Play it again, Sam

tout le cinéma que j’aime

Archive pour la catégorie 'SCOTT Ridley'

Thelma et Louise (Thelma & Louise) – de Ridey Scott – 1991

Posté : 24 mars, 2023 @ 8:00 dans * Thrillers US (1980-…), 1990-1999, SCOTT Ridley | Pas de commentaires »

Thelma et Louise

Cinq minutes, max. C’est ce qu’il faut à Ridley Scott pour faire ressentir au spectateur ce qu’est le quotidien d’une femme bridée, brimée, privée de sa liberté et de son libre-arbitre. On a beaucoup parlé du souffle de Thelma et Louise, de la dernière image inoubliable, ou de l’apparition d’un Brad Pitt tout minot et capable de faire virer sa cuti au plus macho des hétérosMais tout ça ne rend pas forcément justice à la première qualité de ce film : celle d’être profondément féministe, dans ce que ce terme a de plus révolté.

Louise, Susan Sarandon, serveuse aimée par un loubard un peu frimeur et maladroit, mais désespérément sincère (Michael Madsen, cabot très cinégénique), définitivement abîmée par un vieux traumatisme dont on ne peut que deviner (sans guère de doute) la nature destructrice. Thelma, Geena Davis, épouse docile et aliénée d’un sale con castrateur, qui ne voit en elle que la brave domestique qui va lui préparer les petits plats qu’il mangera ou pas, selon son bon-vouloir…

Ces deux-là décident de s’évader le temps d’un week-end, qui ne tardera pas à virer à la débandade, ou à la rédemption, c’est selon. Après tout, l’une comme l’autre est foutue, marquée par le destin, par les hommes. Ridley Scott a plutôt l’image d’un cinéaste couillu et très masculin. Ce qui ne l’a jamais empêché d’offrir des rôles très forts, très émancipés, à des femmes : Sigourney Weaver dans Alien, Demi Moore dans A armes égaleset bien sûr Geena Davis et Susan Sarandon, qui trouvent là les rôles de leur vie.

Autour d’elles, les hommes sont pour la plupart des ordures, ou au mieux des parasites. Les rares exceptions ne peuvent que rêver d’un rôle qu’ils pourraient jouer dans ce drame, dont ils ne sont au fond que des spectateurs tristement passifs : Madsen, donc, et Harvey Keitel, flic compréhensif dont le regard est une sorte de synthèse de celui du spectateur devant l’écran. Son humanité ne peut que se liquéfier face au drame qui se noue

Il y a le fond, et il y a la forme. Elle est belle et discrète, la forme. Sans grandiloquence franchement marquée, Scott souligne mine de rien le passage psychologique de ses deux héroïnes, cette bascule vers un sentiment de profonde liberté, de délivrance, qui prend les attraits mythiques car très cinématographiques des grands espaces américains, du Grand Canyon, de Monument Valley, des couchers de soleils spectaculaires.

C’est l’imagerie de l’Ouest sauvage, d’avant les frontières, que Scott invoque, comme représentation du refus tardif de Thelma et Louise de subir l’asservissement des hommes. Et c’est une splendeur visuelle, en plus d’être bouleversant. Ridley Scott a fait plus spectaculaire (Blade Runner avant, Seul sur Mars après), rarement plus humain et universel que cette ode sensible et désenchantée à la liberté, à la fin tout de même inoubliable.

Alien, le 8e passager (Alien) – de Ridley Scott – 1979

Posté : 24 décembre, 2020 @ 8:00 dans 1970-1979, FANTASTIQUE/SF, SCOTT Ridley | Pas de commentaires »

Alien

Il fait toujours son petit effet, ce premier Alien. Côté trouille comme côté mise en scène, on peut affirmer que les nombreuses suites ou dérivés (innombrables) n’ont jamais fait mieux que ce film fondateur, qui continue à être aujourd’hui encore une sorte de mètre-étalon à la fois du film de science-fiction et du film de monstre.

