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Archive pour la catégorie 'CHRISTIAN-JAQUE'

Souvenirs perdus – de Christian-Jaque – 1950

Posté : 27 août, 2023 @ 8:00 dans 1950-1959, CHRISTIAN-JAQUE | Pas de commentaires »

Souvenirs perdus

Etonnant film à sketchs, qui utilise le fil conducteur du service des objets trouvés pour raconter quatre histoires radicalement différentes. Le procédé n’est pas neuf et ne sert finalement que de vague prétexte pour introduire chaque histoire, chacune se rapportant à l’un des objets soigneusement étiquetés dans cet entrepôt très organisé. Mais la voix off des séquences intermédiaires est séduisante, quoi que toujours sur le même ton malgré la varié des registres.

Un premier sketch mélancolique, puis une farce exubérante, ensuite un sombre portrait de psychopathe… Difficile de trouver des points communs entre les sketchs, totalement indépendants les uns des autres, et assez radicalement différents, jusque dans la mise en scène de Christian-Jacques, qui s’autorise des effets lubitschiens dans les moments légers, une caméra désaxée et des ombres profondes pour son drame noir, et même une séquence muette et burlesque de rêve pour commencer son ultime histoire.

La meilleure et la plus réjouissante des quatre, cette ultime histoire qui nous plonge d’emblée dans les fantasmes nocturnes de Bernard Blier, excellent en agent de la paix autoritaire doublé d’un amoureux transit et un peu manipulateur. Il est à la fois touchant dans sa maladroite douceur, et odieux dans sa manière d’utiliser le fils de celle qu’il aime secrètement, affreux joueur de violon qui pourrit les oreilles du quartier… Nettement plus agréable à l’oreille : l’apparition d’un tout jeune Yves Montand qui chante (bien) plus qu’il ne parle, et qui sourit plus qu’il ne joue vraiment.

Le premier sketch est plutôt joli aussi : l’histoire de deux anciens amoureux (Edwige Feuillère et Pierre Brasseur) qui se retrouvent par hasard un soir de Noël, chacun mentant à l’autre sur sa réussite sociale sans vouloir s’avouer qu’ils sont tous deux seuls et pauvres. Entre les couloirs du Louvres et les jardins des Tuileries (pour une séance de flash-back par cartes postales interposées), c’est une virée dans le Paris qu’ils se fantasment que ces deux amoureux s’offrent cette jolie parenthèse teintée de mélancolie.

Le deuxième sketch est à peu près totalement dénué de mélancolie, ou même de tendresse. François Périer y joue un jeune héritier qui s’amuse à séduire les femmes et à les quitter en utilisant de fausses identités, et dont l’une des conquêtes surgit, espère de tornade incarnée par Suzy Delair dans un rôle taillé pour elle. Un vrai vaudeville, avec portes qui claquent et quiproquos, jusqu’à une scène d’enterrement haute en couleur. Pas très fin, mais plein de vie…

Le troisième, enfin est le plus inattendu du lot : un vrai drame très sombre, avec un Gérard Philippe échappé d’un asile qui tue les membres de sa famille qui l’on fait enfermer, tente de fuir la police, et rencontre une jeune femme sur le point de se suicider qui reprend goût à la vie en le rencontrant (Danièle Delorme). Sombre et assez glaçant, loin, très loin des trois autres histoires.

Un revenant – de Christian-Jacque – 1946

Posté : 12 avril, 2020 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1940-1949, CHRISTIAN-JAQUE | Pas de commentaires »

Un revenant

Un homme revient à Lyon, après des années d’absence. Cette ville, il l’a quittée dans des circonstances dramatiques et troubles. Ses anciens amis, qui apprennent son retour, sont persuadés qu’il est là pour régler ses vieux comptes. Ce n’était sans doute pas si simple, mais les retrouvailles ravivent bien des blessures que tout le monde pensait bien guéries…

Christian-Jacque signe un beau film trouble et cynique à souhait. La première séquence, surtout, est un petit chef d’œuvre de mise en scène, avec des images de Lyon très stylisées, et l’arrivée du personnage joué par Louis Jouvet, immense. Une première scène visuellement splendide, histoire de préciser que le réalisateur n’est pas pour rien dans la réussite du film. Rythme parfait, tension palpable, excellente direction d’acteurs… Le film est à placer dans le haut du panier de la filmographie de Christian-Jacque.

Cette précision a du sens, tant la réputation du film repose essentiellement sur les dialogues, signés Henri Jeanson (en écrivant le scénario, ce dernier s’est inspiré d’une authentique affaire lyonnaise, dans les années 1920). Jeanson a, c’est vrai, un talent unique, et a plus d’une fois sorti des films de l’anonymat par des dialogues extraordinaires.

« En amour, l’éternité, ça n’a qu’un temps » lance ainsi un Jouvet parfait dans le rôle d’un homme confronté aux rêves du jeune homme qu’il fut. Une réplique restée célèbre. Moins célèbre, mais plus brillant encore, un dialogue entre le même Jouvet et Gaby Morlay, l’ancienne maîtresse qui croit encore en une seconde chance possible :
« J’ai l’impression de rêver.
- Moi de me réveiller. Dans ces conditions-là, on ne se rencontrera jamais. »

Un dialogue bien dans le ton du film, qui confronte constamment l’innocence d’autrefois à une réalité nettement plus cynique. L’arrivée de ce vieil ami devenu menace révèle des secrets bien enfouis et sème le trouble dans une famille bourgeoise, fissurant le bonheur apparent.

