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Archive pour la catégorie 'EDWARDS Blake'

Diamants sur canapé (Breakfast at Tiffany’s) – de Blake Edwards – 1961

Posté : 19 novembre, 2021 @ 8:00 dans 1960-1969, EDWARDS Blake | Pas de commentaires »

Diamants sur canapé

Elle est décidément irrésistible, Audrey Hepburn. Irrésistible et unique, mélange d’élégance aristocratique et de fille de la rue, capable de faire passer les plus beaux vêtements de créateurs en tenues de tous les jours… à moins que ce ne soit le contraire. Touchante et écervelée, légère comme le champagne et complexe comme un grand single malt. A voir le film de Blake Edwards, et même à lire le court roman de Truman Capote, impossible d’imaginer qui que ce soit d’autre dans le (beau) rôle de Holly Golightly…

Le livre est un chef d’œuvre. Le film pas mal non plus. Blake Edwards, en mal de reconnaissance après quelques pures comédies sans grande envergure, se laisse parfois emporter par son penchant pour un humour un rien gras. On ne lui pardonne pas, surtout, d’avoir fait du personnage du locataire japonais, photographe irascible et probablement érotomane, une caricature d’Asiatique hollywoodien, sous les traits très grimés et outranciers d’un Mickey Rooney en route libre.

On lui pardonne en revanche les nombreuses libertés narratives prises avec le texte de Capote, même si toutes ont plutôt tendance à lisser le trouble du livre. Mais, hey, c’est une production prestigieuse, le happy-end est de rigueur, et la romance aussi… Inutile de faire la fine-bouche, surtout que la fin, inédite, est assez belle, comme cette jolie scène chez Tiffany’s, ou le personnage de Patricia Neal qui transforme le narrateur, probable homosexuel sans identité dans le livre, en un écrivain édité et gigolo à ses heures. George Peppard est un comédien lisse et sans caractère ? Son choix est plutôt malin, pour un personnage qui est finalement plus témoin qu’acteur dans le livre…

Et il y a Audrey Hepburn, donc, impériale et fragile, dont la première apparition devant la vitrine de Tiffany’s dit bien toute la complexité, toute l’ambivalence même. Un port altier, mais des pauses de gamine. Une chasseuse de dot qui baisse la garde avec beaucoup d’émotion, en retrouvant des années après l’homme simple qui l’a sortie de la misère en l’épousant (à 14 ans). Et le Moon River de Johnny Mercer et Henry Mancini, écrin parfait pour l’actrice.

Certes, le film gomme en grande partie les aspérités des personnages et du récit imaginés par Truman Capote. Sans doute Billy Wilder aurait-il été plus à son aise avec ce récit trouble et politiquement très incorrect. Mais tout de même. La musique est belle, l’enchantement prend, Audrey Hepburn est grande, la fadeur de George Peppard n’a sans doute jamais été aussi bien utilisée, et on a droit à l’un des plus beaux regards baignés de pluie qui soit…

Le Retour de la Panthère Rose (The Return of the Pink Panther) – de Blake Edwards – 1975

Posté : 3 septembre, 2021 @ 8:00 dans 1970-1979, EDWARDS Blake | Pas de commentaires »

Le Retour de la Panthère rose

Onze ans après Quand l’Inspecteur s’emmêle, ce troisième volet de la saga La Panthère rose marque aussi le début de ce qui devait être une fin de carrière largement dominée par l’inspecteur Clouseau, à la fois pour le réalisateur Blake Edwards et pour son interprète Peter Sellers, tous deux n’échappant plus au personnage qu’épisodiquement jusqu’à la mort de Sellers en 1980 (on peut quand même retenir Bienvenue Mister Chance pour l’acteur).

C’est le début d’une sorte de facilité peut-être, aussi, même s’il faudrait revoir les épisodes suivants pour s’en assurer. Ce Retour de la Panthère Rose marque en tout cas une nette régression par rapport à La Party, précédente collaboration du tandem, chef d’œuvre comique dont on sent encore l’influence sur ce film. Le Clouseau de cet opus n°3 doit finalement autant au Hrundi V. Bakshi de La Party qu’au Clouseau de La Panthère Rose version 1964.

Beaucoup de gags reposent ainsi sur l’accent (français ici) improbable de Clouseau/Sellers, au moins autant finalement que sur sa maladresse légendaire. On rit bien sûr, franchement par moments : lorsque Sellers se laisse dominer par un aspirateur, lorsqu’il prend appui avec superbe sur un chariot à roulettes, ou lorsqu’il course sa valise dans une porte à tourniquet… On rit, mais grâce à Peter Sellers lui-même, et à peu près uniquement grâce à lui.

Le scénario, basé sur une nouvelle disparition du plus gros diamant du monde, multiplie les clins d’œil à La Main au collet (avec ce cambrioleur retiré des affaires joué par Christopher Plummer), et surtout à Casablanca (le « Gros », « here’s luking at yu, kid »…). Mais la scène de cambriolage est inutilement longue, et l’histoire n’a finalement aucun intérêt. Même les seconds rôles déjà bien installés semblent de trop : Herbert Lom en inspecteur-chef Dreyfus au bord de la crise de nerf, Kurt Kwouk dans le rôle de Cato, le serviteur porté sur la bagarre… Bof.

