, futur Superman, et la disparition de sa planète Krypton. La charge émotionnelle pourrait être intense, avec ce sacrifice des parents (dont Russell Crowe, héroïque). Zack Snyder en fait une soupe indigeste, visuellement d’une laideur assez abyssale.

Dès cette séquence d’ouverture apparaît, criante, la tare n°1 du film : Snyder a tellement peu d’ennuyer qu’il gave l’écran et son scénario, jusqu’à l’écœurement. Son film est trop tout : trop rapide, trop frénétique, trop touffu, trop bruyant.

On peut s’en foutre (je n’en suis pas loin). On peut aussi regretter que Snyder n’ait pas d’avantage fait confiance à son scénario et à ses personnages. Les vingt premières minutes passées, quelques pistes paraissent rétrospectivement assez intéressantes. Les premières scènes sur Terre, notamment, qui boudent la chronologie classique pour des allers-retours relativement audacieux… et tellement trop pleins de spectaculaire que toute émotion est tuée dans l’œuf, avec application et beaucoup de moyens.

C’est trop gros, trop rapide, trop noyé sous des effets spéciaux massifs qui font perdre le principal atout du film : ces rares moments où le fantastique s’inscrit dans une Amérique « normale », tangible, simple et physique. Quelques moments (même pas des scènes entières) tendent vers cet aspect. Les rôles de Diane Lane et Kevin Costner aussi en parents de l’Amérique profonde de Clark Kent.

Mais ces moments sont furtifs. Ce qui domine, c’est le gigantisme, ces interminables scènes de combat qu’on devine tirées à 98 % d’un ordinateur, où les coups et les morts ne font aucun effet. Il y a quelques belles ambitions, un vrai sens de la mise en scène (l’action, si touffue soit-elle, est toujours lisible, et ce n’est pas si courant). Mais il manque une âme, un cœur, un peu d’humanité.

The Highwaymen (id.) – de John Lee Hancock – 2019

Posté : 30 janvier, 2020 @ 8:00 dans * Thrillers US (1980-…), 2010-2019, COSTNER Kevin, HANCOCK John Lee | Pas de commentaires »

The Highwaymen

Une question me taraude : le fait que mes deux premiers films Netflix, The Irishman et The Highwaymen, soient deux films sur la vieillesse, dit-il quelque chose sur Netflix ? Ou sur moi-même ? Passons… The Highwaymen, ou la traque de Bonnie et Clyde par un duo légendaire d’hommes de loi, est donc un film sur la vieillesse.

Kevin Costner et Woody Harrelson y sont deux Texas Rangers retirés des affaires, et auréolés d’une légende tâchée de sang, qui reprennent du service pour se lancer à la poursuite des célèbres Bonnie and Clyde. On pense au William Munny d’Impitoyable bien sûr, référence très assumée, jusqu’à cette manière dont le personnage de Costner est incapable de toucher la moindre bouteille avec son flingue…

Et il y a un peu de ça dans The Highwaymen, un peu de ce « baroud d’honneur » d’homme d’un autre temps, de vieux cowboys qui renouent avec la violence parce qu’elle est là, dans leur peau, mais qui réalisent sur le tard qu’elle est tout ce qu’ils ont cherché à fuir.

C’est un rôle sur mesure pour Costner, qui ne s’est peut-être jamais autant mis à nu, mettant en scène sa décrépitude physique avec une sincérité d’autant plus touchant qu’elle n’a rien de gratuite. L’acteur et sa place dans le cinéma contemporain est d’ailleurs, peut-être, le vrai sujet du film, tant les références à sa filmographie sont nombreuses. « Et après, on va appeler qui ? Wyatt Earp ? » interroge Kathy Bates. « Now we’re on open range« , lance Woody Harrelson.

Entre Costner et Harrelson, l’alchimie est parfaite, le second degré réjouissant du premier renforçant la prestation du deuxième. Bonnie and Clyde, d’ailleurs, ne sont qu’un prétexte pour souligner l’absurdité de cette époque où tout change, sorte de trait d’union entre l’Amérique des cow-boys et l’ère moderne, entre la Grande Dépression et la Grande Amérique.

Le film met à mal le mythe de Bonnie and Clyde. Il n’épargne pas non plus ceux qui les ont arrêtés. Et le réalisateur John Lee Jancock (scénariste d’Un monde parfait, la rencontre entre Costner et Eastwood) trouve le ton juste entre la gravité et la légende. Il y a une bonne dose de dérision dans cette virée de deux anciens dépassés par le monde qui les entoure. Il y a aussi de l’intensité, et une vraie dose de cynisme.

