La Nuit avance (La Noche avanza) – de Roberto Gavaldon – 1953
Belle découverte décidément que ce Roberto Gavaldon, dont le cinéma romanesque et engagé frappe fort. C’est le cas de cette Nuit avance, à la fois très inspirée par le cinéma hollywoodien, et très mexicain.
Hollywoodien, parce que Gavaldon signe ce qui ressemble fort à un film de boxe, dans la lignée de Nous avons gagné ce soir ou Le Champion. A ceci près que la pelote basque remplace la boxe. Ce qui assure un spectacle nettement plus inattendu : le sport n’est pas celui qui a le plus marqué l’histoire du cinéma. Ce n’est d’ailleurs pas le plus cinégénique, mais les longues séquences qui lui consacrées contribuent à planter le décor, et à la montée de la tension.
Mexicain, parce que le film est une critique acerbe de la société mexicaine d’alors avec son machisme dominant, sujet fort que Gavaldon aborde frontalement, donnant le rôle principal à une sorte de prototype de macho, odieux et dominateur, qu’incarne un Pedro Armendariz qui ne fait rien pour le rendre sympathique.
Choix audacieux, quand même, de construire un film autour d’un type aussi détestable, qui méprise violemment tous ceux qui l’entourent ou qu’il croise, ses collègues de sport comme ses conquêtes féminines.
Il n’y a d’ailleurs pas grand monde de vraiment attachant dans ce film. Les hommes sont dominateurs et manipulateurs. Les femmes sont au mieux soumises. Pourtant, une grande humanité se dégage du film, qui doit sans doute à la personnalité du cinéaste, dont l’engagement transparaît dans cette histoire tragique d’une chute annoncée.
Un vrai film de boxe, sans boxe. Et un vrai manifeste anti-machisme.