Un écrin pour Peter Sellers donc, qui mérite tout de même mieux que cette comédie poussive et datée. Dans mon souvenir, le n°4, Quand la Panthère Rose s’emmêle, était nettement plus convaincant. A vérifier…

La Panthère rose ( The Pink Panther) – de Blake Edwards – 1963

Posté : 2 mars, 2019 @ 8:00 dans 1960-1969, EDWARDS Blake | Pas de commentaires »

La Panthère rose

Peter Sellers est un génie. Blake Edwards non. Ou alors ponctuellement, mais pas là, pas pour ce premier film d’une série interminable, qui occupera pourtant le réalisateur jusqu’à la fin de sa carrière, contraint par le succès immense de ce premier opus. Mais La Panthère rose n’est bien un film que partiellement génial, dont on retirerait volontiers une bonne moitié.

A vrai dire, toute la partie centrale, certes indispensable pour l’intrigue, mais comme l’intrigue n’a pas grand intérêt… A vrai dire, toutes les scènes dans lesquelles ne figure pas Peter Sellers, alias l’inspecteur Jacques Clouseau, policier français aussi persuadé d’avoir un flair hors du commun que maladroit et malchanceux, un type aussi touchant qu’irrésistible dont chaque mouvement est un gag, souvent très drôle…

La beauté de Claudia Cardinale et celle de Capucine aident à résister à la tentation de faire « avance rapide » dès qu’il n’est pas à l’écran, tant on se moque des aventures et des quiproquos de David Niven et Robert Wagner, tonton et neveu qui se découvrent une passion commune pour le vol de bijoux. Aussi classes et souriants l’un que l’autre, mais aussi dénué de surprise.

Le problème du film vient en faire du déséquilibre énorme entre le personnage de Clouseau et les autres, traités avec une absence étonnante d’ambition comique. Blake Edwards le comprendra lui-même, faisant de Peter Sellers la vraie star de ses films suivants. Avec raison, tant l’acteur est l’âme et la raison d’être du film, celui qui lui donne ce petit vent de folie qu’on aimerait voir se transformer en tempête.

Pour être honnête, il y a une scène où cette tempête semble s’approcher : cet extraordinaire ballet des voitures se croisant sans cesse autour d’un vieil homme impassible, qui voit débouler dans tous les sens des véhicules conduits par des gorilles, des hommes en uniforme, voire en armure… Là, l’espace de quelques minutes, le film annonce le ton fou et génial de La Party, le chef d’œuvre du tandem Edwards-Sellers.

Allô, brigade spéciale (Experiment in Terror) – de Blake Edwards – 1962

Posté : 23 mai, 2016 @ 8:00 dans * Polars US (1960-1979), 1960-1969, EDWARDS Blake | Pas de commentaires »

Allô brigade spéciale

La première séquence, absolument scotchante, révèle les secrets du titre (originale) : cette expérience de la terreur, c’est Lee Remick qui va la vivre. Mais c’est aussi le spectateur. Comme Jacques Tourneur vingt ans avant lui (dans L’Homme léopard, notamment), on sent bien que c’est cette volonté de filmer la peur qui a attiré Blake Edwards, qui venait de tourner un Breakfast at Tiffany’s nettement plus conforme à l’idée qu’on se fait de son cinéma, dans ce thriller.

Cette première scène résume à elle seule tous les principes et les qualités du film. Un noir et blanc magnifique, une musique (signée Henry Mancini) sobre qui distille l’angoisse, des personnages à la limite de l’abstraction, et une caméra dont les mouvements (rares) et les cadrages (sobres, à quelques exceptions près) sont d’une efficacité implacable.

Le postulat de départ est simple : une jeune femme rentre chez elle dans la nuit ; à peine sa voiture garée, la porte se referme derrière elle, la laissant dans l’obscurité et le silence, silence bientôt brisé par une lourde respiration… Cette scène garde, 50 ans après, une puissance terrifiante remarquable. Des moments de terreur, il y en a d’autres dans ce film. Mais Edwards (comme Tourneur) a l’intelligence de systématiquement se renouveler. Pas toujours avec la même puissance, mais en tout cas avec une efficacité constante.

On pourrait critiquer la vision un peu idéaliste du FBI : cette manière un peu simpliste avec laquelle Lee Remick, après avoir été menacée par ce mystérieux agresseur (Ross Martin, le sidekick des Mystères de l’Ouest, formidable), tombe dès le premier coup de téléphone sur un super-agent (Glenn Ford, d’une grande justesse) qui comprend immédiatement qu’il a affaire à une menace sérieuse…

Mais cette facilité scénaristique, qui se répète d’ailleurs à plusieurs reprises, est effacée par la manière dont le travail des enquêteurs est filmée. A l’opposée de l’héroïsme individualiste habituel, mais comme un travail de fourmis, qui nécessite des dizaines d’hommes, et d’interminables surveillances.

Dans la manière d’aborder le polar, dans cette manière de filmer l’angoisse… le film de Blake Edwards a quelque chose de résolument nouveau en 1962. C’est pourtant, aussi, un film de cinéphile, qui évoque à la fois Tourneur donc, mais aussi les films noirs réalistes de Mann ou Hathaway, et s’inscrit clairement dans la mouvance de Psychose. La terrifiante scène des toilettes résonne d’ailleurs comme un clin d’œil au film d’Hitchcock.

Experiment in Terror est aussi un film dont les parti-pris assez radicaux inspireront à leur tour d’autres cinéaste. En premier lieu Don Siegel, dont le Dirty Harry reprendra plusieurs idées fortes du film (avec une vision toutefois nettement plus cynique du travail de la police). Jusqu’à reprendre quasiment telle quelle l’ultime scène dans le stade, reprenant à l’identique ces impressionnants plans d’hélicoptère. Un sacré hommage…

* Le film vient de sortir dans la nouvelle collection « Films noirs, femmes en danger » chez Sidonis/Calysta, avec des présentations par Bertrand Tavernier, Patrick Brion et François Guérif.

 

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