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X-Files, aux frontières du réel (The X-Files) – saison 11 – créée par Chris Carter – 2018

Posté : 23 août, 2018 @ 8:00 dans 2010-2019, BANKER Carol, CARTER Chris, FANTASTIQUE/SF, HOOKS Kevin, MORGAN Darin, MORGAN Glen, TÉLÉVISION, VAN ALLEN Benjamin, WONG James, X-Files | Pas de commentaires »

X-Files Rm9sbG93ZXJz

Episode 1 : La vérité est ailleurs, 3e partie (My struggle III)

Il ne faut que quelques secondes pour avoir la confirmation de ce qu’on pensait depuis deux ans, et le fameux cliffhanger qui concluait le dernier épisode de la saison 10, le pire de toute la série : oui, Chris Carter nous prenait bien pour des cons.

On ne voyait pas où il allait ? Eh bien lui non plus. Mais la bonne nouvelle, c’est qu’il se tire plutôt habilement de l’impasse dans laquelle il se trouvait, avec un retournement de situation tiré par les cheveux et tellement énorme qu’on n’y aurait jamais pensé, mais aussi, finalement, assez brillamment retors.

Avec ce premier épisode, le troisième volet de La Vérité (long arc mythologique qui ouvre et referme les deux saisons de ce revival), Chris Carter recentre le fil rouge sur William, le fils disparu de Scully et Mulder, et redonne du souffle à ses personnages. Il était temps. En plus, le tandem Einstein/Miller, copie rajeunie et fadasse de Scully/Mulder est réduit à de quasi-figuration. On ne s’en plaindra pas.

Tout n’est pas parfait : l’écriture est parfois discutable, à commencer par les dialogues. Et Carter confirme qu’il est devenu un metteur en scène pénible, avec une tendance maladroite de « faire moderne », avec des scènes d’action pleines de ralentis et au montage syncopé.

Quant à la voix off de Mulder, façon Philip Marlowe, elle laisse dubitatif, tout comme ses plans énamourés sur la Jaguar conduite par Duchovny (Carter en aurait-il eu une en cadeau pour service rendu?).

Un premier épisode imparfait, donc. Mais en tournant le dos à la démesure grotesque ébauchée dans la saison 10, la série retrouve un peu de son ADN. De quoi donner furieusement envie de voir la suite…

Episode 2 : Une vie après la mort (This)

Plein de suspense, ce premier loner, qui flirte avec la mythologie et avec quelques figures des saisons passées. A commencer par Langly bien sûr, l’un des Lone Gunmen, mort depuis la saison 9, mais qui apparaît au-delà de la mort sur le portable de Mulder… Une apparition qui, pour le coup, respecte l’esprit de la série, et le personnage lui-même. Bien plus en tout cas que la calamiteuse « apparition » sous acide de la saison 10.

Surtout, cet épisode annonce ce qui sera une constante de cette saison 11 : la relation entre Scully et Mulder est centrale. L’épisode s’ouvre d’ailleurs sur une image toute simple qui en dit beaucoup sur cette relation : les deux agents sont assis côte à côte devant la télé, alors que la soirée semble bien avancée. Ajoutez mystère, parano, action (avec une poignée de scènes franchement explosives)… On n’en demande pas plus à la série !

Episode 3 : Les jumeaux diaboliques (Plus one)

Depuis combien de temps n’avions-nous pas eu droit à un vrai loner à l’ancienne, avec ses morts mystérieuses dans une petite ville paumée ? Et celui-ci est très réussi, en particulier parce qu’il n’essaye pas d’être autre chose qu’un simple suspense, sans incidence sur la direction que prendra la série par la suite.

Voilà donc Scully et Mulder dans une ville où plusieurs personnes se sont suicidées après avoir affirmé être harcelées par leur double. Un parfait mélange d’humour et de suspense, la relation Scully/Mulder une nouvelle fois centrale… Chris Carter, au scénario, prouve qu’il a gardé la main quand il lâche ses ambitions trop grandes pour lui.