Ridley Scott lui-même est revenu tardivement à cet univers, mais il y a dans ce premier film (son deuxième en fait, après le très remarqué Duellistes) une simplicité et une radicalité inégalables. A vrai dire, Alien reste sans doute le chef d’œuvre d’un cinéaste qui sera par la suite souvent débordé par ses envies de grandeur.

Ce n’est pas le cas ici, au contraire. Les premières images du vaisseau qui semble défiler au-dessus de la caméra ressemble au plan d’ouverture de Star Wars, sorti deux ans plus tôt. Un clin d’œil sans doute pas anodin : Scott prendra le contre-pied systématique de la saga spatiale de George Lucas.

Aux décors épurés et lisses, et aux costumes immaculés de son prédécesseur, Scott préfère un vaisseau crasseux et plein de recoins sombres et enfumés, et des personnages suants et sales, fumant et jurant. Loin des Stormtroopers et d’un Dark Vador cachés derrière masques et armures déshumanisantes, Scott fait naître la terreur d’une menace organique sans fard…

Pas ou peu d’effets faciles dans Alien (allez… les apparitions toutes dents dehors du chat quand même, sans doute pas indispensables, en tout cas pas à répétition). Scott nous fout la trouille avec l’invisible, le temps long, l’attente, et de longs gros plans sur des visages luisants de sueur.

On a tout dit sur l’accouchement traumatisant de Kane (John Hurt). Même après dix visions, ce passage garde toute sa force. Il n’est pas le seul. La découverte des œufs, Dallas (Tom Skerrit) traquant l’alien dans les boyaux du Nostromo, le regard paniqué de Lambert (Veronica Cartwright), Brett (Harry Dean Stanton) découvrant la peau du bébé alien… Autant de moments que l’on connaît par cœur, mais qui continuent à faire flipper.

Et puis il y a Ripley bien sûr, grand personnage et grande interprétation de Sigourney Weaver, impressionnante à la fois de dureté et de fragilité, d’une intensité folle.

Black Rain (id.) – de Ridley Scott – 1989

Posté : 8 juin, 2019 @ 8:00 dans * Thrillers US (1980-…), 1980-1989, SCOTT Ridley | Pas de commentaires »

Black Rain

C’était quand même très bien, le cinéma de Ridley Scott, avant que le gars ne prenne le melon. Aujourd’hui, je suis tout surpris quand, par hasard, je tombe sur l’un de ses films qui me procure un vrai plaisir (Seul sur Mars). Il y a quelques décennies de ça, il enchaînait les films mémorables avec une envie de cinéma qui emportait systématiquement l’adhésion. C’est le cas avec ce polar presque banal sur le papier, mais totalement réjouissant.

Pour le coup, Scott se la joue presque humble, même, revendiquant ouvertement la parenté de son film avec Yakuza, que Sydney Pollack a réalisé quinze ans plus tôt, et dont il reprend l’un des acteurs principaux, Ken Takakura, dans un rôle comparable. Il y joue un policier japonais chargé de chaperonner deux flics américains qui ont laissé échapper le dangereux prisonnier qu’ils escortaient, joués par Michael Douglas (tout juste oscarisé pour Wall Street) et Andy Garcia (qui n’allait pas tarder à connaître l’apogée de sa carrière avec Le Parrain 3).

Pourtant, c’est à un film d’un tout autre genre que Black Rain fait furieusement penser : à Blade Runner, le chef d’œuvre de Ridley Scott, dont ce polar nerveux reprend en partie l’esthétique, et la vision de la mégalopole absolue que représente ici Tokyo. Sept ans après, c’est comme si Scott imaginait une sorte de prolongement de son classique de la SF dans l’univers du polar contemporain.

C’est esthétisant à souhait, avec ses néons omniprésents et ses volutes de fumée. Mais loin de se cantonner à un exercice de style qui aurait pu être vain, ce mélange des genres s’avère fascinant, et d’une efficacité redoutable. Ces images envoûtantes et parfois presque irréelles soulignent parfaitement le sentiment que ces deux flics sont des intrus dans cette société japonaise dont ils n’ont ni les manières, ni les codes.

