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Archive pour la catégorie 'DECOIN Henri'

Je suis avec toi – de Henri Decoin – 1943

Posté : 1 mars, 2024 @ 8:00 dans 1940-1949, DECOIN Henri | Pas de commentaires »

Je suis avec toi

Charmante petite chose très inconséquente que signe Decoin entre deux films majeurs (L’Homme de Londres et La Fille du diable) : une comédie de mœurs vaguement musicale (la dernière partie surtout), vaguement amorale et très centrée sur le couple-vedette que formaient alors Yvonne Printemps et Pierre Fresnay.

Vaguement amoral, parce qu’il est question de tromperie et de coucheries extraconjugales, ce qui n’est tout de même pas si fréquent dans un cinéma alors très pudibond. Encore que la notion d’extraconjugalité, et de tromperie, est sujette à caution…

Le film commence par une séparation : celle d’un couple d’amoureux fous, qui se disent au-revoir pour la première fois depuis dix ans. Lui reste en France tandis qu’elle s’embarque pour l’Amérique, où elle doit rester quelques semaines. Incapable de rester seul chez lui, lui s’installe à l’hôtel, où il tombe direct sur… le sosie de sa femme, qu’il prend pour icelle, avant de s’enticher de ce sosie parfait et pourtant différent, qui s’avère être…

Pas beaucoup de suspens, alors spoilons allégrement (ça y est ? Les anti-spoils ont quitté cette page?)… qui s’avère donc être l’authentique femme, et non son hypothétique sosie. Tromperie ou signe ultime d’amour ? Et que dire du meilleur ami, amoureux transi de la femme de son ami, qui révèle son amour tu à la copie conforme ? Une chose déjà : il est joué par Bernard Blier, donc forcément réjouissant.

Mine de rien, il y a d’authentiques interrogations morales autour de ce film, qui n’en fait rien de très profond, mais une fantaisie pleine d’humour et de vie. Un plaisir assez simple, assez joyeux, et assez inconséquent, filmé avec beaucoup d’esprit et de vivacité.

LIVRE : Henri ou Henry – de Didier Decoin – 2006

Posté : 1 avril, 2023 @ 8:00 dans DARRIEUX Danielle, DECOIN Henri, LIVRES | Pas de commentaires »

LIVRE Henri ou Henry

Une petite frustration : le peu de place que Didier Decoin accorde au cinéma de son père. Il est question de Danielle Darrieux bien sûr, avec qui Decoin père a formé l’un des plus beaux couples du cinéma français. Mais Si Didier parle de Danielle, c’est avant tout pour évoquer son père en tant qu’éternel amoureux.

Homme à femmes, Henri ? L’homme a enchaîné les conquêtes, mais son fils souligne surtout le fait que pour lui, chaque femme a été le grand amour d’une vie. Un amoureux total, qui envisageait chaque relation comme celle qui l’accompagnerait jusqu’à son dernier souffle.

Un homme entier, passionné, multiple… Decoin fils évoque le parcours de Decoin père (avant qu’il devienne père, et avant qu’il devienne cinéaste). Tanneur de fourrures quand il était minot, grand nageur sélectionné aux Jeux Olympiques de 1912, militaire durant la Grande Guerre, journaliste sportif… le livre de Didier Decoin évoque l’incroyable parcours d’un homme qui semble avoir eu mille vies avant de devenir celui que la postérité a retenu.

Parcours fascinant, livre passionnant, dans lequel l’actuel président de l’Académie Goncourt signe une déclaration d’amour enthousiasmant à ce père disparu depuis si longtemps, livrant l’image d’un homme bien, d’un passionné, d’un père aimant. Parmi les surprises, notons le film mort-né que Henri et Didier ont failli faire ensemble. Un épisode de leur vie commune que l’on découvre avec beaucoup d’émotions…

Retour à l’aube – d’Henri Decoin – 1938

Posté : 12 mars, 2023 @ 8:00 dans 1930-1939, DARRIEUX Danielle, DECOIN Henri | Pas de commentaires »

Retour à l'aube

Elle est simple, cette histoire : la jeune et jolie femme du chef d’une petite gare découvre la ville et ses tentations, au risque de se perdre. Simple, et semblable à tant d’autres films qui opposent l’innocence des jeunes filles de la campagne au cynisme des citadins.

Le fond du film n’est guère différent. Mais pour ce qui est de la forme… Decoin signe une petite merveille, à la fois légère et grave, anodine et d’une intensité folle. La jeune fille, c’est Danielle Darrieux forcément, la muse incontournable du réalisateur à cette époque (à moins que ce ne soit le contraire). Le couple représente alors une sorte d’idéal de cinéma, et Retour à l’aube est l’un de leurs chefs d’œuvre.