Costner domine le film avec son passé d’homme de l’Ouest, comme Eastwood avant lui. Il y avait bien longtemps qu’on ne l’avait pas vu dans un aussi bon film.

Danse Avec les Loups (Dances With Wolves) – de Kevin Costner – 1990

Posté : 17 janvier, 2020 @ 8:00 dans 1990-1999, COSTNER Kevin, COSTNER Kevin (réal.), WESTERNS | Pas de commentaires »

Danse Avec Les Loups

Il faut voir Danse Avec Les Loups dans sa version longue. Pas parce qu’elle est foncièrement meilleure que la version de trois heures sortie en salles, ni même parce que les scènes rajoutées ou rallongées apportent grand-chose à la compréhension de l’histoire (ou si peu). Non, simplement parce que cette version longue procure 45 minutes de bonheur et d’émotions supplémentaires, et que ça n’a pas de prix.

Oui, le premier film réalisé par Kevin Costner dure près de 3h45, et il n’y a pas le moindre gras, le moindre flottement, ni la moindre facilité, contrairement à ce que clamait un acteur français peu après la sortie du film en salles, en 1990, dans une interview donnée au supplément de fin d’année du magazine Studio. « Le triomphe de la facilité » lâchait-il laconiquement. Allez savoir pourquoi, l’ado que j’étais alors n’a plus jamais regardé cet acteur de la même manière.

C’était Thierry Frémont, à propos, et ce commentaire lapidaire reste pour moi totalement incompréhensible. Qu’on n’aime pas, qu’on s’y ennuie, qu’on y trouve même quoi que ce soit d’indigne, pourquoi pas. Mais la facilité ? Un western (tourné à l’époque la plus sinistrée pour le genre), d’une durée hors normes, volontiers contemplatif, et où les Indiens parlent (longuement) en langage sioux ? On fait plus facile pour un premier film…

Ah ! Et un détail que la grande histoire du cinéma ne retiendra peut-être pas : Danse Avec Les Loups a changé ma vie de cinéphile. C’est ce film-là qui, le premier, m’a fait comprendre, ou plutôt ressentir, la grandeur du cinéma, l’immensité des émotions qu’il pouvait procurer. Le revoir après pas mal d’années avait même quelque chose d’intimidant, et d’angoissant : il y a toujours un risque à revoir les films qui vous ont forgé étant jeunes.

Eh bien l’émotion est toujours aussi grande : oui, Danse Avec Les Loups, que sa durée condamne hélas à une sorte de purgatoire, est un film magnifique, audacieux, et d’une maîtrise impressionnante. Costner, qui s’offre le rôle de sa vie, réussit le mariage parfait de l’ampleur et de l’intime, avec ce portrait d’un lieutenant de l’armée nordiste qui choisit d’être muté à la Frontière, « avant qu’elle disparaisse », et qui s’y retrouve totalement seul, avec pour seule compagnie son cheval, un loup, et une tribu Sioux qui vit non loin de son avant-poste…

Danse Avec Les Loups, c’est l’histoire d’un homme qui doit renoncer à tout ce qu’il croyait être pour devenir celui qu’il est vraiment. C’est aussi l’histoire d’un peuple qui vit en totale harmonie avec son environnement, et dont la fin est proche. Costner n’angélise rien : tous les blancs ne sont pas des monstres, et les Indiens ont une sauvagerie qui glace le sang du bon colon. Mais son film fait ressentir avec une cruelle acuité la perte de cette harmonie, inéluctable pour construire l’Amérique.

Costner ne dénonce pas ouvertement, mais il constate avec honnêteté et amertume la douleur d’un peuple qui se sait condamner. Il n’y a peut-être que Ford, avec Les Cheyennes 26 ans plus tôt, qui avait su, et voulu, faire un film aussi fort et poignant sur la fin du peuple Indien, en tant que grande tragédie.