L’épisode permet aussi de retrouver une actrice qui accompagne la série quasiment depuis ses débuts : Karin Konoval, que l’on avait vue en voyante dans Voyance par procuration (saison 3), puis en mère monstrueuse dans La Meute (saison 4), deux chefs d’œuvre. Elle est une nouvelle fois excellente dans un double rôle effrayant.

X Files Saison 11 Plus one

Episode 4 : L’effet Reggie (The lost art of forehead sweat)

L’épisode décalé de la saison, presque une tradition, que l’on doit à Darin Morgan, l’un des scénaristes qui ont su le mieux insuffler de l’humour dans la série. Cet épisode-ci est assez brillant, au moins sur le papier, réinventant à sa manière le passé de la série.

Un homme affirme être le partenaire de Mulder et Scully, que ces derniers auraient oublié à cause d’un mystérieux « they » qui joue avec la mémoire des gens.

Et on le voit au côté du duo dans quelques scènes extraites d’épisodes célèbres d’autrefois, joyeux exercice de style entre nostalgie et jeu de massacre.

Les dialogues sont excellents, et même si le principe sonne parfois comme un passage obligé, cette parenthèse trouve sa place au côté d’épisodes devenus mythiques comme Le Seigneur du Magma ou Voyance par procuration (saison 3), tous deux écrits par un certain Darin Morgan.

Episode 5 : Ghouli (id.)

Voilà un épisode qu’on attendait depuis… 16 ans ! Enfin, William, le fils perdu, évoqué en creux depuis le revival de la série, est au cœur de l’histoire. Pas dans un épisode ouvertement mythologique, encore que la vraie mythologie de cette saison 11, plutôt que la nouvelle conspiration qu’on oublie dès qu’on en a parlé, concerne peut-être bien le destin de William.

L’épisode n’est pas toujours convaincante. Le montage syncopé rend le truc un peu pénible par moments. Mais James Wong réussit tous les passages importants. Ce qui est la moindre des choses, certes.

Le personnage de William, inattendu forcément, est très excitant. Et la scène où Scully, qui le croit mort, se livre devant son corps inanimé, est bouleversante : une nouvelle occasion pour Gillian Anderson de rappeler qu’elle est une actrice magnifique.

Quant à la dernière scèe, pirouette belle et émouvante, elle est pleine de promesses pour la suite.

Episode 6 : Le retour du monstre (Kitten)

Franchement éclipsé dans la saison 10 (sans même parler du deuxième film à, Skinner retrouve enfin la place qui était la sienne à la fin de la série originale. Ce dont on se réjouit, même s’il y a d’emblée un problème dans l’écriture du scénario.

Visiblement anxieux de retrouver la clé du succès, Chris Carter ne fait pas que des bons choix, reconnaissons-le. Franchement, comment peut-on croire que Mulder doute encore de la loyauté de Skinner, comme il le faisait « à la belle époque » de la série ? Et pourtant…

Cela dit, cet épisode remet un peu les choses à leur place, et s’inscrit dans une lignée d’épisodes dont Skinner et son passé au Vietnam occupent la place centrale. Le résultat est étonnamment simple et modeste, retour au thème basique de la paranoïa, avec une économie de moyens et d’effets qui, au final, fait plutôt mouche.

Le personnage, central, interprété par Haley Joel Osment (le gamin de Sixième Sens et A.I. a bien changé) est à la fois intriguant, et pas totalement crédible. Mais les seconds rôles sont excellents, à commencer par le shérif débonnaire.

Quant à nos héros, ils paraissent un peu las, mais c’est dans les détails que se trouve le vrai plaisir : les regards entendus que se lancent Mulder et Scully, l’excitation de Mulder à l’évocation d’un monstre, et la mine réjouie de Scully devant le plaisir de son compagnon. Mignon…

X-Files saison 1 My struggle

Episode 7 : Rm9sbG93ZXJz (id.)