Cette confrontation des cultures n’a rien de nouveau. De French Connection 2 à L’Année du Dragon, le polar est même un genre idéal pour développer ce thème. Mais il y a derrière l’esthétisation extrême du cinéaste une efficacité absolument imparable, qui éclate lors d’une séquence particulièrement tendue – et traumatisante – de mise à mort dans les couloirs déserts d’un centre commercial.

Black Rain est un pur polar, rien de plus au fond. Et cette modestie sied parfaitement à un Ridley Scott, jamais aussi bon que lorsqu’il s’attaque au film de genre, sans chercher à réaliser son grand-œuvre définitif. Le film est d’ailleurs souvent oublié lorsqu’on évoque sa filmographie. Injustement : Black Rain fait partie de ses plus grandes réussites.

Seul sur Mars (The Martian) – de Ridley Scott – 2015

Posté : 11 juillet, 2018 @ 8:00 dans 2010-2019, FANTASTIQUE/SF, SCOTT Ridley | Pas de commentaires »

Seul sur Mars

Mais qu’arrive-t-il à Ridley Scott dans son grand âge ? Un soudain sursaut d’humanité ? Lui qui a un tout petit peu tendance à se prendre énormément au sérieux et à enchaîner les films lourds et boursouflés depuis… eh bien depuis Gladiator, disons, livre un film humain et léger. Le plus léger de sa filmographie depuis… à peu près toujours.

Aussi inattendu que cela puisse paraître, Scott signe même un authentique feel-good-movie, aux antipodes d’Interstellar par exemple, autre grosse production sortie à peu près à la même époque, et qui, elle, souffrait lourdement du syndrome dit « du-cinéaste-qui-se-prend-au-sérieux » (Nolan en l’occurrence, que j’aimerais tant voir revenir à un cinéma plus simple et viscéral ; mais ça n’a rien à voir avec Seul sur Mars, on est d’accord).

Seul sur Mars, donc, avait tout de l’idée un peu foireuse : un astronaute est laissé pour mort sur Mars par ses co-équipiers qui ont dû recoller fissa vers la Terre. Mais le gars n’est pas mort (sinon, où serait le film?), n’a aucun moyen de contacter ses copains, et se retrouve avec des vivres très limités. Lourd ? Plombant ? Grave ? Que nenni…

L’homme a un moral d’acier, une intelligence hors du commun, et pas mal de ressources en sa qualité de botaniste. Il finit donc par réussir à faire pousser des pommes de terre grâce à son caca, et s’installe peinard en attendant la prochaine mission. Enfin presque. Parce que, oui, c’est plus compliqué que ça, les emmerdes vont se succéder, il y aura de la peur, du suspense, du découragement… Bref, de l’émotion.

Et quel bonheur de suivre les petites victoires de Matt Damon, seul sur Mars, et à l’écran la plupart du temps, qui redécouvre les joies simples des petites choses. Un peu comme Ridley Scott finalement, qui aura eu besoin de s’exiler à des centaines de milliers de kilomètres de la Terre pour signer son film le plus humain depuis des lustres. Et se rappeler que, finalement, le cinéma pouvait aussi, simplement, rendre heureux…

Cartel (The Counselor) – de Ridley Scott – 2013

Posté : 5 novembre, 2014 @ 2:23 dans * Thrillers US (1980-…), 2010-2019, SCOTT Ridley | Pas de commentaires »

Cartel

Loin de ses grandes productions souvent dominées par le bruit et la fureur, Ridley Scott se glisse totalement dans l’univers de Cormac McCarthy, co-producteur du film, qui signe ici son premier scénario original. A vrai dire, l’écrivain sort d’une quasi pré-retraite, puisque son dernier roman (La Route qui lui a valu le prix Pulitzer) remonte à 2006. Depuis, McCarthy a atteint une autre dimension, avec l’adaptation de son dernier livre, et surtout celle de No Country for Old Men.