Admirable, Jouvet faisait son grand retour au cinéma avec ce film, après avoir passé les années d’occupation en Amérique du Sud. Superbe retour, qu’il allait confirmer avec ses films suivants, Les Amoureux sont seuls au monde (autres dialogues merveilleux d’Henri Jeanson) et Quai des Orfèvres, deux chefs d’œuvre.

Les Disparus de Saint-Agil – de Christian-Jaque – 1938

Posté : 9 octobre, 2018 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1930-1939, CHRISTIAN-JAQUE | Pas de commentaires »

Les Disparus de Saint-Agil

Dans un pensionnat de jeunes garçons, un enfant disparaît après avoir aperçu un mystérieux rodeur. D’autres incidents ne tardent pas à suivre… Suspense policier, enfance presque fantasmée : c’est la première adaptation d’un roman de Pierre Véry, paru trois ans plus tôt seulement et très autobiographique. Et le premier chef d’œuvre, avant L’Assassinat du Père Noël et Goupi Main Rouges.

Ce beau film sur l’enfance est aussi l’une des grandes réussites de Christian-Jaque, cinéaste très inégal qui réussit ici un beau mariage entre un « polar » au suspense très efficace, et le portrait tout en nuances d’une jeunesse un peu sacrifiée. Le pensionnat où se déroule l’intrigue échappe en tout cas à tous les clichés inhérents au genre : même s’ils sont confrontés à des règles dures d’un autre âge, les enfants font l’objet d’une bienveillance inattendue de la plupart des adultes, y compris des « méchants » (dont Le Vigan) qui semblent tout droit sortis d’un Tintin.

Les personnages d’enfants sont d’une remarquable justesse, et particulièrement attachants. Le contraste avec les adultes, qui paraissent tous passer à côté de leur vie, est saisissant. Il serait même d’une noirceur abyssal (l’enfance, même privée de l’amour parental, serait une sorte de paradis sans lendemain ?) s’il n’y avait le personnage d’Erich Von Stroheim.

Avec son accent à couper au couteau de réfugié allemand (alors que l’un des personnages répète sans cesse que la guerre est imminente) et son éternelle allure d’officier prussien, Von Stroheim incarne la rigidité faite homme. Il révèle pourtant une humanité très touchante, chez qui on ne peut que deviner une immense fêlure (à peine soulignée par la photo d’une femme et d’un enfant sur son bureau). C’est l’un de ses plus beaux rôles.

L’Assassinat du Père Noël – de Christian-Jaque – 1941

Posté : 11 octobre, 2017 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1940-1949, CHRISTIAN-JAQUE | Pas de commentaires »

L'Assassinat du Père Noël

Il est beau, ce conte de Noël lugubre, ce film à hauteur d’enfants qui invoque, mine de rien, toutes les figures des récits pour la jeunesse. Dans le genre du fantasme enfantin, Fritz Lang fera nettement mieux avec son Moonfleet, certes. Mais Christian-Jacque, cinéaste pas toujours enthousiasmant, réussit là l’un de ses meilleurs films (le premier tourné pour la Continental durant l’Occupation, mais échappant à toute récupération de propagande).

Et c’est justement ce parti pris qui fait mouche, cette volonté de coller les images de contes de fée dans un univers contemporain. Comme un royaume enchanté où tout peut arriver, le petit village où se déroule l’histoire est totalement coupée du monde : un village de montagne, comme hors du temps, dont toutes les routes d’accès sont barrées par la neige.

On y trouve un château et son prince mystérieux, de retour au pays après avoir couru le monde, et qui semble dissimuler derrière ses murs un lourd secret. On y trouve aussi une pauvrette prisonnière de ses rêves de fillette, et qui va se découvrir une destinée de princesse. On y découvre aussi un ogre inquiétant, silhouette difforme qui parcours les ruelles étroites et sombres et prépare son crime.

Et puis il y a le Père Noël lui-même, qui va de maison en maison en cette veille de Noël. Ou presque le Père Noël : le vieil homme du village, qui passe ses journées à fabriquer des mappe-mondes et à inventer des histoires, et que tout le monde attend vêtu de sa houppelande rouge ce soir-là, comme tous les ans.

C’est Harry Baur, truculent et réjouissant, qui ne se laisse aller au cabotinage too much que dans deux ou trois petites scènes. Entre comique et émotion, il est assez formidable lorsque, justement habillé en Père Noël, il descend les uns après les autres les verres que les parents lui servent (et on ne boit pas du cidre doux, dans ces villages de montagne), tout en tâchant, de plus en plus difficilement, de répondre aux attentes d’enfants aux yeux grand ouverts. « Il sent comme toi le samedi », ose même un gamin à son père, qui lui renvoie une belle claque en guise de cadeau.

C’est cette atmosphère qui fait la réussite du film, plus qu’une intrigue policière un peu paresseuse (pliée en deux secondes avec l’apparition tardive et fugitive d’un Bernard Blier rigolard en gendarme). Une atmosphère qui trouve son apogée lors d’une superbe scène quasi surréaliste, où deux enfants s’enfoncent dans la nuit, leurs silhouettes se découpant sur les montagnes enneigées et balayées par le vent.

 

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