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Archive pour la catégorie 'DANTE Joe'

Les Banlieusards (The ‘Burbs) – de Joe Dante – 1989

Posté : 22 avril, 2022 @ 8:00 dans 1980-1989, DANTE Joe | Pas de commentaires »

Les Banlieusards

Joe Dante est dans sa période la plus glorieuse lorsqu’il tourne The ‘Burbs. Il vient de signer L’Aventure intérieure, et s’apprête à signer la suite de son plus grand succès, Gremlins. Bref, il est pile entre ses deux productions les plus prestigieuses, ce qui n’empêche le film d’être passé totalement sous les radars, ne sortant même pas dans les salles françaises, et végétant dans une espèce de purgatoire d’oubli jusqu’à ce qu’un petit culte finisse par l’entourer.

Pas étonnant, en fait… Que le film ait été un échec, et qu’il se soit imposé au fil du temps. Dans ce portrait ironique et grinçant d’un pan de rue de banlieue, on n’assister la plupart du temps à rien d’autre qu’à des voisins qui s’observent et se critiquent. Ils n’ont a priori rien en commun : on a là un salarié en vacances, un vétéran nationaliste, un oisif profiteur, un retraité acariâtre, un ado grande gueule… Tous réunis autour d’une obsession pour les nouveaux voisins qui vivent cloîtrés dans leur maison mal entretenue. De là à imaginer toutes sortes de choses.

Et mine de rien, c’est toute une époque peut-être pas révolue que résume le film, avec un humour ravageur et un vrai sens de la folie. Dans le rôle principal, son premier grand rôle dramatique, Tom Hanks incarne une certaine vision de l’Américain moyen, que Dante n’épargne pas, mais pour qui il affiche malgré tout une vraie tendresse. Et c’est l’une des belles choses du film : si décapant soit-il, il présente des personnages tout à la fois détestables, et attachants. Un tour de force.

Sans doute cet aspect est-il intemporel. Pourtant, The ‘Burbs est devenu culte parce qu’il incarne tout un pan du cinéma américain de cette décennie 1980 qui s’achève. Il y a certes un peu de Fenêtre sur cour dans cette histoire de voisins qui s’observent, impression renforcée par la présence réjouissante de Bruce Dern, vedette du dernier Hitchcock. Mais le cinéma hyper-référencée de Joe Dante s’inscrit d’avantage, cette fois, dans le pop-corn movie de ces années dominées par les productions Spielberg.

Il y a du E.T. dans la manière dont Dante filme les lumières sortant de la mystérieuse bâtisse. C’est au premier plan de Retour vers le futur que l’on pense lorsque la caméra suit le personnage de Hanks pour dévoiler tardivement son visage. Il y a aussi beaucoup des Goonies, jusqu’au personnage de Corey Feldman, omniprésent mais pourtant jamais dans l’action, comme s’il était le narrateur de l’histoire, comme si le film que l’on découvrait était le fruit des fantasmes d’un ado un rien attardé. Son regard final face caméra renforce cette impression.

Dante ne se prend en tout pas au sérieux, jouant avec les codes du film d’épouvante grand public mis en valeur par la musique réjouissante et toute en lyrisme et en ironie de Jerry Goldsmith. Le film est parfois excessif, voire un peu lourdingue (on a droit à un effet de zoom assez affreux). Pas toujours très fin en tout cas. Mais ces excès sont clairement assumés, et The ‘Burbs s’impose comme une chouette porte de sortie à cette décennie cinématographiquement pleine de charmes régressifs et de dérives.

 

Gremlins 2 : la nouvelle génération (Gremlins 2 : the new batch) – de Joe Dante – 1990

Posté : 13 février, 2021 @ 8:00 dans 1990-1999, DANTE Joe, FANTASTIQUE/SF | Pas de commentaires »

Gremlins 2

Joe Dante n’est pas homme à se plier aux attentes d’un grand studio, sa carrière le prouve. Le succès de Gremlins en 1984 ressemble d’ailleurs presque à un accident de parcours, qui porte sans doute autant la patte du producteur Steven Spielberg que la sienne. Six ans après, Dante renoue avec les bestioles qui ont valu la gloire, mais avec la ferme intention de dynamiter le mythe qu’il a lui-même mis en scène, comme pour mettre fin à un malentendu. Il le fera d’ailleurs de nouveau avec son film suivant, le très beau Panic sur Florida Beach. Mais avec ce Gremlins 2, il le fait de la manière la plus radicale qui soit.

