MUSEE : Institut Lumière (Lyon)
Un séjour à Lyon sans visiter l’Institut Lumière ? Inimaginable… Toujours pas remis de la disparition de Bertrand Tavernier, cet inlassable passeur, c’est avec passion (et avec ma famille) que je découvre enfin ce lieu dont il fut l’une des âmes, avec Thierry Frémeaux (qui, ce jour-là, était à Cannes pour dévoiler les films en compétition).
Arrivés à vélo, dès le coin de la rue passé, cette élégante (et imposante) bâtisse impressionne : celle où vécut la famille Lumière, là même où le père Antoine avait installé son usine de photographie, dont les ouvriers devaient devenir en 1985 les premières acteurs de cinéma de l’histoire du cinéma. Coincée entre deux immeubles, donnant sur une place de marché, elle a de l’allure, cette bâtisse.
Et elle a une histoire. C’est là que les frères Lumière ont vécu, c’est là qu’ils ont réussi leurs premières inventions, c’est là qu’ils ont tourné « le » tout premier film… Et c’est là qu’a été créé l’Institut Lumière, ce lieu nécessaire de mémoire du cinéma, qui réunit des salles de projection, la plus grande librairie spécialisée de France, le siège d’un éditeur précieux, un lieu de préservation des films, et un musée dédié à la naissance du cinéma.
Modeste et vivant à la fois, il a quelque chose de très beau, ce musée, qui se concentre sur l’histoire de la famille Lumière, et sur les tout premiers temps du cinéma. Il a quelque chose de très beau, parce qu’il propose une véritable immersion dans ces premiers temps. Plutôt qu’une approche purement didactique, c’est le sentiment de toucher du doigt cette époque de pionniers qui séduit le visiteur. Mieux : qui l’émeut.
Dans la première salle, une riche collection d’appareils de prise de vue ou de projection, qui résument les quelques années de l’invention du cinéma. Et parmi eux, le projecteur qui a été utilisée lors de la fameuse première séance publique payante de cinéma, dans le Salon indien à Paris, cette séance à laquelle trente-trois spectateurs seulement ont assisté, dont Georges Méliès. Se trouver si près de cet appareil procure une émotion assez dingue…
Le fait que cette découverte se déroule dans la maison familiale, près de l’usine où a été tourné le tout premier film (La Sortie des usines Lumière) renforce cette émotion, même s’il ne reste de l’aménagement de la maison familiale que la chambre parentale. Dans les autres pièces, les films Lumière occupent une place de choix, et sont très joliment mis en scène dans des dispositifs variés, qui permettent de découvrir en quelques minutes l’ampleur de l’apport des deux frères à l’art cinématographique, au-delà de la pure invention.
Le musée est une réussite. Le lieu est superbe, comme un îlot au cœur de l’agglomération lyonnaise. Un lieu qui donne envie de se poser, de lire, de voir des films. Un lieu précieux, oui.