Surtout, il y a une humanité rare dans ce film, une manière de filmer les personnages avec une vérité proprement extraordinaire. Les Indiens bien sûr, loin de tous les clichés, que le film montre dans leur quotidien, dans leurs petits tracas, dans leurs rapports tendres et plein d’humours (une mention à Oiseau Bondissant, le sage joué par Graham Greene dont Costner filme les erreurs avec tendresse). Mais aussi les blancs : Timmons, le convoyeur vulgaire mais touchant, l’officier rendu dingue par l’isolement…

Réalisateur du film, personnage principal et central, Costner est tout ça à la fois, et ses casquettes se confondent : c’est le regard de John Dunbar (son personnage) qui est au cœur du film, c’est lui d’ailleurs qui sert de narrateur à travers son journal intime, et qui est (presque) de chaque scène. C’est son regard émerveillé et enthousiaste que l’on partage lorsqu’on découvre les plaines immenses, l’harmonie du camp sioux, ou plus tard le troupeau de bison qui traverse la nuit (un moment d’une beauté sidérante).

On pourrait parler longuement de l’harmonie et du sentiment de gâchis, de l’émotion qui se dégage de ce face-à-face au long cours entre Dunbar et le loup, de l’histoire d’amour entre le héros et la blanche élevée par les Sioux (Mary McDonnell), de la manière dont Costner filme l’évolution de son personnage ou de celle dont il filme les paysages grandioses. Ou encore de la superbe musique de John Barry… On peut aussi résumer en quelques mots : Danse Avec Les Loups est une merveille.

Jusqu’au bout du rêve (Field of dreams) – de Phil Alden Robinson – 1989

Posté : 8 juillet, 2019 @ 8:00 dans 1980-1989, COSTNER Kevin, FANTASTIQUE/SF, LANCASTER Burt, ROBINSON Phil Alden | Pas de commentaires »

Jusqu'au bout du rêve

Le base-ball comme symbole de l’innocence perdue, la nostalgie d’une certaine Amérique profonde… Il y a dans ce film des tas de choses qui pourraient agacer, ennuyer, ou faire fuir. Et pourtant, avec Field of dreams, Phil Alden Robinson réussit une sorte de miracle: tout fonctionne, tout est d’une justesse totale, l’émotion est constante, et forte. Avec ce film, le réalisateur un superbe conte à la Capra, trouvant une sorte d’alchimie que la suite de sa filmographie n’expliquera pas.

Kevin Costner, fermier paisible qui s’ennuie un peu dans ses terres reculées, qui entend des voix dans son champ de maïs… La scène qui ouvre le film aurait pu plomber l’ensemble du récit. Mais pour une raison que je n’arrive toujours pas à m’expliquer après quelques visions, cette image est belle, très belle. Et elle dégage d’emblée un parfum doucement nostalgique qui renvoie à l’enfance et vous prend aux tripes.

Et il est formidable, Costner, juste . Alors en pleine ascension (il n’allait pas tarder à tourner Danse Avec les Loups, son grand-œuvre), il est une incarnation parfaite d’une certaine Amérique : celle des rêves perdus, d’une certaine innocence. Le film valorise cet esprit d’auto-entreprise qui a accompagné la naissance de la nation. Et ce qui aurait pu être de la naïveté se transforme en une fable universelle autour de la figure du père, qui vous prend aux tripes pour ne plus vous lâcher.

Impossible de ne pas verser une larme devant ce face-à-face tant attendu entre Kevin et son père, figé pour l’éternité dans une jeunesse qu’il n’a jamais connue, sur ce terrain de base-ball créé au milieu des champs de maïs pour apaiser les fantômes de joueurs morts depuis longtemps (un beau rôle pour Ray Liotta). Impossible aussi de ne pas vibrer devant la dernière scène d’un Burt Lancaster en fin de carrière, qui disparaît avec une douceur ouatée dans un ailleurs qu’on ne peut qu’imaginer. Un beau film, en état de grâce…

JFK (id.) – d’Oliver Stone – 1991

Posté : 21 mars, 2019 @ 8:00 dans 1990-1999, COSTNER Kevin, STONE Oliver | Pas de commentaires »

JFK

Le 22 novembre 1963, le président des Etats-Unis a été assassiné à Dallas. Si, si. Contrairement au moyennement enthousiasmant Complot à Dallas, le film d’Oliver Stone ne chemine pas vers cet assassinat : il en fait son point de départ, le scénario étant basé sur le livre de Jim Garrison, le procureur ayant longuement mené l’enquête et remis en cause le très officiel rapport Warren, qui établissait l’acte d’un tireur isolé, à l’occasion de l’unique procès mené après la mort de Kennedy.