Une suite se doit d’être plus grande, plus explosive, plus tout ? OK, Dante quitte sa petite ville de province sortie de La Vie est belle pour installer son action dans l’immeuble le plus moderne de New York, véritable ville dans la ville où tout est mécanisé, informatisé et déshumanisé. Une manière de rompre avec les bons sentiments du premier film, mais aussi de s’offrir un terrain de jeu à la hauteur de sa folie.

Parce que folie il y a dans cette suite, et une folie totalement désinhibée. Joe Dante s’accorde tous les délires, tous les excès, multipliant les monstres et les transformant au gré de son imagination, abolissant toutes les limites scénaristiques grâce à un très opportun laboratoire dirigé par une sorte de savant fou joué par Christopher Lee : l’un prend la parole et se livre à une véritable logorrhée, un autre se voit littéralement pousser des ailes avant de se transformer en gargouille de cathédrale, un autre encore devient une araignée géante…

Et chaque fois, le cinéphile Joe Dante s’offre une évocation des grandes heures du cinéma fantastique, bis ou pas, de Tarantula à Batman en passant par Le Fantôme de l’Opéra. Les citations dépassent d’ailleurs allégrement le genre purement horrifique, avec des clins d’œil délirants à Chantons sous la pluie, Marathon Man ou King Kong. Sans oublier les références explicites à l’accueil du premier film, lorsque le célèbre critique Leonard Maltin apparaît pour descendre Gremlins avant de subir les assauts des monstres.

Phoebe Cates et Zack Galligan, les deux jeunes acteurs principaux du premier film, sont bien de retour. Mais Joe Dante ne s’intéresse vraiment qu’à dépasser autant que possible toutes les frontières habituelles du cinéma populaire. Jusqu’à sortir du film dans une séquence centrale extraordinaire, sans doute la meilleure, lorsque la pellicule brûle comme cela arrivait parfois à l’époque (curieux hasard, l’incident m’était vraiment arrivé quelques jours plus tôt, lors d’une projection de 48 heures de plus), avant que l’on comprenne grâce à des ombres chinoises que ce sont les gremlins qui se sont emparés de la cabine de projection !

Ce gag était assez formidable, dans le contexte d’une vraie salle de cinéma en 1990. Et témoignait de l’imagination foutraque et totalement débridée d’un cinéaste cinéphile, qui voyait dans son art bien autre chose que la logique trop facile d’une suite forcément lucrative. Il a d’ailleurs fallu bien des années avant que Gremlins 2 soit vraiment apprécié comme le film culte qu’il est.

Gremlins (id.) – de Joe Dante – 1984

Posté : 17 janvier, 2014 @ 10:50 dans 1980-1989, DANTE Joe, FANTASTIQUE/SF | 1 commentaire »

Gremlins

Le cinéma de Joe Dante a toujours été marqué par sa cinéphilie sans borne. Gremlins, son plus gros succès commercial, n’échappe pas à la règle. Le réalisateur de Piranhas y cite allégrement les films de son panthéon personnel. Un plan dans la neige qui évoque Shining, des œufs qui éclosent comme dans Alien, une mère de famille le couteau à la main face à une menace mystérieuse comme dans Halloween… Les personnages regardent aussi bien le Orphée de Cocteau que Pilote d’essai avec Clark Gable, et croisent le robot de Planète Interdite

Avec la séquence d’anthologie de ses gremlins en folie, Dante rend hommage aussi bien aux films noirs des années 40 qu’aux films musicaux guimauve du début des années 80. Il y a aussi, bien sûr, l’influence des films de SF des années 50, ceux-là même auxquels Joe Dante rendra un magnifique hommage dans son très beau Panic sur Florida Beach.