Cartel évoque souvent le film des frères Coen : on y retrouve les grandes étendues du désert américain, une violence viscérale et des personnages totalement déglingués. Mais la parenté entre les deux films reste relative, et trompeuse comme l’est la participation de Javier Bardem. L’acteur en fait beaucoup, comme souvent, mais ses apparitions renvoient immanquablement au personnage de No country… qui lui colle à la peau, et dont on a du mal à l’en dégager.

Ce n’est sans doute pas le choix de casting le plus heureux de ce film à l’affiche impressionnante : Brad Pitt en trafiquant de drogue trop détaché (des retrouvailles avec Scott, qui lui avait donné son premier petit rôle marquant dans Thelma et Louise), Cameron Diaz en croqueuse de diamants qui révèle peu à peu une complexité inattendue, et Penelope Cruz cantonnée à un rôle de jolie fiancée douce et sexy.

Mais c’est une nouvelle fois Michael Fassbender qui impressionne par sa présence et sa capacité à donner une intensité à tous ses personnages, aussi difficiles soient-ils. On s’en était rendu compte avec son rôle de négrier ignoble dans 12 year’s a slave, et même avec celui de l’androïde dans Prometheus, le précédent Scott : Fassbender est l’un des plus grands acteurs du moment.

Son talent éclate dès la première scène, longue étreinte amoureuse très dialoguée, dont on sent que McCarthy a voulu faire un grand moment brillant et irrévérencieux, qui l’était sans doute sur le papier, mais qui semble horriblement artificiel à l’écran. Fassbender, pourtant, y est particulièrement juste, capable de sortir les dialogues les plus improbables avec une conviction qui emporte l’adhésion.

C’est en tout cas le principal défaut du film : on sent que McCarthy s’écoute écrire, multipliant ces dialogues décalés à la Tarantino qu’il étire souvent inutilement. Le résultat, c’est une première heure qui manque de rythme et qui peine à donner corps aux personnages, d’autant qu’on reste constamment loin de l’action, comme si le trafic de drogue dont on ne voit que le voyage d’un camion, fil rouge qui revient constamment, était un cadre irréel sans rapport direct avec ces personnages.

Mais cette approche est le cœur même du film, et illustre parfaitement le destin de Fassbender, avocat qui se laisse attirer par l’argent facile de la drogue, sans réaliser que les choix qu’il fait dans des décors chaleureux et confortables l’entraîneront inexorablement dans un monde de violence dont il ne pourra plus se sortir, sans plus rien en maîtriser.

Dommage que cette première moitié soit si longue. Car dans la dernière partie, implacable, les défauts du film s’estompent et disparaissent, pour illustrer magistralement cette irruption soudaine, brutale et irrésistible de la violence. Finalement, c’est une pure trame de film noir que McCarthy choisit, tout en livrant une vision réaliste et dérangeante du monde de la drogue.

Son univers sombre et bousculant sied parfaitement à Ridley Scott, qui signe sa mise en scène la plus sobre (et même élégante par moments, si si) depuis des années. Sobre et d’une efficacité imparable : on ne sort pas indemne de cette descente aux enfers qui laisse un goût de souffre…

• DVD chez Fox, avec une poignée de documentaires promotionnels et les bandes annonces d’autres films en vente.

Prometheus (id.) – de Ridley Scott – 2012

Posté : 2 décembre, 2013 @ 5:38 dans 2010-2019, FANTASTIQUE/SF, SCOTT Ridley | Pas de commentaires »

Prometheus

Dans le premier Alien, en 1979, Ripley et ses compagnons du Nostromo découvraient un mystérieux vaisseau spatial échoué sur une planète très lointaine, avec à son bord une espèce de canon dirigée vers le ciel, et une forme de vie dont les personnages ne se remettront pas, pas plus que les spectateurs.

Il aura donc fallu attendre plus de trente ans pour en savoir plus sur ces apparitions qui ont traumatisé des générations de spectateurs. En lançant le projet de Prometheus, Ridley Scott voulait d’ailleurs réaliser un prequel d’Alien, qui fut son deuxième film après le remarqué Duellistes. L’idée a rapidement été abandonnée : ce premier Prometheus se veut le point de départ d’une nouvelle mythologie. Mais quand même, le film fait plus que prolonger l’univers d’Alien : il en donne quelques clés et explications.