Très ironiquement, le vrai Jim Garrison (qui allait mourir d’un cancer l’année suivante) apparaît brièvement dans le film, jouant le rôle d’Earl Warren. Lui-même est bien entendu interprété par Kevin Costner, au sommet de sa gloire, qui trouve là l’un de ses meilleurs rôles. Un rôle taillé sur mesure pour lui en tout cas, tant Costner incarne parfaitement une certaine idée de l’Amérique : celle des cow-boys et des hommes de loi intègres. Étonnant d’ailleurs de voir le nombre de plans qui sont des réminiscences, sans doute inconscientes de la part de Stone, des Incorruptibles.

Elliott Ness et Jim Garrison : même combat ? En quelque sorte, oui. Les deux personnages (bien réels) sont des chevaliers blancs qui sacrifient tout au profit de la justice, affrontant un système établi gangrené par la corruption et la violence. Dans JFK, on atteint des sommets, bien sûr. Nul besoin de préciser que Stone, pas plus que Garrison, ne croit pas une seconde à cette thèse du tireur isolé qu’il ridiculise allègrement avec tous les outils cinématographiques qui sont à sa disposition.

Les Cubains, la mafia, la CIA, le FBI, le gouvernement… même Lyndon B. Johnson, le successeur de Kennedy à la Maison Blanche, est dans la ligne de mire. C’est dire si la thèse complotiste défendue par Garrison surfe avec les limites de la paranoïa. Stone y croit sans doute dur comme fer, lui aussi, et son film est clairement politique. Pourtant, jamais il ne troque sa casquette de cinéaste contre celui de pur militant.

JFK est en effet un film qui ne quitte jamais le strict point de vue de son personnage principal, ce qui laisse constamment planer le doute quant à la vérité de ce que l’on voit : si convaincante soit-elle, la thèse de Garrison n’est-elle pas le fruit de fantasmes complotistes, ou de simples erreurs de jugements ? Impossible de sortir du film sans pencher très clairement du côté du complot, mais certains faits semblent un peu facilement assénés comme des vérités.

Stone livre une version plausible du complot, extraordinairement documenté : on y croise des dizaines de « vrais » personnages et des centaines de faits et de détails qu’on a parfois un peu de mal à suivre, mais qui donnent une fascinante impression de vertige. Et quel casting, pour interpréter tous ces personnages : Jack Lemmon, Walter Mathau, Tommy Lee Jones, Joe Pesci, Gary Oldman, Kevin Bacon, Sissy Spacek, Michael Rooker, Ed Asner, John Candy… ou encore Donald Sutherland dans le rôle d’un « Mister X » très influencé de Gorge Profonde, et unique personnage fictif du film : Stone expliquait avoir synthétisé dans ce « X » de nombreux personnages réels, afin de limiter son film à une durée raisonnable.

Reste que JFK, dans sa version intégrale, dure pas loin de 3h30. Mais 3h30 absolument grisantes et enthousiasmantes. Le style d’Oliver Stone trouve ici sa forme la plus parfaite, comme si tout son cinéma tendait vers JFK (un peu comme Les Affranchis pour Scorsese). Dans ce film-enquête et ce sujet si fascinant, Stone trouve la matière à toutes les expérimentations, mêlant dans un montage virtuose les images « classiques », les archives authentiques, les fausses archives.

Le procédé a dû faire bondir les historiens, tant il joue avec la perception du spectateur, recréant des images que l’on croit (re)connaître par cœur pour obtenir l’angle qu’il recherche, ou le détail qu’il veut mettre en avant, ou pour incorporer ses acteurs. Procédé sans doute discutable (mais que le point de vue de Garrison justifie), mais que Stone assume pleinement, faisant de son film-fleuve un long mouvement hallucinant de maîtrise et de cohérence. Son chef d’œuvre, sans l’ombre d’un doute.

Silverado (id.) – de Lawrence Kasdan – 1985

Posté : 23 juin, 2017 @ 8:00 dans 1980-1989, COSTNER Kevin, KASDAN Lawrence, WESTERNS | Pas de commentaires »

Silverado

Lawrence Kasdan aime le western, c’est un fait. Kevin Costner aussi, et c’est tant mieux que ces deux-là se soient rencontrés : ensemble, ils tourneront encore presque dix ans plus tard une fresque mal-aimée mais nettement plus ambitieuse, Wyatt Earp. Pour l’heure, Kasdan n’ambitionne vraiment qu’une chose : relancer un genre moribond. Mais ce qu’il réussit surtout à faire, c’est à lancer la carrière stagnante de Costner, en lui confiant le rôle le plus ouvertement cool et spectaculaire du film.