Mais les deux références les plus évidentes, ce sont Steven Spielberg et Frank Capra. Au réalisateur des Dents de la mer, qui produit Gremlins, Dante multiplie les clins d’œil énamourés doucement ironiques. A commencer par cette introduction dans le quartier chinois, qui rappelle celui d’Indiana Jones et le Temple maudit, alors dernier film en date du maître Spielberg.

Quant à Capra, il est omniprésent dans cette petite ville américaine si typique, Kingston Falls, qui ressemble à s’y méprendre au Bedford Falls de La Vie est belle. Les héros au cœur trop pur y sont confrontés à une horrible mégère richissime qui règne sur la ville. Quant au père de Billy, inventeur loufoque aux plaisirs simples et sincères, il pourrait être celui de Vous ne l’emporterez pas avec vous. Même l’épée qui tombe à chaque fois que la porte claque évoque le classique de Capra.

Mais l’angélisme et la gentille naïveté des héros cachent à peine un cynisme lui aussi habituel du cinéma de Dante. Contrairement aux films de Capra, la « méchante » ne se repend pas et meurt d’une manière particulièrement grotesque. Quant au traumatisme d’enfance lié à Noël du personnage de Phoebe Cates, il est aussi horrible qu’hilarant…

Devenu rapidement culte, ce petit classique des années 80 a quand même pris un petit coup de vieux, avec un rythme un peu trop lâche. Mais le film amuse toujours autant qu’il effraie, en particulier grâce à des bébêtes particulièrement réussies : le mogwaï Gizmo est toujours aussi craquant, et les méchants gremlins sont des monstres grotesques dont la folie permet tous les délires. Dante, sans doute trop cadré par son producteur, reste souvent assez sage. Il ira beaucoup plus loin avec le jouissif Gremlins 2.

Piranhas (Piranha) – de Joe Dante – 1978

Posté : 14 août, 2013 @ 2:22 dans 1970-1979, DANTE Joe, FANTASTIQUE/SF | Pas de commentaires »

Piranhas (Piranha) - de Joe Dante - 1978 dans 1970-1979 piranhas

Des petites bestioles (très) carnivores dévorent les touristes d’un fleuve et d’une base nautique que des promoteurs sans scrupules veulent préserver à tout prix de tout scandale… L’inspiration de Joe Dante est évidente : avec Piranhas, il signe le plus réjouissant des nombreux films inspirés des Dents de la Mer. Un film qui, pourtant, porte la marque de Dante : celle d’un cinéaste cinéphile qui n’a jamais eu la prétention de se comparer à ses maîtres, signant des films passionnés (et souvent passionnants) habités par sa cinéphilie dévorante.

Dès le générique, et après une baignade nocturne franchement flippante qui rappelle une autre ouverture célèb, le ton est donné. « Réalisé par Joe Dante » apparaît sur un jeu vidéo dérivé de Jaws. Le message est clair : le cinéaste entend bien s’amuser avec les images déjà mythiques du film de Spielberg.

Comme pour son autre grand succès, Gremlins, Dante trouve le bel équilibre entre citations, parodie et horreur. Piranhas remplit son contrat dans le domaine de l’horreur, avec quelques séquences de carnage sanglantes aux effets gores assumés. Mais Dante ne se prend jamais au sérieux, se permettant même quelques effets totalement inutiles, comme l’apparition de ces bestioles mutantes dans le laboratoire (hommage totalement gratuit aux créations de Ray Harrihausen), qui évoquent curieusement les dinosaures que Spielberg filmera quinze ans plus tard dans Jurassic Park. Difficile aussi de ne pas voir un réjouissant second degré dans le choix des comédiens, dont l’interprétation est souvent franchement limites, et qui semblent souvent sortir de la plus cheap des séries Z.