Les plus grands plaisirs qu’apporte le film tiennent d’ailleurs tous de leur attachement à la mythologie d’Alien : la terrifiante séquence des œufs, qui cite ouvertement celle du film originel ; et celle, magistrale, où apparaît enfin le xénomorphe (l’alien) assis sur le fameux canon. Comme si le film n’existait que pour ces moments-là.

Pour le reste, Prometheus n’apporte quand même pas grand-chose à la gloire de Scott, qui recycle en grande partie des idées déjà utilisées dans Alien. L’histoire reprend grosso modo les mêmes rebondissements, et le héros est toujours une héroïne, entourée de mecs gorgés de testostérones. Il nous refait même le coup de la grossesse soudaine, évacuée cette fois en une poignée de minutes, lors d’une séquence quand même assez traumatisante avec Noomi Rapace, clone plutôt convaincante de Sigourney Weaver.

Prometheus est plus spectaculaire, les effets spéciaux plus impressionnants, les décors plus grands, l’enjeu plus extraordinaire (découvrir l’origine de l’humanité, rien de moins)… Tout est « plus », ici. Pourtant, le vaisseau crasseux d’Alien, ses lumières blafardes entourées par l’obscurité, et tout ce qu’on n’y voyait pas, avaient quelque chose de nettement plus effrayant et marquant que ce Prometheus un peu trop sage et attendu.

Ridley Scott n’est pas un bras cassé, alors son film est assez passionnant. Mais il lui manque ce petit quelque chose en plus qu’on espère bien trouver dans la suite, déjà annoncée.

Lame de fond (White Squall) – de Ridley Scott – 1996

Posté : 3 septembre, 2012 @ 2:25 dans 1990-1999, SCOTT Ridley | Pas de commentaires »

Lame de fond

Des adolescents un peu perdus, dans l’Amérique trop conservatrice des années 60, trouvent un sens à leur vie grâce à un mentor anti-conformiste. Mais l’expérience tourne au drame… Pas de doute, il y a quelque chose du Cercle des Poètes Disparus dans ce White Squall. Mais Ridley Scott n’est pas Peter Weir, et forcément, il y a du grand spectacle dans cette variation sur un thème qui a connu un gros succès inattendu quelques années plus tôt. Hélas pour Scott, les voies du public sont impénétrables, et alors que l’anti-spectaculaire film de Weir avait triomphé, le souffle du grand large de son propre film n’a pas séduit grand monde : Lame de fond est sans doute le plus oublié de tous ses films (avec Legends, peut-être ?).

C’est bien injuste, parce que Lame de fond supporte largement la comparaison avec d’autres films unanimement salués du plus vieux des frères Scott (Gladiator, pour ne citer que celui-là). Dans ce film certes imparfait, il parvient à ressusciter un esprit d’aventure qui rappelle par moment les films de Raoul Walsh : lorsque le bateau quitte enfin le port après de longs préparatifs, on pense même au moment, magique, où le voilier de Gregory Peck prend enfin le large dans The World in his arms. Peut-être cette ressemblance est-elle fortuite, mais ce souffle épique et cette liberté du grand large appartiennent bien à une époque révolue, celle de l’âge d’or d’Hollywood.

L’aventure de ces adolescents rebelles, qui vivent l’aventure sur le bateau école de Jeff Bridges, est émaillée de rebondissements, anodins ou spectaculaires, qui loin d’être répétitifs, contribuent tous à enrichir les relations entre les personnages. C’est sans doute la grande force du film : raconter la naissance d’un vrai groupe à partir d’individualités très différentes. C’est parfois un peu maladroit (l’apprentissage de la lecture au jeune le plus dur), mais le plus souvent intelligent et fin.