La réussite d’X-Files vient aussi de sa capacité à surprendre en cassant régulièrement ses propres codes. C’est le cas de cet épisode au titre pour le moins intriguant, qui commence par une longue séquence quasi-muette dans un restaurant japonais hi-tech où Scully et Mulder sont attablés. Seuls.

Seuls, ils le restent d’ailleurs jusqu’à la toute dernière minute, dans cette critique amusée et gentiment effrayante du monde hyper-connecté. Si l’épisode est quasiment muet, c’est qu’il n’y a plus besoin de parler dans cet univers-là, où les plats sont cuisinés et servis par des robots, où les taxis n’ont plus de chauffeurs, où les livraisons se font par drones…

La charge n’est pas neuve, mais la manière dont Glen Morgan traite le sujet et inscrit la série dans son époque, est réjouissante. A travers Scully et Mulder, c’est la propension de l’humain à se replier sur lui-même et à se couper du monde qui apparaît. Nos deux héros eux-mêmes s’oublient presque l’un l’autre, obnubilés qu’ils sont par leurs écrans.

Même leur sexualité respective est abordée. Et là encore, c’est la solitude qui s’impose, avec le joli masseur vibrant de Scully, et ce coup de fil d’une mystérieuse Wendy que reçoit Mulder…

Morgan s’amuse avec ses jouets, et cite au passage quelques grandes figures de robots du cinéma, de Planète interdite à Terminator 2. Typiquement le genre de réussite qui prouve qu’X-Files a encore sa raison d’être…

Episode 8 : Les forces du mal (Familiar)

Une petite ville pleine de petits secrets, des enfants victimes de meurtres apparemment sataniques, des sous-bois inquiétants… Pas de doute, X-Files renoue avec ses racines les plus profondes, et il le fait plutôt bien, avec une modestie et une sincérité qui font mouche.

C’est tout l’intérêt d’avoir une saison (un peu) rallongée, et tout le regret de se dire que c’est (sans doute) terminé : débarrassée de la nécessité d’aller vite, la série retrouve enfin son ADN. Cet épisode, pur loner bien flippant, et un dérangeant, fait partie des franches réussites de cette onzième mouture.

Scully et Mulder semblent retrouver leur soif d’autrefois. Chaque plan pourrait être d’une saison précédente, comme si tout était pensé pour rendre hommage au passé de la série. Mais le plaisir simple prime, jamais gâché par une quelconque tendance à l’hommage trop respectueux.

Incidemment, l’épisode parle aussi de la société d’aujourd’hui, et de l’impossibilité de l’oubli : ce personnage de prédateur sexuel condamné ad vitam pour un acte pour lequel il a purgé sa peine permet d’aborder le fameux droit à l’oubli que refuse la société hyper connextée.

X-Files à l’écoute de la société actuelle ? Ce n’est pas si courant, même dans les premières saisons de la série…

Episode 9 : Rien n’est éternel (Nothing lasts forever)

Un épisode banal… et indispensable !

Interdit aux moins de 16 ans, il nous rejoue le mythe de la jeunesse éternelle, à travers l’histoire d’une actrice d’il y a bien longtemps qui a trouvé un truc bien dégueu pour rester jeune. On a déjà vu ça ailleurs, et cette vengeuse qui dégomme tout ce petit monde au sabre bricolé avec du matériel religieux n’est pas crédible une seconde, malheureuse tentative de « faire dans le coup ». Bref, côté histoire, cet épisode est l’un des plus faibles de la série.

En revanche, la relation entre Scully et Mulder est une nouvelle fois formidable, émouvante et drôle à la fois dans sa manière d’évoquer le temps qui passe, à travers la presbytie (et le regard amusé) de Scully.

C’est la force de cet épisode : malgré les tentatives de renouer avec les recettes d’autrefois, la série tient compte du temps qui passe et de ses effets, et a bien conscience que rien n’est plus vraiment pareil.

En renouant avec la foi de Scully, le show se recentre sur l’essentiel. Et en abordant le temps passé, il se tourne vers un possible avenir, et propose ce qui aurait pu être une belle conclusion à l’ensemble de la série.