Les thèmes sont les mêmes que ceux de Spielberg : la peur de l’eau, le cynisme des autorités, la paranoïa et la manipulation. Mais Dante les traite avec une ironie clairement assumée, une sorte de regard rigolard qui lui permet de multiplier les citations cinéphiliques (L’Etrange créature du Lac noir, bien sûr, mais aussi la pancarte « Défense d’entrer » de Citizen Kane qui ouvre le film, les morsures des poissons filmées comme les attaques des Oiseaux d’Hitchcock…) avec humour, passion et recul.

Tourné en même temps que Les Dents de la Mer 2, Piranhas (dont la suite sera la première réalisation de James Cameron) est, aujourd’hui encore, le rejeton le plus honorable du chef-d’œuvre de Spielberg.

• Sorti au tout début de cet été, le DVD édité par Carlotta propose de beaux suppléments : une dizaine de minutes de rushes muettes (plutôt sympathique de découvrir l’ambiance du tournage), une bande annonce d’époque, et surtout un entretien de 40 minutes avec Joe Dante, qui revient longuement sur la genèse du film. Ironique, passionné, cinéphile, le réalisateur ne manie pas la langue de bois et s’amuse du culte qui entoure son premier succès populaire. L’écouter se révèle aussi passionnant que regarder son film…

Panic sur Florida Beach (Matinee !) – de Joe Dante – 1993

Posté : 25 juillet, 2011 @ 9:44 dans 1990-1999, DANTE Joe | Pas de commentaires »

Panic sur Florida Beach

Il a fallu trois ans à Joe Dante pour réaliser ce film, l’un de ses plus personnels. Le triomphe du premier Gremlins avait fait de lui un réalisateur en vogue à Hollywood, à qui on a commencé à confié des gros budgets. Un statut qui, bien sûr, reposait sur un malentendu : Gremlins, avec son humour gentiment régressif, ses citations cinématographiques et son ton acide, était loin des productions grand public que les producteurs attendaient de lui. Autant dire que lorsqu’il a eu carte blanche pour Gremlins 2, le film était loin de leurs attentes, et que la suite a été bien plus difficile (jusqu’à aujourd’hui d’ailleurs) pour ce réalisateur passionnant, abreuvé de cinéma bis (Tarantino n’est pas le premier).

Trois ans pour monter ce film, pendant lesquels le projet initial a radicalement changé. Dans un premier temps, il devait réellement s’agir d’un film de monstres. Mais peu à peu, tout aspect fantastique a disparu, pour laisser place à un hommage vibrant (dans tous les sens du terme) au cinéma bis des années 50, celui-là qui a formé la cinéphilie du jeune Joe Dante.

Dante le reconnaît lui-même : son film est anachronique. Le genre de cinéma qu’il présente ici (des films de monstre ; et des expérimentations farfelues à l’image du cinéma dynamique, en odorama ou en 3D) était déjà passé de mode en 1962, époque où se passe l’histoire. C’est un anachronisme assumé, Dante mêlant cet hommage au cinoche des années 50, à un portrait satyrique de l’Amérique terrifiée par la bombe atomique durant la crise des missiles de Cuba.

Le film commence comme un teen-age movie sympathique mais assez classique : un ado, fils d’un militaire, change continuellement d’école pour suivre son père, de base en base ; ne pouvant se faire des amis, il se réfugie dans les films d’horreur. Mais le ton évolue rapidement, lorsqu’un producteur-réalisateur de films d’horreur (le génial John Goodman), inspiré par William Castle, arrive dans sa petite ville pour présenter son nouveau film, « Mant ! » (l’homme-fourmi, un jeu de mot pourri entre « man » et « ant »), pour lequel il a équipé le cinéma local d’un équipement décoiffant.

La projection, tant attendue, représente le gros morceau du film. L’objectif du producteur est de faire croire aux spectateurs que les monstres sortent de l’écran, que la menace gagne la salle, et il y parvient au-delà de ses espérances. Entre le figurant-monstre qui pète un plomb, le patron du cinéma qui se réfugie dans son abri anti-atomique dès que la salle se met à trembler, et l’audience entière qui finit par fuir pensant la fin de leur monde arrivée… C’est un joyeux bordel que filme Joe Dante, avec un génial sens de la dérision ; et une sincérité touchante pour ce cinéma d’un autre temps.

 

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