Le Roman comique de Charlot et Lolotte (Tillie’s punctured romance) – de Mack Sennett – 1914
• Titres alternatifs (VO) : Tillie’s nightmare, Marie’s millions, For the love of Tillie, Tillie’s big romance
• Titres alternatifs (VF) : Un roman d’amour dégonflé, L’extravagante aventure de Charlot
De tous les films tournés par Chaplin au cours du second semestre 1914, à la Keystone, celui-ci est le seul qu’il n’ait pas lui-même mis en scène. Ce n’est pas la seule particularité de ce film, qui appartient à l’histoire : il est en effet considéré comme le tout premier long métrage comique de l’histoire du cinéma. Côté drame, Griffith était lui-même passé au six-bobines quelques mois plus tôt seulement, avec La Conscience vengeresse.
Bon, son importance historique mise à part, Tillie’s punctured romance n’a pas vraiment de quoi rentrer dans les annales. C’est une comédie tantôt drôle, tantôt poussive, qui porte indéniablement la marque de Marck Sennett : celle que le patron de la Keystone a donnée aux centaines de courts métrages tournés par le studio depuis sa création, deux ans plus tôt.
Dans l’évolution personnelle de Chaplin, ce film est pour le moins anecdotique. Ou plutôt, c’est une parenthèse dans sa construction, de plus en plus précise à cette époque, du personnage de Charlot : Chaplin, ici, joue un rôle de composition totalement différent. Et c’est la dernière fois, en tant qu’acteur, qu’il s’éloigne du personnage de Charlot avant Monsieur Verdoux, plus de trente ans plus tard. Ce personnage-ci ne tue pas des jeunes femmes, contrairement à Verdoux. Il est pourtant bien plus détestable.
Chaplin, avec une petite moustache fine et une redingote élégante, joue un petit voyou fiancé à Mabel Normand, qui décide de séduire l’imposante Tillie pour lui voler ses quelques billets. Le forfait commis, il retrouve sa belle. Mais quand Tillie devient l’héritière désignée d’un richissime oncle, il tente de remettre la main sur le magot…
Tillie, c’est Marie Dressler, totalement tombée dans l’oubli aujourd’hui, mais qui était une grande vedette de l’époque. Cette comédienne gargantuesque avait créé le personnage sur scène, et c’est bien autour d’elle que tourne le film. La filiation entre l’opérette et le film est d’ailleurs clairement revendiqué par Sennett, avec un lever et un tomber de rideau inattendus.