Episode 10 : La vérité est ailleurs, 4e partie (My struggle IV)

Du quatrième volet du « grand œuvre » de Chris Carter, que le revival de la série portait comme une croix depuis le tout premier épisode de la saison 10, on n’attendait pas grand-chose, si ce n’est une réponse à cette interrogation : ce probable ultime segment du show (ever) allait-il offrir une bonne conclusion ?

Pas franchement confiant, durant une grande partie de l’épisode. Malgré quelques bonnes choses, et une émotion assez présente, le style Carter est décidément agaçant, avec ses rebondissements tirés par les cheveux et sa visible appréhension des moments creux. Le montage trop serré, les dialogues approximatifs… Pas que du bon là dedans.

Pourtant, in fine, et en dépit des sorts indignes réservés à Skinner et à (la pauvre) Monica Reyes (grand ratage de ce revival), les dernières minutes sont belles. Bien sûr, confiant en une (très hypothétique) suite, Carter ne se ferme aucune porte. Mais vraiment aucune. Mais en resserrant l’intrigue sur Scully et Mulder plutôt que sur une nouvelle conspiration mondiale, il offre effectivement une conclusion belle, émouvante, inattendue et digne.

Et prouve définitivement que, quelles que soient les bonnes idées piochées ça et là dans cette saison 11 de bon niveau (et dans la précédente, nettement plus imparfaite), l’alchimie qui existe entre Scully et Mulder est la grande force de ce revival, et de toute la série, monument indétrônable dans mon cœur.

Ne me reste plus qu’à me refaire l’intégrale ! 218 épisodes et 2 films m’attendent…

* Voir aussi la saison 1, la saison 2, la saison 3, la saison 4, la saison 5, le premier film, la saison 6, la saison 7, la saison 8, la saison 9, le deuxième film et la saison 10.

X-Files, aux frontières du réel (The X-Files) – saison 10 – créée par Chris Carter – 2016

Posté : 7 avril, 2016 @ 8:00 dans 2010-2019, CARTER Chris, FANTASTIQUE/SF, MORGAN Darin, MORGAN Glen, TÉLÉVISION, WONG James, X-Files | Pas de commentaires »

X Files saison 10

Huit ans depuis le deuxième film, treize ans depuis la fin de la série, quinze depuis le départ de Mulder des affaires non-classées…Dire que les fans de la première heure (j’ai déjà dit que j’en étais ?) étaient excités à l’idée de retrouver le couple qui a révolutionné l’univers des séries télé est un doux euphémisme. Rien que pour ça, pour cette attente fébrile du fan depuis la toute première rumeur de retour, cette dizième saison méritait d’exister.

Maintenant qu’elle est là, maintenant qu’elle a été vue, le verdict est pour le moins mitigé. Ce retour était-il mérité ? Oui, sans hésitation : retrouver Scully et Mulder, renouer avec le sous-sol du FBI, rouvrir les X-Files… Tout ça a évidemment un arrière-goût de madeleine, mais pas seulement : cette saison est plus qu’un simple prolongement.

Il y a le temps qui est passé bien sûr. Mulder le dit lui-même (dans l’épisode 3) : il est désormais un homme d’âge mur. Physiquement, il a d’ailleurs bien changé. Son visage un peu empatté, un peu engoncé même, semble fatigué. Et cette fatigue apparente, après avoir fichu un petit coup au moral du fan de toujours, donne une profondeur supplémentaire au personnage.

Scully aussi a quinze ans de plus. Toujours superbe, mais terriblement grave cette fois, ne s’autorisant que quelques parenthèses plus légères (dans l’épisode 3 toujours, la caution humoristique de cette nouvelle saison). Et pour cause : le souvenir de William, cet enfant qu’elle a eu avec Mulder (mais comment ???), est omniprésent dans la première partie de la saison. Les faux souvenirs montrant les moments que Scully et Mulder auraient pu partager avec lui semblent d’ailleurs être l’unique raison d’être de Les Enfants du Chaos (épisode 2).