Et bien sûr, la mise en scène de Ridley Scott est ample et d’une efficacité irréprochable. Elle se marie parfaitement avec la présence puissante et magnétique de Jeff Bridges, acteur génial incapable d’être ne serait-ce que moyen. Dans un rôle tout de même un peu stéréotypé, il emporte tout sur son passage, tout en mettant en valeur les jeunes acteurs à ses côtés. Un grand numéro.

Blade Runner (id.) – de Ridley Scott – 1982

Posté : 17 novembre, 2010 @ 2:27 dans 1980-1989, FANTASTIQUE/SF, FORD Harrison, SCOTT Ridley | 2 commentaires »

Blade Runner (id.) - de Ridley Scott - 1982 dans 1980-1989 blade-runner

Bien sûr, il y a un côté un peu kitsch dans certaines scènes ; bien sûr, rien ne vieillit aussi mal que les ordinateurs et les machines des films de SF (à part peut-être les téléphones et les lunettes, ouais, mais il n’y en a pas ici) ; bien sûr, la musique de Vangelis fait très 80′s (même si elle tient plutôt bien le coup)… Mais on a beau l’avoir vu et revu, Blade Runner reste un film énorme. Visuellement, malgré quelques fautes de goût par ci, par là, c’est une véritable splendeur : Ridley Scott, qui sortait du dépouillement extrême d’Alien (une autre réussite qui passe bien l’épreuve du temps), signe une œuvre baroque et fascinante. Il réussit là où beaucoup de cinéastes ont échoué dans l’histoire de la SF : créer un univers à la fois futuriste et innovant, mais ancré dans la réalité du moment. La vision de cette mégalopole sombre et fourmillante « fait vrai » : on sent le poids de cette vie déshumaniser, l’aliénation de ce monde où l’individu n’est rien, la crasse et la puanteur des quartiers mal famés… Scott le fait comprendre sans jamais appuyer la charge : les hommes et femmes qui sont restés sur Terre plutôt que d’aller vivre dans « les colonies » sont des laissés-pour-compte, sans avenir, ni présent. Et certains, en plus, n’ont même pas de passer.

Film de SF ? Film noir ? Drame ? Film social ? Film d’action ? Blade Runner échappe à toutes les catégories. C’est un peu tout ça à la fois, mais c’est surtout le film du désenchantement, un film qui trimballe une nostalgie et un mal-être absolument abyssaux. On a évidemment beaucoup parlé de l’aspect visuel du film, reprochant même souvent à Ridley Scott d’avoir privilégié la composition de ses cadres plutôt que l’aspect dramatique de son film. Mais c’est un jugement un peu injuste : la plus grande réussite du film, ce sont les personnages, formidablement écrits, et interprétés. Là encore, on a dit beaucoup de bien de Rutger Hauer, et à raison : son « méchant » d’anthologie possède une humanité terriblement émouvante, qui éclate dans une séquence finale magnifique, où Scott évite consciencieusement de tomber dans le spectaculaire à outrance. La performance de Sean Young aussi, a souvent été vantée : sorte de poupée de porcelaine confrontée au pire des drames, elle est effectivement très touchante.

Mais la prestation de Harrison Ford a souvent été mésestimée. L’acteur est pourtant la vraie âme de ce film. Ford n’était pas heureux sur le tournage de ce film : il n’appréciait vraiment ni le ton du film, ni les méthodes de travail de Scott. L’état d’esprit dans lequel il se trouvait alors l’a sans doute aidé dans son interprétation : Ford a tendance à ne pas mentionner Blade Runner lorsqu’il évoque sa carrière, mais Dekkard est bien l’un de ses rôles les plus mémorables. Sorte de privé miteux, héritier sans panache de Sam Spade, Dekkard a une vie de merde, et n’hésite pas à abattre sa proie en lui tirant dans le dos. Dans ce rôle à l’opposée d’Indiana Jones, Harrison Ford est génial, aussi intense lorsqu’il mange ses nouilles sans ressentir le moindre plaisir, que lorsqu’il se prépare à mourir, trop las pour continuer à lutter contre son adversaire.

