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Archive pour la catégorie 'BROWER Otto'

Le Convoi héroïque / L’Attaque de la caravane (Fighting Caravans) – d’Otto Brower et David Burton – 1931

Posté : 17 avril, 2015 @ 7:11 dans 1930-1939, BROWER Otto, BURTON David, COOPER Gary, WESTERNS | Pas de commentaires »

Le Convoi héroïque.jpg

Typique d’une époque (les premières années du parlant), ce western s’inscrit clairement dans la lignée de The Big Trail de Raoul Walsh, tourné l’année précédente. A l’aube d’une décennie qui ne sera guère brillante pour le genre, jusqu’à la résurrection de 1939 (avec des chefs d’oeuvre comme Stagecoach), le western mise encore sur les grands espaces et le spectaculaire, avec une production qui, par son ambition et son gigantisme, n’a pas grand-chose à envier à Walsh.

A un détail près : Brower et Burton ont beau s’y être mis à deux, ils n’ont pas le quart du talent de Walsh. Brower deviendra un réalisateur de seconde équipe réputé, et on n’a pas de peine à l’imaginer : ce qu’il y a de plus réussi dans Fighting Caravans, ce sont les scènes de mouvements, ces beaux plans où la caravane se met en marche dans des paysages gigantesques, cette arrivée du convoi au fort sous une pluie battante, ou encore l’impressionnante attaque des Indiens.

De bons faiseurs d’image, donc. Mais il manque au film un vrai grand réalisateur, qui saurait donner une couleur au film, un mouvement continu, une atmosphère. Dès que la caméra se rapproche des comédiens, on sent que l’image se fige. Le scénario, adapté d’un roman de Zane Grey (une référence pour le western de cette époque), est réussi et plutôt original, privilégiant les interrogations d’éclaireurs qui voient leur mode de vie disparaître, et les rapports humains parfois tendus entre ces voyageurs confrontés à de rudes conditions.

De fait, le film est très bavard (même si les dialogues sont assez efficaces), une tendance habituelle du cinéma de ces années 1930-1931 qui se découvrait une voix. Mais Brower et Burton n’ont visiblement pas le moindre talent pour filmer des dialogues, dont la plupart tombent à plat et tuent le rythme. Le sentiment de maladresse s’installe dès que l’action se pose, un sentiment renforcé encore par une musique qui n’est utilisée que comme un arrière-plan sonore continu.

Mais il y a Gary Cooper, tout jeunôt et très pataud, charmant dans son idylle avec Lili Damita (la future Mme Errol Flynn). Pas encore l’icône et l’immense comédien qu’il deviendra, mais cette année 1931 est celle de l’explosion pour lui : c’est aussi celle de Morocco.

* DVD chez Sidonis/Calysta dans la collection Westerns de Légende, avec des présentations par Patrick Brion et Yves Boisset (qui profite du film pour parler du fils que Lili Damita aura avec Errol Flynn, Sean, qu’il a connu personnellement).

Stanley et Livingstone (Stanley and Livingstone) – de Henry King (et Otto Brower) – 1939

Posté : 10 décembre, 2014 @ 2:39 dans 1930-1939, BROWER Otto, KING Henry | Pas de commentaires »

Stanley et Livingston

Voilà l’un de ces « grands films prestigieux » que les studios hollywoodiens adoraient du temps de leur grandeur : l’une de ces productions taillées pour les Oscars et la postérité. L’un de ces films, aussi, qui supporte généralement le plus difficilement l’épreuve du temps. Pas manqué : ce Henry King ne figure pas parmi les plus mémorables du cinéaste, et résume assez bien la grandeur et la limite du système hollywoodien de l’âge d’or.

Cette grande épopée humaniste a aussi un aspect très colonialiste, assez représentatif de la vision de l’époque : comme dirait l’autre, c’est le blanc qui fait rentrer l’Afrique dans l’histoire, comme si le continent ne pouvait exister que parce les sociétés occidentales l’ont reconnu à travers des cartes.

Au-delà de cet aspect (à remettre dans son contexte, bien sûr), le film est assez beau, surtout par les portraits qu’il dresse de ces aventuriers transformés à jamais par un continent noir fascinant. Livingstone bien sûr, mais aussi l’ambassadeur amoureux et détruit par cette Afrique qui a fait de lui un vieillard avant l’heure.

Henry King peut surtout se reposer sur la prestation toute en nuance et particulièrement intense à la fois de Spencer Tracy, formidable en Stanley, ce journaliste d’un autre temps qui passe des contrées sauvages de l’Ouest américain (dans une étrange séquence d’ouverture) à celles si semblables et si différentes de l’Afrique.

L’acteur, flanqué d’un Walter Brennan déjà haut en couleur dans le rôle de son « éclaireur », n’a pourtant jamais mis les pieds en Afrique pour ce film, tourné en studio avec en fond des images filmées sur place (par Otto Brower). Le procédé est habilement utilisé, mais donne aussi un côté très fabriqué, nuisant quelque peu à l’atmosphère.