Et ce n’était pas évident qu’un jeunôt puisse surnager au milieu d’un tel casting : Kevin Kline, Scott Glenn et Danny Glover en tête, entourés par Brian Dennehy, Jeff Goldblum, Rosanna Arquette, Linda Hunt ou John Cleese. Certains (Cleese, Arquette) sont certes sacrifiés sur l’autel du trop-plein de personnages, mais la plupart des autres sont plutôt bien servis par une intrigue pas novatrice, mais pleine de rebondissements.

Après une entrée en matière alléchante (Scott Glenn attaqué par des bandits dans une cabane isolée, qui descend tous ses ennemis avant d’ouvrir la porte sur un paysage grandiose), le film se contente quand même très largement de remplir le cahier des charges. Les personnages sont fort sympathiques, le rythme est impeccable, mais tout cela a plutôt l’apparence d’un habile pastiche, sincère mais pas révolutionnaire.

Loin en tout cas du Pale Rider que Clint Eastwood a tourné la même année, et qui lui non-plus ne suffira pas à relancer le western, quasi-mort en ce milieu des années 80. Pour cela, il faudra attendre 1990 et Danse Avec Les Loups, première réalisation d’un certain Kevin Costner.

Sens unique (No Way Out) – de Roger Donaldson – 1987

Posté : 4 octobre, 2016 @ 8:00 dans * Espionnage, * Thrillers US (1980-…), 1980-1989, COSTNER Kevin, DONALDSON Roger | Pas de commentaires »

Sens unique

En 1948, John Farrow réalisait La Grande Horloge, un modèle de thriller. Le héros, interprété par le génial Ray Milland, était un reporter chargé par son patron d’identifier l’homme que sa maîtresse fréquentait, et qui est censé l’avoir assassiné. Sans savoir que cet homme n’est autre que Milland lui-même. Un film tendu et claustrophobique, l’intrigue se déroulant entièrement dans les murs d’une rédaction de journal.

Quarante ans plus tard, Roger Donaldson reprend la même intrigue et le même parti-pris (un homme chargé de démasquer un suspect qui n’est autre que lui-même, dans un environnement clos), mais change complètement le décor. Oublié le journalisme d’investigation des années 40. Désormais, c’est au cœur du Pentagone, avec l’ombre de la guerre froide qui plane, que nous plonge Donaldson.

L’idée en vaut une autre. Et ce décor, fait de grands couloirs et de vastes salles, et où l’informatique (à la sauce 80s) est omniprésent, offre de belles perspectives en matière de suspense. Mais Donaldson n’est, décidément, pas Farrow. Et ce remake dont j’avais gardé un bon souvenir met un temps fou à se mettre en route. Comme s’il fallait absolument profiter de la présence de Sean Young, dans le rôle de la victime, sa mort semble être repoussée autant que possible… jusqu’à la mi-film en fait.

Le problème, c’est qu’avant sa mort, il n’y a pas de film. L’intrigue n’existe pas, le suspense n’a pas de raison d’être, et ne reste alors qu’une romance banale et franchement ennuyeuse, avec un Kevin Costner qui se contente d’être beau et charismatique, et une Sean Young qui minaude comme c’est pas permis. Ajoutez un Gene Hackman en grand méchant et en roue libre, et un Will Patton qui cabotine à outrance… Bref, Donaldson n’est pas, non plus, un grand directeur d’acteur.

La deuxième moitié, heureusement, est plus palpitante. Le suspense fonctionne plutôt bien. Et dès que Costner se met à courir, il donne un vrai rythme à ce thriller souvent mou. Ça suffit pour passer un bon moment. Pas, mais vraiment pas, pour oublier le chef d’œuvre de John Farrow.

Un monde parfait (A Perfect World) – de Clint Eastwood – 1993

Posté : 21 août, 2016 @ 5:15 dans * Thrillers US (1980-…), 1990-1999, COSTNER Kevin, EASTWOOD Clint (acteur), EASTWOOD Clint (réal.) | Pas de commentaires »

UN MONDE PARFAIT

Avec Impitoyable, ce chef d’œuvre qu’il portait en lui depuis dix ans, Clint Eastwood a mis un terme définitif à une logique dans laquelle il s’était enfermé lui-même : l’alternance quasi-systématique de films personnels qui rencontraient un succès limité, et de films de commandes qui commençaient sérieusement à ennuyer ses admirateurs les plus fervents. Même réalisé par ses soins, La Relève était ainsi l’œuvre d’un action hero totalement dépassé par l’évolution du genre.