Ce sont en tout cas les plus beaux moments de l’épisode : ce premier loner, prévu pour être l’épisode 4 (l’ordre de diffusion ayant été changé au dernier moment) n’est par ailleurs guère convaincant. Inutilement complexe, cet épisode ouvre également bien des portes, qui ne mènent finalement pas bien loin. Scully et Mulder ont repris du service, mais tout cela paraît étrangement désincarné, et monté à la serpe.

Cette impression apparaît dès le début de l’épisode 1 (La Vérité est ailleurs 1ère partie). Ce bon vieux générique passé, et une fois assimilé le plaisir des retrouvailles, ce montage hyper-serré saute aux yeux et surprend. Et sa conséquence surtout : un rythme qui ne prend pas, et une atmosphère qui n’a jamais le temps de s’installer.

Drôle de sensation, vraiment, qui ne laisse que des spéculations : ces épisodes ont-ils été écrits et préparés à l’arrache ? Ou cette forme de mini-saison est-elle trop étriquée pour l’imagination et l’ambition de Chris Carter ? Six épisodes ne suffisent sans doute pas pour instaurer une nouvelle mythologie comme il le fait, développer les nouveaux rapports entre Scully et Mulder (qui ne sont plus en couple, à propos), et offrir une poignée de monstres de la semaine et un épisode décalé.

On sent bien que Carter a voulu à tout prix remplir son cahier des charges, quitte à faire tenir dans le seul premier épisode toutes les infos qu’il a en tête. « Back in the days », pour reprendre une expression qui reviendra souvent dans cette courte saison, cela aurait demandé au moins un double-épisode. Inimaginable dans une saison si courte. Mais plutôt que de faire des choix, Carter tranche. A la hache. D’où un sentiment très étrange.

Les idées lancées ne sont pas mauvaises, mais l’atmosphère qui a fait la légende de la série ne prend pas vraiment. Les scènes se succèdent à toute vitesse… mais sans rythme, rendant l’intrigue difficile à suivre, et les personnages parfois incompréhensibles. Du coup on se désintéresse un peu de la nouvelle mythologie, des doutes de Mulder, pour ne plus regarder que le couple qui n’en est plus un, les ravages du temps et des remords sur leurs regards…

Et que dire de la réouverture des X-Files, espérée depuis tant d’années par les fans, et expédiée par un simple texto de Skinner (de retour lui aussi), et par une simple phrase du Smoking Man (de retour d’entre les morts) qui renvoie à une époque bénie pour la série… Un retour officialisé dans l’épisode 2 par la voix de Skinner hors champs, rajoutée au montage pour faire raccord, lorsque l’ordre de diffusion a été modifié. Tout ça sonne un peu cheap…

Finalement, il faut attendre Rencontre d’un drôle de type (épisode 3) pour retrouver le vrai, grand plaisir d’X-Files. Cet épisode « décalé » n’atteint pas les sommets de Prométhée Post Modern (saison 5) ou Le Seigneur du Magma (saison 3). Et il y a là un petit côté « passage obligé » qui manque de naturel. Mais pourquoi bouder son plaisir : Mulder retrouve sa flamme, Scully sa présence et son regard, et l’alchimie entre eux-deux est bien de retour, lors d’une séquence de motel qui rappelle les premières heures de la série…

Et Darin Morgan (scénariste et réalisateur) réussit à nous surprendre alors qu’on pense connaître toutes les ficelles de la série, avec cette variation amusante sur le thème du loup-garou, critique rigolarde de l’espèce humaine. Duchovny, qui paraissait par moments un peu momifié jusqu’alors, renoue avec son humour et une autodérision toute personnelle, s’amusant de son âge, et de son rapport avec les nouvelles technologies. La course-poursuite avec smartphone est assez hilarante.