Il est de toutes les meilleures scènes, et c’est grâce à lui, surtout, que Blade Runner vieillit aussi bien…

Robin des Bois (Robin Hood) – de Ridley Scott – 2010

Posté : 12 octobre, 2010 @ 6:27 dans 2010-2019, SCOTT Ridley | Pas de commentaires »

Robin des Bois (Robin Hood) - de Ridley Scott - 2010 dans 2010-2019 robin-des-bois-2010

Dix ans tout juste après, Ridley Scott retrouve son héros de Gladiator, Russell Crowe, pour un film qui semble vouloir renouer avec la recette gagnante du précédent… Et franchement, on craint le pire. Mais le pire n’arrive pas. Le meilleur non plus, d’ailleurs, mais ce Robin des Bois version 2010, à défaut d’être la plus enthousiasmante des nombreuses versions du mythe, est sans aucun doute la plus brutale, et la plus réaliste. C’était d’ailleurs l’ambition de Scott : en finir avec les images d’Epinal, et filmer l’Angleterre de l’époque telle qu’elle était (Crowe, lui, affirme plus simplement que le film est le seul bon « Robin des Bois » de l’histoire… c’est qu’il ne se mouche pas du pied, le Russell…).

Alors oui, ce Robin des Bois est différent de tous les autres. Finis les collants verts moulants d’Errol Flynn, ou la précision presque magique de Kevin Costner à l’arc… Russell Crowe est un Robin comme on ne l’a jamais vu. D’ailleurs, s’il vole bien aux riches pour donner aux pauvres, c’est dans une unique scène : ce Robin-là n’a pas l’insouciance de ses prédécesseurs. Tel un William Wallace (Braveheart) ou un Maximus (le héros de Gladiator, tiens…), celui-ci se bat pour la liberté de son peuple, et n’hésite pas à tuer pour cela. Il faut dire que le gars a un rude passé. Survivant des Croisades, où il a combattu aux côtés du « bon » roi Richard Cœur de Lion (dont l’aura en prend un sacré coup aussi, d’ailleurs… on est loin de l’apparition presque angélique de Sean Connery à la fin de Robin des Bois, prince des voleurs), Robin y a commis des horreurs, qui continuent à le hanter.

Tirant définitivement un trait sur les précédentes versions, Scott fait même de son héros… un usurpateur : Robin Locksley (Loxley, en fait, ici) est un autre soldat, tué à son retour des Croisades. Le personnage de Russell Crowe accepte simplement de prendre sa place, pour assurer à la veuve de Loxley de pouvoir rester propriétaire de son château. Ne vous attendez d’ailleurs pas à voir Robin camper au sommet d’un arbre, ou dormir à même le sol dans la forêt : c’est au coin du feu, dans un château luxueux (pour l’époque, hein) que notre héros passe ses nuits, au côté de sa fausse épouse dont, bien sûr, il tombera amoureux : l’incontournable Lady Marian (qui avait déjà des allures de garçon manqué dans la version Kevin Costner, mais qui devient ici carrément une guerrière).

Ce Robin des Bois est assez réussi, avec quelques séquences très fortes, une interprétation au poil (il a beau être imbuvable, Russell Crowe, il apporte une puissance étonnante à ce Robin des Bois), et malgré un méchant un brin caricatural (franchement, il ne faut pas longtemps pour comprendre que ce prince n’a aucune parole !), des révélations sur le passé du héros franchement lourdingues, et quelques excès de mise en scène (la séquence du débarquement, sortie tout droit de Il faut sauver le soldat Ryan). Lorsqu’il ne se prend pas trop au sérieux, Robin des Bois emporte la mise. D’ailleurs, Ridley Scott finit par le reconnaître dans les dernières minutes : non, il ne voulait pas remettre totalement en cause le mythe de Robin des Bois, juste en poser les bases.

 

Kiefer Sutherland Filmographie |
LE PIANO un film de Lévon ... |
Twilight, The vampire diari... |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | CABINE OF THE DEAD
| film streaming
| inderalfr