Hitcher (The Hitcher) – de Robert Harmon – 1986
Voilà un film qui m’avait laissé une impression assez dingue, il y a… au moins 25 ans. J’en avais gardé un souvenir assez traumatisé, une sensation de grande tension et d’horreur diffuse. Sa sortie en blu ray (chez Sidonis/Calysta) est une occasion plutôt excitante de confronter ces souvenirs (ou plutôt ces sensations résiduelles) à une re-vision.
Eh bien il tient plutôt pas mal la route, ce thriller horrifique qui lança (pas pour longtemps) la carrière de Robert Harmon, réalisateur dont la filmographie au cinéma se limitera à pas grand-chose (un Van Damme un peu mou du genou) après une série de choix discutables (après Hitcher, le gars a refusé L’Arme fatale et Liaison fatale, nous apprennent les suppléments du blu ray… double refus fatal).
Au niveau de l’inspiration, le film doit beaucoup à une poignée de références fortes : Le Voyage de la Peur pour l’histoire de ce type sans problème qui prend en stop un psychopathe bien gratiné ; Duel pour les grands espaces désertiques et oppressants de l’Ouest américain, et pour la menace irrationnelle ; mais aussi Halloween et la vague des slashers pour l’incarnation du mal absolu dont les actes et l’omniscience échappent à toute logique psychologique réaliste.
Eric Red (le scénariste, à l’origine du projet) et Robert Harmon s’approprient ces références en en démultipliant l’impact : beaucoup plus de morts, beaucoup plus de rebondissements… L’occasion aussi de vérifier une nouvelle fois que plus, ce n’est pas forcément mieux : dans tous les aspects, si réussi soit-il, Hitcher ne dépasse pas vraiment le stade du bon élève, qui flirte parfois avec le grand guignol.
Mais Robert Harmon tire le meilleur de ce scénario très (trop) généreux. En premier lieu grâce à un vrai talent pour filmer les paysages grandioses comme des éléments d’angoisse qui enferment les personnages. Et l’angoisse est réellement omniprésente, rendant la vision du film assez traumatisante… alors que l’horreur n’est, à peu près, jamais filmée. Les morts s’enchaînent, les détails horrifiques aussi, mais toujours hors champs.
Est-ce ce parti-pris ? Ou l’interprétation inquiétante mais presque douce de Rutger Hauer, flippant face à un C. Thomas Howell un peu terne ? Hitcher reste en tout cas un film particulièrement efficace, et une variation très originale dans cette grande mode des tueurs en série maléfiques. Une belle redécouverte.