Elle est merveilleuse, Darrieux, dans le rôle de cette jeune innocente confrontée aux tentations, aux doutes, aux drames, en une seule soirée qui vaut une vie, tout ça à cause d’un train raté pour deux minutes. « Deux minutes m’ont perdue… On croit que ce n’est rien, deux minutes… » Le regard de Darrieux, ses lèvres en suspension, ses cris paniqués… Le genre de rôle qui suffit à faire la réputation d’une actrice. Elle en aura d’autres, des rôles marquants, mais celui-ci est magnifique.

Decoin, grand cinéaste et grand amoureux, ne la quitte pas un instant. Il la filme avec passion. Il filme aussi l’effet qu’elle fait sur les autres et c’est aussi beau : les regrets des employés d’un hôtel qui la regardent partie les menottes aux poignets, les réflexions pleines de désirs de riches peu reluisants, le trouble de policiers pas si inflexibles, celui d’un grand voleur et grand séducteur, et la vulnérabilité tardive d’un mari pas si froid…

Il est beau ce film, parce que Darrieux est grande, et parce que Decoin, cinéaste décidément précieux et trop peu reconnu, filme chaque situation, si anodine soit-elle, comme s’il s’agissait du sommet du film. C’est la marque de ses plus belles réussites. C’est de cette passion totale que naît les torrents d’émotion que suscite Retour à l’aube. Une merveille. Point.

Bonnes à tuer – d’Henri Decoin – 1954

Posté : 26 février, 2023 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1950-1959, DARRIEUX Danielle, DECOIN Henri | Pas de commentaires »

Bonnes à tuer

Henri Decoin, homme à femmes, aurait-il projeté ses propres fantasmes dans ce film ? Il y met en scène un homme qui réunit lors d’une soirée dans un bel appartement dominant la ville, toutes les femmes qui ont compté dans sa vie (dont Danielle Darrieux, ex-compagne du cinéaste). Une soirée à l’atmosphère étrange, un peu malsaine, où l’hôte se met en scène en démiurge s’amusant des réactions de sa cour…

Le personnage que joue Michel Auclair est aux antipodes du cinéaste, éternel amoureux. Lui est un jeune ambitieux et arrogant dont on sait dès le début qu’il a prévu de tuer l’une des femmes, et que l’issue du film sera effectivement fatale. Mais quelle est sa cible ? Laquelle de ses quatre conquêtes, qu’il invite ensemble malgré tout ce qui les oppose, pour ce qu’il dit être la pendaison de crémaillère du luxueux appartement avec terrasse surplombant Paris, qu’il s’est offert comme le symbole de son ascension fulgurante.

L’essentiel du film se concentre dans cet appartement, et sur cette terrasse, sur cette soirée étrangement tendue. Mais ce qui fascine, c’est moins cette tension (avec sa conclusion attendue), ou le fait de faire d’un personnage antipathique le pivot du film (Auclair est très bien, d’ailleurs), que les personnalités si dissemblables des quatre femmes. Quatre femmes radicalement différentes, presque limitées à un type, au bord de la caricature : la douce (Danielle Darrieux, merveilleuse), l’hyper-sexuée (Corinne Calvet), la vamp mystérieuse (Miriam di San servolo), et la jeune ingénue délurée (Lyla Rocco).

La construction du film est étonnante. Essentiellement linéaire, il est parsemé de plusieurs flash-backs, adoptant chacun le point de vue de l’une des femmes. L’un d’eux est remarquable, et rompt avec l’habituel classicisme tout en élégance et en efficacité qui domine par ailleurs : celui où la jeune ingénue raconte une soirée telle que son esprit embrumé d’alcool l’a vécu. Là, Decoin dévoile une autre facette de son talent, passionnante, qui aurait mérité d’être développée.

L’Affaire des poisons – de Henri Decoin – 1955

Posté : 3 février, 2023 @ 8:00 dans 1950-1959, DARRIEUX Danielle, DECOIN Henri | Pas de commentaires »

L'Affaire des poisons

Decoin s’empare de la fameuse affaire des poisons qui a bousculé la cour de Louis XIV. Des faits réels reconstitués à partir d’archives retrouvées tardivement, affirme un carton avant le générique de début, à la manière des dossiers secrets du FBI qui étaient alors en vogue à Hollywood.