Pour continuer sur cette belle lancée, Esprit vengeur (épisode 4) est une merveille, écrite et réalisée par Glen Morgan (le frère du précédent, également scénariste et réalisateur). C’est le meilleur « monstre de la semaine » (une créature qui apparaît mystérieusement, écartèle ceux qui profitent des sans abris, et disparaît tout aussi mystérieusement), et à vrai dire le meilleur épisode de la saison. Et de loin.

Mais c’est aussi un épisode intime et bouleversant, qui confronte Scully à un nouveau drame familial, et évoque joliment le souvenir de William, le fils de Scully et Mulder, confié à une famille d’adoption dans la saison 9, et qui hante constamment cette saison 10 d’où toute innocence semble bannie.

La relation entre Scully et Mulder se retrouve également au centre de l’épisode. Désormais, c’est le poids des souvenirs qui est le ciment de cette relation, et plus l’hypothèse de ce qui pourrait advenir.

Babylon (épisode 5), écrit et réalisé par Chris Carter, est plein de bonnes idées… mais se révèle à la limite du nauséabond, avec cette manière inexcusable de traiter le terrorisme contemporain avec un mélange de gravité (un peu) et de dérision, évacuant en deux plans le thème du racisme quotidien à peine ébauché, et résumant l’intégrisme religieux assassin à « des gosses manipulées » qu’on ne peut pas accuser de tous les maux.

Aborder un tel sujet était courageux. Carter lui-même ne l’avait d’ailleurs pas eu à la fin de la série originelle, n’évoquant jamais le 11 septembre alors que la saison 9 s’est achevée en 2002. Mais il foire totalement cette séance de rattrapage, et de la pire des façons qui soit.

Si encore l’aspect paranormal était passionnant, mais non : il se résume à Mulder avalant des champignons hallucinogènes pour communiquer avec l’un des kamikazes qui a pu être maintenu en vie… D’où lui vient cette idée ? Et pourquoi ? Et comment ? Don’t ask me… Du grand n’importe quoi.

Cela dit, il y a quelques passages bien sympathiques, à condition de les isoler du contexte : Mulder sous acide, Duchovny retrouve sa cool attitude légendaire. Mais même là, Carter profite de cette occasion pour faire revenir les Lone Gunmen, le temps de quelques plans muets et sans grand intérêt. Totalement frustrant et agaçant.

Cet avant-dernier épisode introduit un jeune couple d’agents du FBI, sorte de copie-conforme en plus jeune (et nettement moins charismatique) de Scully et Mulder, qui semble devoir prendre de l’importance dans la série : ils joueront également un rôle majeur dans le dernier épisode, tout comme Tad O’Malley, le lanceur d’alerte grâce à qui Scully et Mulder sont revenus dans l’épisode 1. Et leur présence trop… présente a un effet pervers : nous priver des face-à-face entre Scully et Mulder, qui restent le meilleur atout de la série.

Dans l’ultime épisode (La Vérité est ailleurs, 2ème partie), Carter fait brièvement revenir Monica Reyes (Annabeth Gish), pas bien servie la pauvre. On aurait aimé la voir jouer un rôle plus central… Avec Doggett, grand absent de cette saison 10. On retrouve la même ambition et les mêmes défauts que dans l’épisode 1. La mythologie avance vite, trop vite, trop fort, trop loin. Si bien que jamais cette histoire de contamination mondiale et d’ADN alien ne passionne comme passionnait la mythologie originale, si complexe soit-elle.

Cette dizième saison est, et de loin, la plus faible de toutes. Globalement une vraie déception. Et pourtant, les portes ouvertes sont assez prometteuses, au bout du compte. Scully et Mulder ont encore beaucoup à (nous faire) vivre ensemble. Et ce cliffhanger de folie ne peut pas rester sans suite : finir là-dessus serait, pour le coup, absolument impardonnable.

* Voir aussi la saison 1, la saison 2, la saison 3, la saison 4, la saison 5, le premier film, la saison 6, la saison 7, la saison 8, la saison 9, le deuxième film et la saison 11.

 

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