Après une virée dans les tréfonds où plus d’une ancienne gloire se sont perdues à jamais (qui se souvient de Pink Cadillac, nanar même pas sorti en salles en France ?), Eastwood s’est totalement débarrassé de tout autre critère que l’envie pure. Et c’est sa plus belle période qui s’est ouverte, symbolisée par le triomphe critique et public d’Impitoyable, mais marqué par une impressionnante série de chefs d’œuvre, jusque dans les années 2000.

Un monde parfait, malgré son casting (Clint en second rôle face à un Kevin Costner encore au sommet), ne sera pas son plus gros succès. Mais il s’agit bien de l’un de ses plus beaux films, un faux thriller qui est en fait une balade émouvante et déchirante sur les regrets et les remords, et sur l’innocence perdue.

Plus encore que dans son précédent film, Eastwood s’est totalement libéré de cette nécessité de « faire spectaculaire ». Il est définitivement devenu le cinéaste introspectif et presque contemplatif que Honkytonk Man avait déjà dévoilé. Un cinéaste des émotions pures et des petits plaisirs de la vie. Un monde parfait est une drôle de chasse à l’homme, où d’étranges liens se tissent : entre l’évadé Costner et le flic Eastwood qui le traque et qui dévoile peu à peu une culpabilité inattendue ; et surtout entre Costner et son très jeune otage, petit Témoin de Jeovah dont les manques font échos à sa propre enfance gâchée.

Quant à Kevin Costner, magnifique, c’est un peu son chant de cygne, la fin d’un cycle magnifique pour lui depuis Les Incorruptibles. Le semi-échec du film, et les fiasco de Waterworld, Wyatt Earp et The War qu’il tournerait l’année suivante (sa cruelle « année W ») l’éloigneront du sommet, comme un certain Eastwood avant lui. Mais lui, aujourd’hui, n’y est toujours pas retourné.

Les Incorruptibles (The Untouchables) – de Brian DePalma – 1987

Posté : 3 novembre, 2015 @ 3:15 dans * Thrillers US (1980-…), 1980-1989, COSTNER Kevin, DE NIRO Robert, DE PALMA Brian | Pas de commentaires »

Les Incorruptibles

Ce n’est à l’évidence pas le plus personnel film de De Palma. Lui qui, une dizaine d’années plus tard, saura s’approprier son autre adaption de série TV culte (Mission Impossible, donc), se met ici totalement au service de la production, en mettant de côté les thèmes habituels de sa filmographie, mais en lui réservant tout de même le meilleur de son savoir-faire.

Ajoutez à cela une très belle reconstitution de ce Chicago de la Prohibition, très appliquée, et vous obtiendrez un grand film de genre. Un peu propret toutefois, et sans les aspérités que l’on aimerait voir, mais réjouissant de bout en bout. Le scénario de David Mamet, remarquablement construit, n’y est pas pour rien. De même que la musique très inspirée (et très présente) de Morricone.

Les acteurs aussi sont formidables. De Niro cabotine à mort, le vétéran Connery et le jeunôt Garcia dévorent l’écran, et Costner a une classe folle dans le rôle qui inaugure sa période glorieuse, avec ce jeu effacé que certains prennent pour de la transparence.

Mais c’est bien quand le cinéaste laisse aller son inspiration visuelle et sa logique cinéphile que le film atteint des sommets. C’est évidemment le cas lors de la fameuse séquence de la gare, hommage appuyé et impressionnant au Cuirassé Potemkine et scène d’anthologie qui justifie à elle seule l’existence du film. Ralenti et tension incroyable, maîtrise parfaite de l’espace : cette séquence rentre dans le panthéon des grandes scènes de gare du cinéma de De Palma (oui, il y a un panthéon pour ça), avec celle de Blow Out, et surtout celle de L’Impasse.

Il y a bien d’autres grands moments : la rencontre avec Sean Connery, l’exécution du cadavre à la frontière canadienne, la mort de Charles Martin Smith, ou le saut de l’ange de Billy Drago. Les Incorruptibles, malgré son aspect par moments trop lisse par rapport à la violence de son sujet, est clairement l’une des grandes réussites du cinéma de genre des années 80.

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