Le film est en tout cas l’occasion de constater que la reconstitution d’époque n’est sans doute pas le domaine dans lequel Decoin est le plus à l’aise. Le film n’est pas inintéressant, loin de là. Il y a même quelques images très fortes, particulièrement liées au travail de la police : un bonnet de bébé que l’on déterre d’une sépulture improvisée, une planque face à la boutique de suspects… Il y a là une manière étonnamment moderne de présenter la routine de l’enquêteur, interprété par Pierre Mondy.

Le contraste entre ses méthodes d’investigation et l’usage de la torture est particulièrement saisissante, comme le sont les deux séquences d’exécution qui ouvrent et referment le film, se répondant avec une grande cruauté et avec une ironie mordante, dans sa manière de présenter le bon peuple de Paris.

Mais cette reconstitution a ses limites, parce qu’elle souffre de décors trop théâtraux, de couleurs trop vives, et de l’impression globale d’être dans un sorte de vision schématisée de ce Paris de Louis XIV. Cela dit, cette limite ressemble de plus en plus à un parti-pris, avec une certaine radicalité pas totalement convaincante, mais intrigante.

Le film vaut pour son atmosphère, pour la mesquinerie de ses personnages, envieux et haineux, pour leur rapport au bien, au mal et à la religion. Paul Meurisse en prêtre adorateur du diable, Viviane Romance en diseuse de bonne aventure, et surtout Danielle Darrieux, pour la dernière fois devant la caméra de son ancien pygmalion, formidable dans la peau de la Montespan, cette ancienne favorite supplantée dans le cœur du roi par une jeune femme beaucoup plus jeune qu’elle.

Mine de rien, avec ce personnage, Decoin fait de son film une étude cruelle et cynique sur la place de la femme dans cette société, sur ce temps qui passe, impitoyable. Bancal, mais plutôt séduisant, au final.

Les Bleus du Ciel – de Henri Decoin – 1933

Posté : 5 janvier, 2023 @ 8:00 dans 1930-1939, DECOIN Henri | Pas de commentaires »

Les Bleus du ciel

On ne compte plus les films prenant pour cadre de fond un terrain d’aviation, dans ces années 30 où les héros du ciel sont si populaires. Celui-ci, premier long métrage que Henri (Henry) Decoin signe de son seul nom, choisit la légèreté, en se focalisant sur l’amour que ressent un mécanicien un peu invisible pour la fille du patron, qui est aussi le meilleur pilote du club local.

Comme le jeune homme énamouré est joué par Albert Préjean, alors on chante beaucoup dans Les Bleus du Ciel, où l’action est régulièrement entrecoupée par des chansons. Une, surtout, qui revient comme un mantra : « Je suis quelqu’un maintenant », hymne à la méthode coué qu’un professeur d’énergie (joué par Palau, qu’on a connu moins excessif) tente d’insuffler au jeune Préjean, qui vient lui demander conseil.

C’est léger, et assez inconsistant. Mais c’est aussi charmant, grâce à la gouaille de Préjean, au charme insolent de Blanche Montel, aux acrobaties du chien, et surtout au regard de Decoin, qui filme ses personnages avec une vraie sensibilité. Il crée aussi des espèces de bulles d’humanité dans un décor plein de vie, où les protagonistes, Préjean en tête, se trouvent des recoins discrets pour laisser transparaître leur humanité : une cabane au bord du terrain d’aviation, l’ombre d’une aile d’avion, le couvert d’un buisson…

Le talent de Decoin est en construction, et le cinéaste fera mieux dès son film suivant (Toboggan), et encore plus avec celui d’après, Le Domino Vert, qui marquera sa rencontre avec Danielle Darrieux. Techniquement, le film reste aussi très imparfait. Mais il y a un grand charme qui se dégage de ces Bleus du Ciel, petite chose joyeuse et pleine de vie.

Nick Carter va tout casser – de Henri Decoin – 1964

Posté : 4 janvier, 2023 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1960-1969, DECOIN Henri | Pas de commentaires »

Nick Carter va tout casser

Dernier film de Decoin, Nick Carter va tout casser confirme jusqu’au bout la popularité du gars : c’est une production relativement importante, faite pour attirer le grand public. Nick Carter, ce héros de serial déjà vu sur grand écran devant la caméra d’un jeune Jacques Tourneur, est interprété par Eddie Constantine, que Decoin avait dirigé huit ans plus tôt dans son Folies-Bergères, et qui était l’une des grandes vedettes populaires de l’époque.