Paradoxalement, la séquence de « tribunal » de Stanley face aux scientifiques qui doivent juger de la véracité de ses propos, elle aussi très hollywoodienne et qui permet de faire de grands discours forcément humanistes, est d’une belle intensité. Plus que beaucoup de scènes africaines qui s’étirent un peu trop et s’attardent parfois gratuitement sur les paysages.

• Le film vient d’être édité parmi neuf autres productions de la Fox (des curiosités, pour la plupart), dans la collection Hollywood Legends.

Duel au soleil (Duel in the sun) – de King Vidor (et William Dieterle, Otto Brower, B. Reeves Eason, Chester Franklin, Josef Von Sternberg, Hal Kern et William Cameron Menzies) – 1946

Posté : 22 mai, 2014 @ 2:07 dans 1940-1949, BROWER Otto, DIETERLE William, EASON B. Reeves, FRANKLIN Chester M., KERN Hal, MENZIES William Cameron, VIDOR King, VON STERNBERG Josef, WESTERNS | Pas de commentaires »

Duel au soleil

Signé King Vidor, ce monument du western est sans doute, avant tout, l’œuvre du producteur David O. Selznick, comme Autant en emporte le vent quelques années plus tôt. Duel au soleil est en tout cas un exemple extrême mais passionnant de ce qu’était la paternité d’un film durant la grande époque des studios hollywoodiens. Vidor, qui a fini par quitter le tournage (au très long cours) suite à ses innombrables désaccords avec Selznick, a certes réalisé la plus grande partie du film. Mais il n’est pas le seul réalisateur à y avoir travaillé : William Dieterle en a probablement réalisé une partie non négligeable, tout comme Otto Bower. Et d’autres ont réalisés quelques scènes, ou quelques plans : William Cameron Menzies, Chester Franklin, Hal Kern, B. Reeves Eason, et même Josef Von Sternberg.

Mais les décisions, c’était bien Selznick qui les prenait, transformant peu à peu ce qui devait être un petit western tragique et romanesque en une immense fresque démesurée, que le producteur voyait comme le pendant westernien de Gone with the wind. Une œuvre marquée par la fascination que le producteur avait pour son actrice – et fiancée – Jennifer Jones, magnifiée et d’une sensualité torride tout au long d’un film gorgé de soleil, de désir et de sang.

C’est la quintessence du grand spectacle. Avec ce film, Selznik et Vidor (même s’il ne peut être considéré comme l’auteur du film, le réalisateur a donné une forme aux visions du producteur) ont pris le parti de ne pas tourner le dos aux poncifs hollywoodiens, mais au contraire de les prendre à bras le corps et de les élever au rang de grand art. On a ainsi droit à des couchers de soleil d’un rouge éclatant, à une musique tonitruante et romantique (partition impressionnante de Dimitri Tiomkin), à des histoires d’amour à mort…

A la vraisemblance, producteur et réalisateurs préfèrent le spectaculaire, transformant la moindre scène en ce qui pourrait être l’apothéose du film. Une séquence aussi anodine que l’arrivée de Pearl (Jennifer Jones) dans le ranch devient un passage grandiose à la Rebecca (une autre production Selznick). Un simple gros plan de Joseph Cotten et sa fiancée (Joan Tetzel) devient un grand moment de cinéma : la caméra ne bouge pas, mais le train sur lequel ils se trouvent se met en route et s’éloigne, transformant le gros plan en un beau plan large…

Tout est exagéré dans le film : chaque éclairage, chaque plan, les vastes mouvements de caméras qui soulignent l’ampleur de l’entreprise (la scène du saloon au début du film, l’arrivée du chemin de fer, la grande fête dans le domaine…), la présence de centaines de figurants dans certaines scènes, les émotions, les situations, les sentiments, et même ce final mythique qui flirte constamment avec le ridicule.

Sauf que rien n’est ridicule bien sûr, et tout est sublime, déchirant. Bouleversante, l’histoire de cette métisse, Pearl, tiraillée entre sa volonté de mener une vie honnête auprès du gentil frère (Cotten) et son désir presque animal pour cet autre frère rustre et brutal (Gregory Peck), luttant entre le modèle de ce père droit et aimant mort pour sauver son honneur (Herbert Marshall) et l’héritage de cette mère aux mœurs légères qui couchait avec le premier venu.

De ce western à l’histoire finalement assez classique, Selznick & co tirent une sorte de tragédie shakespearienne bouleversante qui est aussi un condensé magnifié de ce que sait faire l’usine à rêve hollywoodienne. Ce n’est pas un hasard si le casting réunit à la fois de jeunes stars en vogue des années 40 (Jennifer Jones, Gregory Peck, Joseph Cotten), et des mythes des premières années d’Hollywood (Lillian Gish, Harry Carey, Lionel Barrymore). Une somme, et un chef d’œuvre…

 

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