Une vedette qui, en même temps, confirme un autre constat : Decoin, en fin de carrière, est en rupture totale avec une partie du cinéma de cette époque. La Nouvelle Vague, donc, dont les grands maîtres ne l’épargneront pas. Et c’est vrai que Nick Carter va tout casser a déjà quelque chose d’un peu anachronique, un peu daté. Moins dans les scènes d’action d’ailleurs, assez brillamment chorégraphiée, que dans le scénario et l’aspect caricatural des personnages.

Que Nick Carter appartienne ouvertement à une autre époque est une chose (il ne cesse d’invoquer la mémoire de son père, détective et héros comme lui, au début du siècle). Que la jeunesse qui l’entoure soit automatiquement mise en cause en est une autre. Mais qu’attendre d’un personnage qui prend pour modèle un père dont l’une des grandes fiertés est d’avoir mis fin aux agissements condamnables d’une suffragette…

L’aspect rétro est plutôt rigolo. La légèreté avec laquelle le héros fait face à toute une série de tentatives de meurtres, au cours de cette histoire qui parle d’invention hi-tech, d’héritage et de trahison, donne le ton : on aurait bien tort de prendre tout ça trop au sérieux. Avec son action débridée, ses punchlines un peu lourdingues, ses personnages caricaturaux et ses rebondissements énormes, le film de Decoin prend le parti de l’excès et du spectacle.

C’est bien mineur dans l’œuvre de Decoin. Ça confirme que les vingt-cinq premières années de sa filmographie sont nettement plus enthousiasmantes que les dix dernières. Mais ça rappelle aussi que, même dans ses derniers films, on retrouve un savoir-faire solide. Verdict plutôt bon, quand même : il tire le meilleur possible d’un scénario limite, d’une photo sans charme, et d’une musique envahissante. Et puis ce sont ses adieux au cinéma, alors…

Fille du Diable – de Henri Decoin – 1946

Posté : 24 décembre, 2022 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1940-1949, DECOIN Henri | Pas de commentaires »

Fille du diable

Fille du Diable commence par une séquence incroyable. Un assaut lancé par la police sur un immeuble d’habitation où s’est réfugié un célèbre bandit dont personne ne connaît le visageÇa tire dans tous les coins, à l’arme lourde. Dans l’appartement où il se cache, le bandit tire pour tuer, à travers la fenêtre donnant sur la cour, et à travers la porte. Puis il enjambe le balcon, saute vers l’appartement voisin, puis celui du dessous, et il réussit à s’enfuir.

Son visage, dur et fermé, seul le spectateur à l’occasion de le voir : c’est celui de Pierre Fresnay, et c’est déjà un choc en soit. Pierre Fresnay dans la peau d’un tueur que rien ne peut vraiment rattraper. Un vrai méchant… Oui, sauf que dans ce film, la notion de bien et de mal échappe à tout jugement trop facile. Ce n’est d’ailleurs pas le moindre de ces atouts : non seulement le film de Decoin évite tout manichéisme facile, mais il s’avère d’une complexité assez rare, refusant systématiquement de juger, de condamner, d’excuser…

Cette première séquence est aussi impressionnante par ses cadrages, la vivacité de son montage, et son utilisation de la musique d’Henri Dutilleux, déstructurée et fascinante. Image et musique qui jouent avec une telle force la même partition, voilà qui fait de Fille du Diable quelque chose comme un film précurseur, très en avance sur son temps.

C’est en tout cas un film passionnant, qui se permet d’abandonner un temps son personnage principal, accueilli comme un héros dans une petite ville, sous une fausse identité endossée par le plus miraculeux des hasards, pour s’intéresser à un autre personnage incroyable : une espèce de sauvageonne qui trimballe derrière elle un lourd passé et une amertume sans borne. C’est elle, la « fille du diable », bourgeoise bien née plongée dans la misère et le rejet de tous depuis la mort de ses parents, et souffrant de tuberculose.

Dans ce rôle, la jeune Andrée Clément (qui, triste ironie, mourra à 35 ans de la tuberculose) est à la fois inquiétante et émouvante, haineuse et fragile, aussi complexe que le bon médecin du village qui se livre à un chantage éhonté sans pour autant perdre son humanité, joué par Fernand Ledoux. On ne dira rien de la dernière scène, si ce n’est qu’elle atteint des sommets, et que les rapports humains y échappent définitivement à tout jugement facile. Au sommet de son art, Decoin signe l’une de ses grandes réussites, particulièrement méconnue.

La Chatte sort ses griffes – de Henri Decoin – 1960

Posté : 22 décembre, 2022 @ 8:00 dans 1960-1969, DECOIN Henri | Pas de commentaires »

La Chatte sort ses griffes

Le succès de La Chatte, deux ans plus tôt, a donné des idées aux producteurs. Seul problème : l’héroïne, résistante piégée par les Nazis, finissait mal. Dans ces conditions, comment faire revenir Françoise Arnoul, qui avait fait sensation dans le premier film, et qui serait la raison d’être d’une possible suite.

Cette suite, donc, commence très exactement là où s’achevait le premier film : dans la rue, là où Cora, la « Chatte », a été abattue par ses anciens compagnons persuadés de sa traîtrise. Sauf que, après le générique de fin du premier film, et pendant le générique de début de celui-ci, Cora a été sauvée, ramenée à la vie par des médecins allemands. Qui lui ont fait un lavage de cerveau pour en faire une espionne.

Voilà un argument digne des serials les plus décomplexés des années 30. De fait, la suite, toujours signée Decoin, prend des raccourcis pour le moins audacieux : la facilité avec laquelle Cora revient à la vie, le fait qu’elle puisse infiltrer sans problème une Résistance qui lui faisait tellement peu confiance qu’elle en est (presque) morte… Tout ça sent la mauvaise idée et le fiasco à plein nez.

Pourtant, ça marche. Toutes ses réserves mises à part, et une fois l’idée même de cette suite improbable digérée, La Chatte sort ses griffes s’avère tout aussi passionnant et tendu que le premier film. Decoin y joue une nouvelle fois sur le trouble d’une jeune femme sans histoire plongée bien malgré elle dans un univers de violence, et qui refuse d’abdiquer.

Et cette fois encore, Françoise Arnoul est parfaite dans ce rôle, mélange de fragilité et de détermination, qui apporte au film ce je ne sais quoi de différent, comme si c’était son visage si insondable qui donnait son atmosphère et son rythme au film. Son regard lorsqu’elle assiste à la condamnation à mort d’un résistant par la résistance, sans intervenir, semble être un cri déchirant et silencieux.

Rien ne devait marcher dans cette suite tellement improbable. Pourtant, en assumant ses contraintes scénaristiques, en mettant une nouvelle fois en valeur son actrice principale, Decoin emporte plutôt la mise. Une suite réussie, donc, en dépit de tout.

Maléfices – de Henri Decoin – 1962

Posté : 21 décembre, 2022 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1960-1969, DECOIN Henri | Pas de commentaires »

Maléfices

Decoin qui marche dans les pas de Jacques Tourneur ? Voilà qui mérite le détour, et voilà qui mérite d’être salué : même si, esthétiquement, on est loin des zones d’ombre chères au cinéaste de La Féline et de Vaudou (ici, c’est plutôt grand ciel lumineux et vastes horizons), ce Maléfices frappe d’emblée par la manière dont Decoin fait naître l’angoisse.

C’est frappant dès le générique de début, avec ce long travelling aérien sur une musique déstructurée et crispante soulignant parfaitement ce qui va être l’atmosphère du film, dévoilant le décor central du drame : une route immergée à marée basse reliant le continent rassurant (là où le héros vit avec sa douce épouse dans une maison chaleureuse) à la presque île menaçante (là où le même héros vit une liaison avec une femme belle et inquiétante, dans une villa angoissante).

Cette route entre terre et mer, qui apparaît et disparaît au rythme des marées, est un motif central, omniprésent. Le film semble n’être construit qu’autour de cette route, lieu d’incessants allers et retours, comme autant de doute dans l’esprit de plus en plus torturé du héros (Jean-Marc Bory), vétérinaire de campagne qui réalise un peu tristement qu’il ne désire plus sa femme, pourtant si belle et si aimante (Liselotte Pulver), et qui tombe entre les mains de cette mystérieuse femme dont il vient soigner le guépard…

Juliette Gréco, qui apporte la dimension mystérieuse qu’il fallait à ce personnage, influencée par les rites magiques de l’Afrique noire… L’histoire se passe près de Noirmoutier, mais ces rites magiques semblent omniprésents. Des vaches tombent malades, et un vieux fermier est persuadé qu’un ennemi lui a jeté un sort. Et les drogues que prend la mystérieuse brune, ne lui permettent-elles pas de quitter son corps pour assouvir une malédiction ?

Les promesses du début ne sont pas totalement tenues, en tout cas pas jusqu’au bout : le film cède à une conclusion plus convenable. Mais Decoin, malgré cette esthétique typique des années 60, très lisse et un peu terne, réussit un vrai film d’angoisse, qui joue parfaitement avec les peurs et les superstitions. Dans la production française, ce n’est pas si courant…

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